Comment savoir si la colonie dans laquelle vous envoyez vos enfants est sûre

Atlantico : Suite à une intoxication alimentaire, un garçon de 8 ans est mort alors qu'il se trouvait en colonie de vacances en Ariège. Comment les colonies de vacances sont-elles surveillées par les pouvoirs publics ? Quelles sont leurs obligations légales ?

Les pouvoirs publics contrôlent les séjours de vacances de deux manières. D'abord en amont, en leur imposant un certain nombre d'obligations légales. Un organisme est ainsi tenu de disposer d'un projet éducatif. Il doit déclarer l'ensemble des séjours organisés au Ministère de la Jeunesse et des Sports. Ces séjours doivent se dérouler dans des lieux agréés pour recevoir un public mineur. L'Etat fixe par ailleurs un taux légal minimum en matière d'encadrement des jeunes. De plus, dès lors que l'on pratique certaines activités spécifiques (baignade, escalade, équitation...), des règles plus strictes s'appliquent.

Ensuite, les pouvoirs publics contrôlent également les organismes pendant les séjours : un inspecteur peut à tout moment se rendre sur un centre de vacances pour vérifier que tout est en règle.

Quelles sont les obligations en matière d'hébergement et d'hygiène ? Comment s'assurer que ces obligations sont respectées ?

Comme précisé plus haut, une commission de sécurité s'assure que les locaux du séjour sont adaptés au jeune public. Sans cet aval, le séjour ne peut pas avoir lieu. Un certain nombre d'obligations s'ajoutent à cela, comme le nombre d'enfants maximum que la structure peut recevoir, le nombre de lits par chambres...

En ce qui concerne la restauration, elle est soumise à des normes strictes. Un cuisinier doit par exemple relever chaque jour les températures de ses frigos, conserver des plats témoins, respecter bien sûr la chaîne du froid et les normes HACCP, et s'assurer de la traçabilité des denrées alimentaires.

De fait, même si ce qui est survenu en Ariège est terrible et ne peut être minimisé, les accidents graves en colonie de vacances sont très rares. Les pouvoirs publics encadrent très fermement les séjours de vacances. Un organisme qui déroge à ces règles s'expose à des sanctions.

Combien de directeur et animateurs une colonie doit-elle avoir afin d'assurer la sécurité et le bien-être des enfants ?

Légalement, tout accueil collectif de mineurs doit compter au moins un directeur pour 100 enfants, et un animateur pour 12 enfants Si les jeunes ont moins de 6 ans, ce taux passe à un animateur pour 8 enfants. Le directeur doit être titulaire du BAFD (brevet d'aptitude aux fonctions de directeur) et au moins la moitié des animateurs doit disposer du BAFA (brevet d'aptitude aux fonctions d'animateur).

Cela est-il suffisant pour assurer la sécurité et le bien-être des enfants ? Oui, dans la mesure où le séjour est bien organisé. Si des problèmes surviennent en colonie de vacances, cela peut tenir à d'autres choses que le taux d'encadrement...

Après, bien sûr, des organismes choisissent d'aller au-delà du taux légal d'encadrement, Mais ce n'est pas seulement pour des raisons de sécurité, mais aussi pour être en mesure de mener un véritable projet avec les jeunes

Qu'est-ce qu'un bon projet éducatif ? 

Il est très difficile de répondre à cette question ! Le projet éducatif est le reflet des valeurs que porte chaque organisme. C'est un ensemble de choix éducatifs. Par exemple, certains organismes insistent sur le fait que l'enfant doit être acteur de ses vacances, et donc choisir ses activités. D'autres vont privilégier la construction d'un projet de fond avec les jeunes.

A Vitacolo, par exemple, nous pensons que le fait de mener un projet tous ensemble permet à chaque jeune de s'intégrer au groupe et d'y trouver sa place. Mais il s'agit d'une conception qui nous est propre. Il en existe d'autres, et heureusement ! Ce qui est important, c'est justement que les familles puissent trouver un organisme dont ils partagent les convictions éducatives. On pourrait conclure tout simplement, en disant qu'un bon projet éducatif, c'est un projet qui parle aux parents.

Existe-t-il un label sécurité ?

A ma connaissance, non. D'ailleurs, cela aurait-il un sens au regard de l'encadrement légal en place actuellement ? Les règles existent déjà. Malgré tout, il faut le dire, le "risque zéro" n'existe pas et n'existera jamais. Quelles que soient les précautions prises, les accidents, même graves, peuvent arriver en séjour de vacances comme ils peuvent arriver à l'école, à son domicile, ou dans n'importe quel autre cadre.

Quels autres conseils donneriez-vous aux parents ?

Tout d'abord, lire correctement le projet éducatif, et comprendre la philosophie éducative de l'organisme. Ensuite, s'assurer des moyens que l'organisme déploie : le centre, le matériel, le nombre d'animateurs et les formations éventuelles qui leur sont dispensées... Pour cela, il ne faut pas hésiter à appeler, y compris pour demander des renseignements sur le projet éducatif. Un organisme sérieux doit pouvoir vous donner des précisions sur tous ces points !

Les familles peuvent également regarder ce que proposent contractuellement les organismes : plusieurs d'entre eux sont très impliqués dans l'éducation populaire, et vont au-delà de ce que demande la loi en matière d'encadrement et de moyens. Certains proposent par exemple des aides au départ, des aides pour les enfants en situation de handicap... Il peut être intéressant aussi de privilégier des organismes qui favorisent le contact direct avec les parents.

Les familles doivent également savoir si elles s'adressent à des organisateurs de séjour de vacances, ou bien à des structures qui vendent les séjours d'autres organismes. Dans le second cas, il est probable qu'on ne pourra pas assurer le même niveau de renseignement.

Enfin, et ce n'est pas un détail, il est important de savoir de quelle manière il est possible de communiquer avec l'organisme et avec le directeur pendant le séjour.

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