Conférence de l’ONU sur l’Eau à New-York : chronique de 3 morts annoncées <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Environnement
Des habitants du village de Kwatcha pêchent dans le fleuve Niger près de Gaya, à la frontière du Niger avec le Bénin.
Des habitants du village de Kwatcha pêchent dans le fleuve Niger près de Gaya, à la frontière du Niger avec le Bénin.
©BOUREIMA HAMA / AFP

Disparition des fleuves

De multiples menaces pèsent sur les fleuves. Il est urgent d'agir et de les protéger plus efficacement.

Erik Orsenna

Erik Orsenna

Erik Orsenna, de l’Académie française, préside l’Initiative pour l’Avenir des Grands Fleuves (IAGF).

Voir la bio »
Joël Ruet

Joël Ruet

Joël Ruet est économiste, chercheur CNRS au Centre de Recherche en Gestion de l’Ecole Polytechnique. Il a enseigné à l'École des Mines de Paris, à HEC-Paris, à l’université Jawaharlal Nehru (New Delhi, Inde). Joël Ruet a fondé le think tank, The Bridge Tank membre du Think20 du G20 et contribue à ses travaux sur le changement climatique et la finance verte. Spécialiste de l’émergence notamment en Inde, en Chine et en Afrique, ses travaux portent sur la recomposition industrielle et l’économie politique du capitalisme.

Voir la bio »
Hamed Semega

Hamed Semega

Hamed Semega, ancien ministre de l’eau du Mali, est ancien Haut—Commissaire de l’Organisation de Mise en Valeur du fleuve Sénégal (OMVS).

Voir la bio »

Ces trois morts sont des fleuves. Ils s’appellent Sénégal, Gambie et Niger.

Ils sont aussi des noms de pays car sans eux, sans l’apport de leur eau, ces pays vont s’assécher. Et mourir.

Ces fleuves sont enfants d’un même château d’eau, un trésor de la nature, le massif forestier du Fouta Djallon. Un massif généreux de dizaines de sources pour chaque fleuve mais ravagé, chaque année davantage, et qui se meurt dans l’indifférence générale.

Comment ne pas être avec les populations locales, qui ont besoin de bois de chauffe, de nourriture, pâture pour leurs bêtes, tout autant que d’activité économique ? Comment ne pas se saisir régionalement de cet enjeu majeur pour plus de 300 millions d’Africains de l’Ouest nourris par ces fleuves ? Comment ignorer cet enjeu pour la sécurité mondiale : le Fouta Djallon est la véritable profondeur stratégique et écologique du Sahel.

La conférence sur l’eau organisée à New-York du 22 au 24 mars sera l’occasion de lancer l’alerte.

Plutôt que de simplement dresser un constat, nous choisissons la voie des solutions avec un accompagnement réel des populations locales dans leur volonté de revisite de leurs traditions territoriales : nouvelles énergies, nouvelles formes de pâturage, création de points d’eau adaptés. Une organisation différente doit pouvoir émerger, pour une meilleure protection des sources par les communautés.

Les nouvelles technologies et la data (systèmes de captages innovants, satellites d’observation, nouvelles formes d’irrigation en goutte à goutte, généralisation des pratiques agroécologiques sobres en carbone du Sahel, etc..) offrent l’opportunité du partage et de la consolidation des connaissances par de véritables plateformes. Elles doivent être prises en main non pas par des start-ups étrangères mais par les jeunes entrepreneurs africains, au sein d’incubateurs.

Le levier de passage à l’échelle de ces nouvelles dynamiques est la finance, au sens noble du terme, donc la finance « durable » (verte et bleue, ou encore l’échange « dette contre résultats environnementaux »), qui s’appuie sur ces mêmes données géo-localisées sur des centaines de sources et points écologiques.

Instances locales, entrepreneurs environnementaux régionaux, data et finance durable mondiale: c’est une nouvelle coalition transnationale qui doit s’organiser, mettant les communautés au cœur du système, pour prendre en main cette transition, avec des actions concertées entre les pays concernés et avec les organismes de bassins africains.

C’est ce plan de sauvegarde, de sauvetage même, que nous présenterons au siège de l’ONU le 24 mars et pour lequel nous espérons attirer l’attention des décideurs et de financeurs.

Dans « un village dont on ne peut que partir, la pluie ne tombe plus, elle demeure en suspens. Le fleuve est à sec », dit le beau conte du mozambicain Mia Couto, la pluie ébahie. Ne restons ni en suspens ni ébahis : l’avenir de ces trois grands fleuves africains est en jeu.

Erik Orsenna, de l’Académie française, préside l’Initiative pour l’Avenir des Grands Fleuves (IAGF)

Joel Ruet, du CNRS, est économiste à l’Ecole Polytechnique, et préside The Bridge Tank

Hamed Semega, ancien ministre de l’eau du Mali, est ancien Haut—Commissaire de l’Organisation de Mise en Valeur du fleuve Sénégal (OMVS)

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !