Corée : après 60 ans de contacts interrompus, le récit des retrouvailles de ces familles séparées entre le Nord et le Sud<!-- --> | Atlantico.fr
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Jang Choon fait partie des sud-coréens qui ont obtenu le droit de rencontrer leur famille, au nord. Son dernier contact avec frère date des années 1950.
Jang Choon fait partie des sud-coréens qui ont obtenu le droit de rencontrer leur famille, au nord. Son dernier contact avec frère date des années 1950.
©Reuters

Et pendant ce temps, en Asie

Après quatre années d’interruption, le programme de retrouvaille des familles nord et sud-coréennes a repris en février 2014. Des moments uniques pour ces familles, qui ne se sont pas vues depuis plus de 60 ans, et ne se reverront sans doute plus.

C'était il y a 60 ans, au lendemain d'une guerre qui vit naître les deux Corées, celle du nord et celle du sud. Deux sœurs ennemies qui, en se séparant, divisaient pléthore de familles, emprisonnant certains des membres au Nord, dans ce qui est considéré aujourd'hui comme le pays le plus fermé du monde.

60 ans plus tard, des dizaines de familles se sont retrouvées pour quelques jours, dans des réunions de organisées au mont Kumgang, en Corée du Nord, du 20 au 25 février. Non pas que ces réunions soient une première dans l’histoire des deux pays - le programme a vu le jour en 1985 avant d’être arrêté pendant 15 ans - mais celui-ci avait, à nouveau, été stoppé en 2010. Il faut dire que le bombardement par la Corée du Nord d'une île sud-coréenne située sur leur frontière maritime, et contestée par Pyongyang, avait quelque peu crispé leurs relations. Jusqu’au 18 août dernier, où Pyongyang a annoncé avoir accepté de reprendre les réunions de familles, après d’âpres négociations entre les deux pays.

Jeudi 20 février, 82 Sud-coréens accompagnés d’une soixantaine de membres de leur famille, ont embarqué dans un bus pour la Corée du Nord ; les plus âgés d’entre-eux, qui ont besoin d’une surveillance médicale constante, ont pu voyager en ambulance. Côté sud-coréen, la sélection des familles se fait via un système de loterie pour déterminer qui sera retenu. Côté nord-coréen, la sélection est opaque ; certains dénoncent d'ailleurs l’utilisation politicienne qu’en ferait le régime de Pyongyang.

Au mont Kumgang, 180 proches nord-coréens les attendaient. Des frères, des sœurs, des oncles, des parents ou des cousins dont ils n’avaient pas eu de nouvelles depuis plus d'un demi-siècle.

"C’est compliqué de faire comprendre aux gens ce que l’on ressent après tant d’années de séparation, racontait Lee Du-young à la BBC,un sexagénaire sud-coréen, à quelques heures de se rendre sur le mont Kumgang. Mais c’est un miracle. Je suis rempli de joie. Tout ce qui manque à ma vie, c’est mon frère. Maintenant que je vais pouvoir le voir, je n’aurais aucun regret à mourir demain".

Dans leurs sacs, les Sud-coréens ont emmené des cadeaux pour leurs proches : des vêtements, des photos de famille, des médicaments et de la nourriture. Certains ont apporté des nouilles instantanées.Un cadeau bien maigre pour une population en proie à une famine terrible depuis 30 ans - entre 1996 et 1998, elle coûtera la vie à plusieurs centaines de milliers de personnes.Lee Du-young, lui, a opté pour des biscuits au chocolat, qu’il sait couru dans le pays.

Comme tous les membres du convoi sud-coréen, il a été briefé avant de se rendre de l'autre côté du 38e parallèle, qui marque la frontière entre les deux pays. "On nous a dit de ne pas discuter politique et de ne pas se laisser abuser par la propagande nord-coréenne", a expliqué la sud-coréenne Shin Myung-Soon.

Si les réunions ont vocation à se poursuivre, ce sera avec des familles différentes. Conséquence : les Nord-coréens n’ayant pas le droit de quitter le pays, les retrouvailles sont l’unique moyen pour ces familles de se revoir. Avec la certitude, une fois la réunion terminée, de ne plus jamais se revoir.

En Corée-du-Sud, 72 000 personnes sont sur liste d’attente pour participer à une de ces réunions. La moitié d’entre-eux ont plus de 80 ans.

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