Conférence sociale : la comédie de la réforme en trompe-l'œil entre gouvernement et partenaires sociaux, acte 3<!-- --> | Atlantico.fr
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Le gouvernement et les partenaires sociaux vont jouer la comédie de la réforme.
Le gouvernement et les partenaires sociaux vont jouer la comédie de la réforme.
©Flickr / YoussCool2010

Editorial

Une fois de plus, l’exécutif ne prendra pas ses responsabilités, en confiant les premiers rôles à des acteurs syndicaux résignés et sans pouvoirs réels.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Alors que la France se met en vacances pour l’été, elle va offrir le spectacle des divisions légendaires de ses corps intermédiaires à l’occasion d’un grand rassemblement la semaine prochaine de ceux qui sont en principe chargés de favoriser la cohésion sociale. Depuis plusieurs jours la fièvre monte dans les rangs syndicaux. On assiste à une surenchère dans les revendications catégorielles comme si chaque camp s’apprêtait à livrer bataille pour éviter de perdre un pouce de son pouvoir et de ses prérogatives, en oubliant totalement les enjeux nationaux.

Le rituel de la conférence sociale va se dérouler selon les procédures habituelles en partant comme toujours de zéro. "On va consulter les Français pour identifier les démarches administratives qui polluent leur vie quotidienne" déclare sans rire le secrétaire d’Etat à la réforme de l’Etat et à la simplification, Thierry Mandon, dans une interview aux Echos. "On va lancer des ateliers afin d’identifier les orientations essentielles sur ce qui relève des missions prioritaires de l’Etat"  et publier un rapport dès le début de l’année prochaine. Un rapport de plus reconnait-il, alors qu’il en existe qui "remplissent  des rayonnages entiers dans les ministères".

De son côté, François Rebsamen, ministre du Travail, toujours dans les Echos, ne se montre guère optimiste. Il faut aller au-delà des "postures" traditionnelles des uns et des autres, souligne-t-il, sinon "il existe un danger de complexifier les  choses au lieu de les simplifier". On sent même percer une sorte de résignation devant la tâche à accomplir et le manque de consensus. Sans remettre le code du travail en question comme le réclame le patronat, il admet "qu'il a besoin d’un toilettage sur certains points", en ajoutant aussitôt que "c’est un chantier extrêmement lourd et compliqué". Bref, on sent au minimum un manque d’enthousiasme, qui apparaît à tous les échelons du pouvoir. C’est François Hollande qui a chargé Manuel Valls de déminer les problèmes. Mais ce dernier a aussitôt mis en avant les partenaires sociaux en leur demandant de traiter entre eux l’ensemble des questions comme si l’Etat entendait seulement jouer un rôle de greffier pour acter les décisions qui seraient éventuellement prises.

Ainsi, l’exécutif ne prend pas ses responsabilités, en confiant les premiers rôles à des acteurs sans pouvoirs réels. Car syndicats et patrons représentent seulement des quasi fonctionnaires d’organisations qui ne peuvent même pas être dépassés par une base qui n’existe pas et qui a seulement le sentiment de financer des permanents syndicaux qui ne défendent pas les véritables intérêts de salariés, qui finissent par se détourner d’eux.

Mais en regardant les partenaires sociaux s’étriper, le pouvoir n’en retire aucun profit. Car il donne l’impression d’être absent, d’ignorer ce qui devrait être sa mission : fixer un cap, offrir une direction. Ce dont il est totalement incapable aujourd’hui et explique sa désaffection dans l’opinion ; tout ce qu’on peut attendre du hollandisme, c’est du pointilisme, des progrès minimalistes sur des points de détail susceptibles de faire consensus. Mais rien de ce dont la France  a besoin aujourd’hui. Une impuissance qui génère la désespérance des Français, que ceux-ci tenteront d’oublier pendant les vacances, mais qui resurgira avec force à la rentrée dans un climat politique qui pourrait bien vite devenir irrespirable.

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