Congrès des maires de France : Hollande, Juppé, Sarkozy, embouteillage de campagnes Porte de Versailles <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
Congrès des maires de France : Hollande, Juppé, Sarkozy, embouteillage de campagnes Porte de Versailles
©Reuters/Charles Platiau

Objectif 2017

Près de 10 000 élus se réunissaient du 31 mai eu 2 juin à Paris, dans un contexte de fronde contre l'Etat.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

Voir la bio »

Une véritable auberge espagnole ce 99e congrès des Maires de France ! Les élus locaux ne s'y seront pas déplacés en vain : ils réclamaient en choeur la réduction, voire la suppression, de la baisse des dotations de l'Etat depuis 2014. Une réduction d'autant plus injuste à leurs yeux que leurs obligations n'ont cessé d'augmenter au cours de la même période, notamment à cause de l'instauration des rythmes scolaires dans les petites communes. François Hollande les a entendus, mais au nom de l'indispensable réduction des déficits et de la dette "qui avaient pris des proportions insoutenables", il a coupé la poire en deux ; ce sera un milliard et non plus deux en 2017. Un ballon d'oxygène pour les communes qui ont souvent réduit, voire abandonné, des projets faute de financement. Les maires obtiennent par ailleurs la reconduction du Fonds exceptionnel (porté à 1,2 milliard) pour l'investissement des communes, dont la moitié sera dévolue aux communes rurales. A cela il faut ajouter la promesse (des opérateurs), qu'en 2017 il n'y aura plus de zones blanches en France pour la téléphonie mobile.

Et puis, François Hollande a marqué la considération qu'il porte à ses ex-collègues, en leur rappelant que "l'identité communale est la matrice de notre identité nationale", et en expliquant que s'il est venu lui-même Porte de Versailles clôturer leur congrès, c'est "pour rendre compte de son action à un an de la fin de son mandat". Il veut les faire juges non sans avoir souligné que les choix antérieurs à son élection n'étaient pas étrangers au tour de vis budgétaire. C'était risqué mais du coup les édiles qui attendaient l'ancien maire de Tulle de pied ferme ne se sont pas livrés à la bronca annoncée. Il faut dire que tout avait été fait pour que la séquence soit bien cadrée avec l'AMF (Association des Maires de France),  présidée par le sénateur maire de Troyes L.R., François Baroin, dont la direction est multipartisane. Les huées ont été limitées au minimum, mais les applaudissements ont été tièdes. Au fond, personne ne se faisait d'illusions. La baisse des dotations était certes sévère, voire injuste, mais les maires qui gèrent leur budget avec parcimonie s'en sont mieux sortis que d'autres. L'ère de la prodigalité des collectivités locales appartient au passé. D'ailleurs les comptables de Bercy sourcilleux de la réduction des déficits à 3% du PIB froissent déjà le nez devant la "générosité" de François Hollande qui pense très fort à la présidentielle de 2017.

Les candidats à la primaire de droite "s'ils sont élus", n'ouvriraient pas davantage la vanne financière. Ils ont tous reçu les maires amis. François Fillon a organisé un cocktail à leur intention mardi soir ; l'ancien maire de Sablé a dénoncé les réformes territoriales sans concertation, déploré l'abrogation du conseiller territorial, mais a reconnu qu'il ne reviendrait pas sur le redécoupage des régions, ni sur celui des cantons... car, explique-t-il, les Français "sont fatigués de tous ces chamboulements" provoqués par les réformes territoriales. Le lendemain, c'était au tour de Nicolas Sarkozy d'inviter les élus au siège du Parti. L'ancien maire de Neuilly s'en est pris au pouvoir actuel "qui donne moins d'argent mais augmente en même temps les responsabilités". De retour au pouvoir, Nicolas Sarkozy  accorderait plus de pouvoirs aux maires en matière de délivrance des permis de construire et pour les polices municipales en matière de sécurité. A l'inverse de ses rivaux, il n'hésiterait pas à prendre la plume et à rayer d'un trait ces lois qui gâchent la vie des maires : "loi ALUR (sur le logement), loi NOTR (redécoupage territorial), ainsi que les rythmes scolaires "Au revoir!" a-t-il lancé, provoquant un certain embarras chez son futur "associé" dans la campagne des primaires, François Baroin. Ce dernier, interviewé sur BFM, a minoré les propos du président de L.R. sur ces sujets. A se demander si, dans le ticket qu'ils s'apprêtent à former, François Baroin n'aura pas en permanence le rôle de modérateur, voire de pompier, après des discours enflammés du candidat Nicolas Sarkozy. Mais ce dernier n'étant pas encore officiellement candidat, il ne pouvait être question pour ses équipes de solliciter les parrainages des maires, et François Baroin était tenu à une certaine neutralité pendant le congrès. La députée européenne Nadine Morano, (qui n'est pas maire mais membre du Bureau Politique de LR), en a profité pour solliciter les élus en vue de sa propre candidature.

Quant à Alain Juppé il s'est, lui, livré à une démonstration de force en recevant les maires qui soutiennent sa candidature salle Wagram ! Et là, petite surprise, ses équipes qui tenaient un guichet pour recueillir de nouveaux soutiens, ont livré une première liste de mille maires qui parrainent la candidature d'Alain Juppé à la primaire de la droite et du Centre de novembre prochain, histoire de montrer que la suprématie du maire de Bordeaux dans les sondages, repose sur  des bases solides. François Bayrou, maire de Pau, a signé ! Au programme du maire de Bordeaux  : "aucun transfert ou nouvelle charge non intégralement compensée ; il veut rétablir les jours de carence pour les fonctionnaires territoriaux, et aimerait que les fonctionnaires territoriaux  passent aux  37H (- et non 32...) hebdomadaire. Il veut surtout prendre le temps de la réflexion avant de proposer un "contrat pluriannuel réciproque", entre l'Etat et les communes. Que du raisonnable ! On l'a compris il n'y aurait pas de grand soir des territoires si la droite revenait au pouvoir en 2017,  juste quelques aménagements, plus de souplesse, moins de normes... et  une grande prudence, car après tout, en cas d'alternance en 2017, c'est la gauche qui aura, contrainte par la crise et dans la douleur, porté un coup d'arrêt aux folies des grandeurs municipales, ce que la droite n'avait pas réussi à faire auparavant...

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !