Coupe du monde de football féminin : ce que regardent vraiment les femmes comme sport à la télé

Atlantico.fr : Comparativement aux hommes, les femmes suivent-elles le sport ? Quel sport en particulier?

Emile Leclerc : C’est un fait : les femmes suivent moins l’actualité et les évènements sportifs que les hommes. Dans nos enquêtes, lorsque l’on pose la question "vous intéressez-vous au sport ?", nous constatons des écarts significatifs : 75% des hommes nous disent « oui » contre 55% des femmes [toutes les données de ce papier sont issues du baromètre Odoxa pour Groupama et RTL]. Nous mesurons aussi régulièrement l’intérêt des Français à l’égard de certains sports en particulier et là encore, les écarts sont importants.  Par exemple, 56% des hommes s'intéressent au football, contre 35% des femmes ; sur le tennis aussi : 47% pour les hommes, 29% pour les femmes. A chaque fois, il y a pratiquement moitié moins de femmes qui s'intéressent à un sport que d'hommes pour une discipline donnée. Le genre est donc encore aujourd’hui un facteur déterminant dans l’intérêt pour le sport.

Et pourtant, lorsque l’on mesure la pratique sportive, il n’y a quasiment plus de différences aujourd’hui. Quel que soit leur genre, la moitié des Français s’adonnent régulièrement à une activité sportive. Il reste toutefois encore des disciplines très masculines, comme le football  et d’autres beaucoup plus féminisées comme l’équitation ou la gymnastique.

Les explications à ces fortes disparités sont d’ordre culturel. Dès le plus jeune âge, les garçons sont poussés à faire du sport. Ensuite, une fois adulte, l’actualité sportive est un sujet de discussion entre hommes, beaucoup moins entre femmes. Il suffit de regarder les plateaux télévisés traitant de l’actualité sportive pour s’en rendre compte. Le fait que les femmes sont de plus en plus nombreuses à faire du sport pourrait bien changer la donne. Quand vous pratiquez une discipline, vous avez tendance à vous y intéresser dans sa version professionnelle.

En quoi l'attitude et les comportements des supportrices vous semblent différer par rapport à ceux des hommes ? Dans le foot en particulier ?

Il y a de plus en plus de supportrices dans les stades mais elles restent nettement moins nombreuses que les hommes. S’agissant du football, l’une de nos enquêtes révélait que 57% des Français se déclaraient supporters d’un club de football contre 33% des Françaises. Le différentiel est encore plus flagrant chez les supporters de stade. Seules 1% des femmes nous indiquaient se rendre régulièrement au stade pour 7% des hommes.
Pendant les grandes compétitions, de nombreuses Françaises se muent en supportrices, surtout lorsque l’équipe de France va loin. L’ambiance, le côté festif et la victoire les séduisent. On l’a bien vu l’an passé pendant la Coupe du Monde, il y avait beaucoup de femmes devant les grands écrans.

Il y a fort à parier que lors de la Coupe du monde féminine, les Françaises adoptent un comportement similaire.

Vont-elles regarder la coupe du monde féminine ?

Oui, elles seront nombreuses devant leur poste de télévision. Mais encore une fois, les hommes seront plus nombreux. Interrogés juste avant la compétions, 73% des hommes nous confiaient vouloir suivre la Coupe du Monde contre 53% des femmes. Longtemps, les chaines de télévision ont pensé, à tort, que le sport féminin n’intéressait pas les hommes. C’est faux et c’est même tout l’inverse. Elles le savent aujourd’hui et constatent des audiences importantes pour le football féminin notamment.

Nous aurons l’occasion de mesurer à nouveau ces différents indicateurs d’intérêt pour déterminer si les choses s’harmonisent. C’est un processus lent mais cette Coupe du monde peut faire figure d’accélérateur. La médiatisation est telle que tous les Français sont au courant que se déroule la Coupe du monde de football féminin. Ce n’était pas le cas il y a encore quelques années, même chez des amateurs de sport.