Comment vraiment écouter l'autre (et ne pas juste faire semblant)<!-- --> | Atlantico.fr
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Entendre, c'est aussi comprendre.
Entendre, c'est aussi comprendre.
©Reuters

C'est à moi que tu parles ?

Séverine Denis livre quelques conseils pour être plus attentif et comprendre réellement ce que l'on veut vous dire. Extraits de "Improvisez" (1/2).

Séverine Denis

Séverine Denis

Sévernie Denis est une comédienne improvisatrice professionnelle. Elle fait partie des pionniers de l'improvisation en France.

Elle est reconnue comme l'une des spécialistes des techniques d'improvisation et crée des spectacles et concepts d'improvisation en entreprises depuis 20 ans.

Elle est l’auteur du livre « Improvisez » aux éditions Eyrolles.

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Vous êtes-vous déjà demandé comment vous écoutez vos interlocuteurs ? Probablement pas, et c’est un peu normal tant cette attitude se fait, oserais-je dire, automatiquement. Notre ouïe est un sens ouvert à tout vent. On l’oublie souvent, mais c’est parce que nous entendons que nous sommes en équilibre spatial. Quand l’ouïe est perturbée, nous avons des pertes d’équilibre ou des vertiges. Notre conscience auditive se manifeste surtout lorsque le bruit dépasse un certain seuil de décibels et nous agresse ou bien lorsque nous avons un problème fonctionnel passager. Nous retrouvons également notre conscience auditive lorsque nous discutons avec une personne dont la tessiture vocale nous dérange ou lorsque la voix de notre interlocuteur est trop basse ou trop aiguë. Parmi les détails qui nous permettent de nous souvenir d’une personne la voix joue un rôle majeur. Nous nous souvenons plus volontiers d’une personne qui a une voix particulière, qu’elle soit agréable ou non. La singularité d’une tonalité vocale est l’une des signatures personnelles les plus marquantes chez un individu.

D’une façon générale, nous entendons le monde. Entendre, c’est aussi comprendre. « Oui, oui, j’entends bien ce que vous voulez dire » est une expression courante pour assurer à notre interlocuteur qu’on l’a bien compris. Une mère ou un père qui veut faire comprendre quelque chose d’important à son enfant dira volontiers : « Tu as entendu ce que je t’ai dit ? » Il peut donc sembler curieux de s’interroger sur comment on écoute, et pourtant… il y a entendre et écouter. Entendre, nous venons de le voir, on sait tous faire, mais écouter vraiment, c’est une autre histoire.

Nous avons tous déjà observé un chat endormi. Comme beaucoup d’autres animaux, un petit félin qui dort semble plongé dans un sommeil profond et doux. Pourtant, le moindre frémissement sonore le sort immédiatement de son sommeil. L’oreille s’oriente d’abord en direction de la provenance du son puis l’animal ouvre les yeux, tend la tête et oriente ses deux oreilles de façon à affiner son écoute. Il est assez fascinant d’observer cette attitude ultra-sensible chez les chats ou les gros félins. Même lorsque le son est noyé dans un bruit environnemental et que notre propre oreille humaine n’a strictement rien perçu, l’animal, lui, sait parfaitement bien quel infrason lui est parvenu dans le flou reposant de son sommeil. Soyons réaliste, l’humain n’est a priori pas doté d’un système auditif aussi sophistiqué, mais il peut cependant réapprendre à écouter vraiment. En improvisation, nous disons volontiers que l’écoute ça se travaille, et nous allons voir comment procéder dans notre quotidien pour aiguiser ce précieux outil.

Nous disposons de deux attitudes précieuses en matière d’écoute :

● la première consiste à écouter vraiment et complètement ce qui nous est dit lorsqu’il s’agit d’un échange avec autrui, c’est une écoute intelligente ;

● la seconde consiste à écouter à la fois ce que l’on nous dit et l’intention sous-jacente (la VO en quelque sorte) sous les mots exprimés, c’est l’écoute totale. Elle inclut une captation des intentions (non-dits) sous-jacentes.

Pour débloquer une situation, faire avancer un échange ou se désinhiber, nous avons besoin de la seconde attitude. Or, nous nous contentons trop souvent d’écouter selon nos habitudes d’entendement. Voici comment réactiver cette écoute plus large…

L’écoute absolue

À l’occasion d’une discussion au cours de laquelle vous sentez que vous bloquez, prenez conscience de tout votre corps et de votre respiration – cela se fait en pratiquant une sorte de scanner rapide – et vérifiez que vous n’êtes pas en légère apnée. Ne souriez pas, beaucoup de personnes suspendent leur respiration sans s’en rendre compte. Puis, ouvrez largement votre écoute en laissant surgir des images dans votre mental. Laissez votre sixième sens agir. Les images peuvent vous surprendre, ne jugez pas, simplement ressentez.

Comme un félin, mettez-vous en alerte tranquille, prêt à capter ce qui ne s’entend pas en général, les sensations qui se dégagent au-delà des propos. Cela demande un peu d’entraînement, mais si vous vous y tenez, au bout d’un certain temps, vous saurez exactement quelle réponse et quel argument seront les plus adaptés à la situation. Après quelques semaines de pratique, trente secondes vous suffiront pour capter ce qui n’est pas exprimé et qui contribue à bloquer un échange parce que votre inconscient l’a « entendu » !

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Extrait de "Improvisez" aux éditions Eyrolles (7 juin 2012)

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