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Comment les engagements des collectivités et des entreprises peuvent venir renforcer l’ambition climatique et dessiner un monde neutre en carbone
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Bonnes feuilles

Alors que la France accueille en décembre 2015 la conférence des Nations unies sur le climat (COP21), ce livre apporte les clés pour en comprendre les enjeux et fournit des pistes pour se mobiliser tout au long de l’année. Les auteurs, qui suivent les négociations et y participent de l’intérieur, décryptent les enjeux qui entourent ce sommet décisif pour notre avenir. La « bataille de Paris » n’est pour l’heure ni gagnée ni perdue. Elle se joue en ce moment : dans le cercle des négociations officielles, dans le monde économique et financier, mais aussi dans l’indispensable mobilisation citoyenne. Extrait de "Climat 30 questions pour comprendre la conférence de Paris" de Pascal Canfin et Peter Staime aux éditions Les petits matins (1/2).

Pascal Canfin

Pascal Canfin

Pascal Canfin, ancien ministre du Développement de 2012 à 2014, a contribué à la préparation de la COP21. Il est le conseiller principal pour le climat du World Resources Institute (WRI), think tank classé comme le plus influent au monde sur les questions environnementales depuis trois ans.

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Peter Staime

Peter Staime

Peter Staime participe aux négociations internationales sur le climat depuis plus de dix ans pour le compte de plusieurs réseaux d'experts, en appui aux pays africains et aux petites îles.

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Peut-on encore contenir le changement climatique

Est-il déjà trop tard? C’est la question essentielle. L’année 2014 a été la plus chaude jamais enregistrée, et les émissions mondiales de CO2 n’ont cessé de croître : +2 % encore en 2013. Seule bonne nouvelle à l’horizon: pour la première fois, les émissions liées à la production d’énergie se sont stabilisées en 2014, dans un contexte de croissance de l’économie mondiale de 3%. Pour limiter à 2 °C l’augmentation de la température moyenne de la Terre à la fin du XXIe siècle par rapport à la période préindustrielle, l’inversion de la tendance est indispensable : à partir de 2020, il faudra que les émissions décroissent rapidement, ou il sera vraiment trop tard.

Rester en dessous des 2 °C est toujours possible 

Dans son rapport 2014, le Giec montre qu’il est toujours possible de revenir à une trajectoire de 2 °C. Mais nous avons déjà utilisé plus de la moitié de notre «budget carbone », c’est-à-dire que nous avons émis plus de la moitié des gaz à effet de serre « autorisés » pour respecter cet objectif. Si nous continuons au rythme de ces dernières années, nous aurons émis une telle quantité de GES en 2020 que nous n’aurons plus aucune chance de rester en dessous des 2 °C de réchauffement.

La fenêtre de tir pour échapper à l’emballement climatique est donc en train de se refermer. Il faut agir dès maintenant, car toute décision actuelle conditionne les émissions de demain. Par exemple, toute nouvelle centrale à charbon construite aujourd’hui émettra pendant trente ou quarante ans, produisant des « effets cliquets » qui piégeront les générations futures.

Demeurer en dessous des 2 °C sera difficile, mais il serait tout simplement suicidaire de renoncer à cet objectif, adopté par la communauté internationale à Copenhague, car nous n’aurions alors plus de référence commune pour mesurer l’ambition de l’action climatique. Et les États passeraient sans doute encore une décennie à négocier une nouvelle cible au lieu d’agir.

2015: l’heure de vérité

Peut-on imaginer que sorte de la conférence de Paris un accord avec des niveaux d’ambition suffisants pour revenir aux 2 °C? Nous en aurons une indication vers la fin du mois de juin, lorsque les grands pays émetteurs présenteront leurs contributions nationales, c’est-à-dire leurs engagements de réduction de leurs émissions à l’horizon 2025 ou 2030. Ce sera alors le moment de vérité.

Il est très probable, au regard des premières estimations données par l’Europe, la Chine et les États-Unis –qui représentent à eux troiplus de 50% des émissions mondiales –, que nous nous dirigerons, en ajoutant les objectifs des autres principaux émetteurs, vers un réchauffement de 3,5 °C. Il faudra alors que les leaders politiques revoient leur copie. Est-ce possible ? En Europe, l’objectif adopté par les États membres en octobre 2014 offre une certaine flexibilité puisqu’il vise un objectif d’« au moins » 40 % de réduction des émissions en 2030. Il sera certes difficile de convaincre la Pologne et les États d’Europe de l’Est d’aller au-delà, mais rien n’empêche la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, les pays scandinaves, etc. de décider ensemble d’aller plus loin... à condition que les objectifs américains, notamment, soient également revus à la hausse.

Ce sera largement la responsabilité de la France, en tant que pays organisateur et président de la COP21, que d’organiser ce dialogue et cette négociation. Elle pourrait aussi, afin d’intégrer les nouvelles données scientifiques dans l’accord, proposer d’adopter un objectif de «neutralité carbone » avant la fin du siècle, et vers 2060 pour les pays riches. Ce serait la traduction concrète dans la négociation de l’objectif de 2 °C.

Un accord qui trace le chemin d’un retour vers les 2 °C

Pour mesurer la capacité de l’accord de Paris à nous ramener vers les 2 °C, il faudra aussi regarder au-delà de l’accord lui-même. De nombreux engagements des collectivités et des entreprises peuvent venir renforcer l’ambition climatique et dessiner un monde neutre en carbone. Et les États eux-mêmes peuvent élaborer des politiques qui auront un impact important sur le climat sans être immédiatement traduisibles en «degrés ». Ce sera le cas, par exemple, si une coalition d’États s’engage sur un prix significatif du carbone ou sur une augmentation des dépenses de recherche et développement vertes, qui, paradoxalement, sont moins élevées aujourd’hui qu’après le premier choc pétrolier des années 1970.

Ce qu’il faudra donc évaluer, à Paris, c’est ce que la présidence française nomme l’Alliance de Paris, et non simplement l’accord onusien. Et l’objectif est bien que ce soit une « alliance à 2 °C ».

Extrait de "Climat 30 questions pour comprendre la conférence de Paris" de Pascal Canfin et Peter Staime aux éditions Les petits matins, 2015. Pour acheter ce livre, cliquez ici

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