Comment savoir si vous faites partie de ceux qui ont intérêt à se faire vacciner contre la grippe malgré les inconvénients potentiels<!-- --> | Atlantico.fr
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La campagne de vaccination contre la grippe a été lancée.
La campagne de vaccination contre la grippe a été lancée.
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Même pas mal, qu'ils disaient

La campagne annuelle de vaccination contre la grippe vient de commencer en France. Si ce n'est pas forcément un moment très agréable, il est vivement recommandé de s'y soumettre, surtout si l'on appartient à certaines catégories de population.

Stéphane Gayet

Stéphane Gayet

Stéphane Gayet est médecin des hôpitaux au CHU (Hôpitaux universitaires) de Strasbourg, chargé d'enseignement à l'Université de Strasbourg et conférencier.

 

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Atlantico : La campagne de vaccination contre la grippe a été lancée. Douleurs, fièvre et autres effets secondaires... Le vaccin contre la grippe mérite-t-il sa mauvaise réputation ? 

Stéphane Gayet : Après l’injection d’une dose vaccinale, une petite douleur peut survenir au point d’injection. Ce vaccin produit parfois, en effet, des réactions générales : fièvre modérée, mal de tête, malaise, nausées et douleurs musculaires, autant de symptômes qui évoquent un état grippal modéré. Ces manifestations sont le plus souvent bénignes et de courte durée (un à deux jours, voire trois). Mais cela ne survient que chez un peu plus de 10 % des sujets. D’autres réactions sont possibles, mais restent très rares. C’est dire que la grande majorité des personnes vaccinées ne présentent pas de manifestations désagréables après cette vaccination. En revanche, l’administration du vaccin antigrippal s’effectue en période de diffusion de virus respiratoires autres que le virus de la grippe et non ciblés par ce vaccin : il arrive que des personnes vaccinées attribuent au vaccin grippal des symptômes attribuables en réalité à une infection virale proche de la grippe.

Il faut également parler de l’efficacité du vaccin. Si elle est difficile à déterminer précisément, elle serait de l’ordre de 60 à 90 %, selon les vaccins et les catégories de personnes. Elle diminue chez les personnes âgées et celles qui souffrent d’une maladie chronique.

On peut retenir en résumé que le vaccin grippal constitue une prévention bien tolérée et efficace, s’agissant bien sûr de la vaccination contre la grippe dite saisonnière.

Défenses immunitaires suffisantes, vaccin inutile, maladie bénigne... Quels arguments oppose­riez-vous aux opposants du vaccin ?      

Nous réagissons tous de façon différente à une contamination virale, car nous avons chacun un fonctionnement immunitaire qui nous est propre, fonction de notre hérédité, nos antécédents médicaux, notre mode de vie, notre alimentation… Il est certain qu’un assez grand nombre de sujets contaminés par le virus grippal vont, soit développer une infection discrète et assez peu gênante ou même inaperçue, soit se montrer réfractaires à l’infection. À côté de ces personnes privilégiées et que l’on ne sait pas identifier a priori, beaucoup vont tomber malades et avoir les signes et symptômes de la grippe. Les points de repère de la grippe maladie sont : une fièvre élevée pouvant dépasser 39°5 C, un fort mal de tête, une toux sèche et fréquente, des douleurs musculaires diffuses, une grande fatigue et des sueurs. On admet qu’une personne atteinte de la grippe maladie se trouve dans l’impossibilité de se lever pendant une à deux journées.

En plus de ces formes marquées de la grippe survenant chez des adultes jeunes ou d’âge mûr ayant un état de santé satisfaisant, il ne faut pas perdre de vue que les personnes âgées, celles souffrant d’une maladie respiratoire chronique et plus généralement les sujets très fragiles, ont un risque élevé de développer une grippe grave ou compliquée, pouvant évoluer jusqu’au décès.

Sur une même année, plusieurs souches de grippe peuvent être recensées. La vaccination préserve-t-elle contre toutes ces dernières ?       

Les vaccins grippaux disponibles en France sont préparés chaque année plusieurs mois avant le début de l’hiver. Ils sont composites : leur composition associe en effet plusieurs souches virales inactivées (le vaccin grippal est à virus inactivé ou "mort", terme impropre, contrairement aux vaccins à virus atténué ou "vivant", terme tout aussi impropre, tels ceux contre la rougeole, les oreillons et la rubéole). Le choix de la composition du vaccin grippal de l’année est fonction des souches virales ayant circulé les mois précédents dans d’autres continents comme l’Asie et de celles ayant circulé l’année précédente. Cela procède d’un calcul, d’une estimation des risques liés aux différentes souches virales attendues en Europe de l’Ouest. Il est arrivé que l’estimation soit en partie erronée, d’où un vaccin d’efficacité moyenne à faible cette année-là. Car, pour bien comprendre le virus grippal, il faut savoir que son génome, acide ribonucléique ou ARN, support de l’information et des propriétés virales, est segmenté : il est de ce fait moins stable que celui non segmenté d’autres virus comme le virus Ebola et ce génome grippal se modifie, d’où la nécessité de revoir chaque année la composition du vaccin en fonction des dernières modifications connues des souches virales en circulation.

La grippe fait entre 2 000 et 3 000 morts par an sur le sol français, soit plus qu'Ebola aujour­d'hui. Quelles sont les personnes les plus exposées et fragiles, celles qui doivent être vaccinées en priorité ?  

Les indications du vaccin grippal se précisent d’année en année et sont aujourd’hui assez bien définies. Il s’agit, d’une part, des personnes âgées de 65 ans et plus, d’autre part, des individus, y compris les enfants à partir de l’âge de 6 mois et les femmes enceintes, atteints d’une maladie chronique assez invalidante, dont voici une liste très résumée : affection broncho-pulmonaire évoluée, insuffisance cardiaque grave, maladie rénale sévère, atteinte neurologique lourde, drépanocytose, diabète de type 1 ou de type 2, déficit immunitaire primitif ou acquis.

Sont également concernées les personnes séjournant dans un établissement de soins de suite ainsi que dans un établissement médico-social d’hébergement, et cela, quel que soit leur âge. Ce vaccin s’adresse aussi à l’entourage familial des nourrissons de moins de 6 mois prématurés, atteints de broncho-dysplasie, de cardiopathie congénitale ou de déficit immunitaire congénital.

En milieu professionnel, cette vaccination est également recommandée aux personnes qui sont susceptibles de disséminer le virus : les professionnels de santé et tout professionnel en contact régulier et prolongé avec des personnes à risque de grippe sévère, personnes âgées et autres.

Pour celles et ceux qui revendiqueraient toujours leur liberté à ne pas être vaccinés, quelles mesures simples ou conseils prodiguez-vous pour réduire le risque de contagion ?   

Les mesures d’hygiène microbienne restent de toute façon l’une des règles de prévention universelles, que l’on soit vacciné ou non. Lorsqu’une personne est manifestement enrhumée, fiévreuse ou qu’elle tousse fréquemment, il est prudent de se tenir à distance (plus d’un mètre) et d’éviter tout contact direct. Après un contact non évité, il faut décontaminer la zone cutanée concernée (mains, joues…). Toujours après une possible contamination, mais cette fois par voie respiratoire (aérosol émis lors de la toux), un gargarisme avec une solution antiseptique est une mesure préventive utile.

D’une manière générale, il faut éviter, dans tous les lieux recevant du public et les transports en commun, de toucher les objets en contact avec de multiples mains successives. Bien sûr, après un contact inévitable, il est utile de se décontaminer les mains, comme vu plus haut.

Avoir un flacon de produit hydroalcoolique pour les mains avec soi, dans sa voiture, à la maison, se laver ou se désinfecter les mains avant de les porter à sa bouche et en rentrant à son domicile, sont des attitudes qui vont dans le bon sens et devraient s’intégrer à nos habitudes de vie.

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