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La police syrienne montre des drogues et des pilules de Captagon, saisies à la Drug Enforcement Administration de la capitale Damas, le 4 janvier 2016.
La police syrienne montre des drogues et des pilules de Captagon, saisies à la Drug Enforcement Administration de la capitale Damas, le 4 janvier 2016.
©LOUAI BESHARA / AFP

Drogue

Le Captagon est devenu une industrie florissante en Syrie. Le pays serait l'un des principaux narco-Etats au monde.

David Rigoulet-Roze

David Rigoulet-Roze

David Rigoulet-Roze est chercheur associé à l'IRIS et chercheur rattaché à l'Institut français d'analyse stratégique (IFAS) et rédacteur en chef de la revue Orients Stratégiques (L'Harmattan).

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Atlantico : Cela fait désormais dix ans que la guerre civile syrienne a commencé. Le régime de Bachar Al-Assad est toujours là. En revanche, l’économie du pays s’est effondrée et, pour survivre, elle se serait même diversifiée vers le secteur de la production de stupéfiants. Quel type de drogue est-il produit en Syrie ? Est-ce une nouveauté pour la région ?

David Rigoulet-Roze : La drogue a toujours été présente dans la région. Historiquement, elle est rapportée dans la tradition légendaire relative à ceux passés à la postérité sous le nom emblématique d’« Assassins » (ḥašašyīn) désignant une secte musulmane ismaélienne mystique dont les membres sont appelés les Nizarites - une branche dissidente de l’islam chiite ismaélien - active en Perse entre le XIème et le XIIIème siècle. Les « Assassins » recherchaient, disait-on, l’extase dans la drogue offerte en récompense de leurs actions « assassines » contre les ennemis de leur chef mystérieux, un certain Hassan Ibn al-Sabbah, qui se faisait appeler le « Vieux de la Montagne », reclus dans sa forteresse d’Alamut située au Sud-Ouest de la Mer Caspienne. Et la consonance du mot ayant peut-être alimenté une confusion, c’est la raison pour laquelle ils furent qualifiés en arabe d’ḥashshāshīn ou d’ḥashīshiyya, nom qui est communément rapporté au mot ḥashīsh signifiant « herbe séchée », à l’origine du terme hachisch. Le fait est que le hachisch fait partie des drogues cultivées dans la région jusqu’à nos jours. En la matière, la Syrie comme le Liban ont une longue histoire de production de haschich issu du cannabis. La culture de cannabis est principalement centrée le long de la frontière syro-libanaise traditionnellement poreuse. Comme le souligne encore le rapport du Center for Operational  Analysis and Research (COAR) récemment consacré à « L’économie de guerre en Syrie » : « Le haschich en vrac entre dans le Nord de la Syrie via le gouvernorat d’Idleb. Arrivé à Nabul et Zahraa, dans le Nord d’Alep, il est divisé, emballé et marqué. Des sources locales font remonter le haschich aux champs de cannabis dans l’Ouest rural de Homs et dans la vallée de la Bekaa au Liban »[1], les deux régions étant géographiquement connectées via les Monts Qalamoun. Mais on retrouve cette culture dans d’autres régions syriennes, notamment au Sud et à l’Est. Comme le précise encore le rapport du Center for Operational  Analysis and Research (COAR) : « La culture de cannabis est répandue dans le Sud et le centre de la Syrie, avec des champs jouxtant la vallée de la Bekaa [au Liban, NDA]. Des champs supplémentaires sont dispersés dans toute la région côtière à prédominance alaouite, principalement dans les gouvernorats de Tartous et Lattaquié. Dans le Sud de la Syrie, les champs se trouvent dans la région de Lajat de Dar’a et dans le Nord du gouvernorat d’As-Sweida »[2]. La connexion avec la zone littorale et les ports de Beyrouth et/ou de Lattaquié est ici primordiale en matière d’exportation. On peut ainsi rappeler qu’en avril 2020, les autorités égyptiennes avaient intercepté dans le port de Port-Saïd quatre tonnes de haschisch en provenance du port syrien de Lattaquié. La marchandise avait été chargée sur un cargo censé transporter du lait à destination de la Libye qui appartenait à la société Milkman dirigée par Rami Makhlouf, cousin maternel de Bachar Al-Assad et homme d’affaires emblématique qui passe pour avoir un temps contrôlé 60 % de l’économie syrienne jusqu’à sa disgrâce récente, selon le Financial Time[3]. Puis en novembre 2020, deux expéditions de haschich en provenance de Syrie - vraisemblablement depuis le port de Lattaquié - étaient de nouveau saisies : le premier envoi au port d’Alexandrie comprenait deux tonnes de haschich cachées à l’intérieur d’une cargaison de lauriers et le second, dans le port de Damiette, six tonnes de haschich conditionnées dans un conteneur de « palettes en bois ». La région sous contrôle kurde à l’Est n’échappe pas à ce type de pratique illicite : « Le cannabis cultivé dans le Nord-Est de la Syrie est en grande partie consommé sur le territoire de l’Administration autonome du Nord et de l’Est de la Syrie. […] La production à petite échelle a lieu près d’Amuda et de Ya’robiyah, dans le gouvernorat d’Al-Hassaké et le long de l’Euphrate, notamment dans la zone près de Shahil, dans le gouvernorat de Deir-ez-Zor. Selon des sources locales, le site le plus important du Nord-Est de la narco-agriculture à grande échelle se trouve près d’Aïn Al Arab (Kobani), dans le Nord-Est du gouvernorat d’Alep. Le haschich de Kobani est populaire dans le Nord-Est de la Syrie en raison de son prix abordable »[4].

Mais il y a aujourd’hui en Syrie une autre drogue en plein boom que l’on appelle le « Captagon », un psychotrope de type amphétamine qui demeure relativement peu connu en dehors du Moyen-Orient, région qui constitue le principal marché à la fois de production et de consommation de cette drogue à des fins « récréatives », voire pour optimiser la sexualité. Et ce, même si elle a été associée - parfois de manière abusive, même si elle a pu effectivement être utilisée par divers combattants dans la guerre civile - à la « drogue du djihadiste », au motif qu’elle lèverait toutes les inhibitions en favorisant l’agressivité au combat[5]. Les principales destinations de la drogue concernent les pays de la Péninsule Arabique en général et l’Arabie saoudite en particulier puisqu’elle est la première consommatrice au monde[6] de cette pilule poétiquement appelée Abu Hilalai, (« père des deux demi-lunes ») d’après les deux lettres CC pour « Captagon »[7]. En 2010, l’Arabie saoudite représentait déjà un tiers du marché mondial de Captagon selon les chiffres de l’ONUDC (Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime)[8]. A titre d’exemple, le 26 octobre 2015, le prince saoudien Abdel Mohsen Ibn Walid Ibn Abdelaziz ainsi que quatre autres personnes étaient interceptés avant d’embarquer sur un jet privé à destination de Riyad avec deux tonnes de Captagon à bord. Selon le rapport de l’ONUDC de 2013, une pilule de Captagon coûterait quelques centimes de dollars à produire et se revendrait plus de 20 dollars en Arabie saoudite, où près de 55 millions de comprimés sont saisis chaque année[9]. L’ONUDC rapporte qu’au Liban en 2017, le Captagon se vendait déjà entre 10 et 20 dollars le comprimé[10]. Début 2021, une pilule de Captagon en Syrie aurait une valeur marchande comprise entre 50 cents et 1 dollar et arrivée dans les pétro-monarchies, la valeur de ladite pilule grimperait en flèche au-delà de 20 dollars, voire davantage[11]. C’est dire s’il s’agit d’un marché lucratif et si des liens paradoxaux lient parfois des pays - en l’occurrence la Syrie de Bachar Al-Assad et l’Arabie saoudite du prince Mohammed Ben Salmane - par ailleurs adversaires déclarés durant la décennie de la guerre civile syrienne. Le 13 avril 2019, les autorités libanaises faisaient une saisie de quelque 800 000 cachets de Captagon pour une valeur de 12 millions de dollars en direction d’un « pays arabe ». Or, il s’agissait d’une opération coordonnée avec Riyad qui tente tant bien que mal de juguler le trafic. Et encore le 26 mai 2019, un autre prince saoudien était arrêté à l’aéroport de Beyrouth avec 23 kilogrammes de Captagon. Comme le souligne  Jean-Gabriele de Cambourg, auteur d’une note intitulée Drogue : l’autre fléau qui mine la Syrie : « Si certains Saoudiens dont des princes trouvent leur compte dans ce commerce lucratif, il est peu probable que le pouvoir tolère encore longtemps les scandales dus à la découverte de Captagon en Arabie saoudite ou dans les bagages de Saoudiens en provenance du Liban. Les sanctions économiques envers le Liban laissent entrevoir un durcissement des contrôles, du moins en apparence, par Riyad qui n’a pas besoin que son image de protectrice des Lieux Saints soit une nouvelle fois entachée aux yeux de son opinion publique interne »[12]. De fait, plus récemment encore, dans la nuit du 22 ou 23 avril 2021, la douane saoudienne avait saisi plusieurs millions de pilules de « Captagon » dans le port de Djeddah. Ces dernières avaient été cachées dans des grenades (les fruits, pas les armes) envoyées depuis le Liban mais en provenance de la Syrie[13]. Riyad interdisait dans la foulée toute importation de produits agricoles depuis le pays du Cèdre qui n’en pouvait mais, compte tenu de la situation économique dramatique du pays.

Qu’est-ce que représente le  « Captagon » en Syrie ?

David Rigoulet-Roze : Le Captagon est à l’origine un médicament psychotrope commercialisé dans les années 1960 pour traiter les troubles de l’attention, jusqu’à son interdiction dans les années 1990 pour cause d’effets secondaires notoires[14]. Son principe actif originel, la fénétylline, une drogue de synthèse de la famille des amphétamines, n’est plus produite légalement dans aucun pays depuis la fin des années 2000, et ses stocks mondiaux étaient quasiment épuisés fin 2009. Les comprimés de Captagon saisis ces dernières années seraient donc en réalité de vulgaires contrefaçons, « souvent estampillées d’un logo imitant celui du Captagon, fabriquées clandestinement et ne contenant pas de fénétylline »[15]selon Laurent Laniel, spécialiste des marchés des drogues illicites à l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT), dans un rapport en date du 27 juillet 2017 et intitulé « Captagon, déconstruction d’un mythe»[16]. En d’autres termes, « Captagon » n’est qu’un nom de rue pour l’amphétamine, drogue qui circule également en Europe sous celui de speed et n’ayant « plus grand-chose à voir avec le Captagon »[17][au sens originel du terme, NDA][18]. Les pilules vendues aujourd’hui sous le nom de « Captagon » ne contiennent que rarement de la fenéthylline. Comme le souligne un rapport Center for Operational  Analysis and Research (COAR), « les pilules produites en Syrie sont généralement fabriquées à partir d’un cocktail de substances courantes, notamment la caféine, l’amphétamine et la théophylline [un psychostimulant proche de la caféine]. Les formules sont adaptées en fonction des ressources disponibles, y compris les produits pharmaceutiques détournés et les composés pré-synthétisés qui sont transportés par voie terrestre et encapsulés en Syrie »[19].

D’où l’enjeu crucial concernant la surveillance des produits précurseurs comme l’éphédrine, la pseudo-éphédrine et des précurseurs de remplacement ou de substitution concernant la fabrication illicite de Captagon. C’est notamment le cas du P-2-P (Phényl-1 Propanone-2) qui n’a que très peu d’usage en dehors de la fabrication d’amphétamine. Il peut lui-même être synthétisé à partir d’acide phénylactique. Selon un rapport de l’OICS (Office International de Contrôle des Stupéfiants), après avoir vainement tenté, en 2014, d’importer en Syrie plus de 9 000 litres de P-2-P, une société non répertoriée aurait renouvelé sa tentative d’importer 24 tonnes d’acide phénylactique en mars 2016 depuis l’Inde, dont les autorités ont finalement entravé le transfert. Or, cette molécule constitue l’un des rares précurseurs de l’amphétamine qui est habituellement la principale substance active des « faux » comprimés de « Captagon » [20].

Alors que le Liban a été le premier dans la région à reconnaître la production de Captagon sur son territoire avec le signalement d’un laboratoire à l’ONUDC (Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime) en 2007, le gouvernement syrien n’avait, quant à lui, reconnu à la veille de la guerre en 2011 qu’un seul laboratoire, mais le doublement des saisies de Captagon et une « forte demande »[21]. Comme le soulignait un article dans le journal Le Monde consacré au sujet : « Historiquement, les pays du Golfe sont alimentés en Captagon depuis le milieu des années 1990 par des laboratoires de l’Europe balkanique, notamment bulgares, via la Turquie. Mais la politique répressive menée en Bulgarie et en Turquie dans les années 2000 [notamment du fait de l’intégration de la Bulgarie à l’Union européenne en janvier 2007 et des négociations d’adhésion avec la Turquie officiellement lancées en 2005, NDA] a entraîné une délocalisation de la production vers le Moyen-Orient, notamment au Liban, à proximité des principaux marchés »[22]. Mais aussi certainement en Syrie. Dans un rapport de 2016, l’ONUDC mentionnait effectivement, à côté du Liban, la Syrie comme probable pays d’origine des comprimés de plus en plus fréquemment saisis dans la région.

De fait, comme le souligne Jean-Gabriele de Cambourg, « les seuls revenus du trafic de Captagon étaient estimés en 2020 à 3,46 milliards de dollars grâce aux exportations outre la consommation intérieure, ce à quoi s’ajoute le trafic de haschich, du jamais vu pour cette drogue dans la région »[23]. Ces exportations sont aussi nombreuses que massives et lucratives. Le 5 mai 2019, les autorités grecques saisissaient 5,25 tonnes de Captagon dans 3 containers provenant de Syrie, pour une valeur de 550 millions de dollars. Le 1er juillet 2020, 84 millions de tablettes de Captagon représentant pas moins de 14 tonnes étaient saisies à Salerne (près de Naples en Italie) sur 3 bateaux provenant de Syrie, pour une valeur commerciale de 1,1 milliard de dollars, initialement attribuées à Daech. Mais des doutes ont rapidement surgi car l’organisation agissant surtout dans des zones désertiques à quelque 700 kilomètres de la côte, n’a jamais eu accès à la mer[24]. Rien qu’en 2020, les polices étrangères ont intercepté pas moins de quatre expéditions de Captagon syrien d’une valeur marchande estimée à plus de 300 millions de dollars. Certains médias syriens son allés jusqu’à estimer que le commerce de Captagon en Syrie représentait près de 16 milliards de dollars par an[25], approchant le PIB officiel du pays tombé du fait de la guerre civile autour de 20 milliards de dollars. Des chiffres à prendre certes avec précaution mais qui donnent une idée des revenus potentiels de cette drogue synthétique. Le Center for Operational  Analysis and Research (COAR) révèle que les saisies, principalement en Europe et en région MENA [Middle East and North Africa, NDA] se sont montées à 173 millions de pilules de Captagon (soit 34,6 tonnes) et 12,1 tonnes de haschich exportées de Syrie en 2020. C’est cette quantité de pilules qui représente une valeur marchande théorique de 3,46 milliards de dollars[26]. A comparer à la plus grande exportation légale de la Syrie, soit l’huile d’olive, représentant quelque 120 millions de dollars par an… L’ampleur des exportations syriennes de stupéfiants fait donc de ces derniers « de loin, la source de devises étrangères la plus importante » dans le pays[27]. Autant dire une manne financière plus que bienvenue pour un pays à l’économie ruinée par dix ans de guerre.

Un rapport publié du COAR auquel vous faites référence décrit la Syrie comme un « narco-État ». Est-ce vrai ?

David Rigoulet-Roze : Dans la mesure où le terme de « narco-Etat » est souvent contesté, sinon contestable dans la mesure où il s’agirait presque d’une contradiction dans les termes au regard de la raison d’être de tout Etat qui se nierait alors dans sa finalité, le rapport évoqué a décidé de s’en tenir à la définition « fonctionnelle » fournie par le FMI dans un rapport de 2003 sur l’Afghanistan, qui stigmatisait un Etat « où toutes les institutions légitimes seraient pénétrées par le pouvoir et la richesse des trafiquants »[28]. De ce point de vue, pour Jean-Gabriele de Cambourg, ce pays pourrait faire figure de « Mexique arabe ». Il serait selon lui devenu en quelque sorte « l’idéal-type » du narco-Etat[29]. Il y a depuis 2018 des interceptions record de drogue synthétique en provenance de la Syrie, ce qui témoignerait selon le rapport susmentionné du développement d’un niveau de production de masse. Or, précise le même rapport, « presque tous les principaux clusters de drogue et canaux d’exportation de drogue en Syrie sont sous le contrôle du gouvernement syrien depuis 2018 ». Diverses entités civilo-militaires proches du régime se trouveraient impliquées dans la supply chain du Captagon. Des personnalités dans l’orbite du clan Assad en seraient plus ou moins partie prenantes, notamment Maher al-Assad, frère cadet de Bachar Al-Assad, par ailleurs chef de la redoutable 4ème division blindée et qui, selon le journaliste et analyste syrien Asaad Hanna, serait l’un des organisateurs dudit trafic : « De nombreuses cargaisons sont envoyées depuis les usines de fabrication dans les régions sous son contrôle au Sud de la Syrie. De plus, il est en charge des postes-frontières avec le Liban, la Jordanie et l’Irak »[30]. Il y aurait également Samer al-Assad, un cousin paternel éloigné du président Bachar Al-Assad, qui superviserait le trafic depuis le port de Lattaquié en association avec Maher Al-Assad[31]. Ce serait également le cas de Mundir et Fawaz al-Assad, cousins germains de Bachar Al-Assad qui figurent déjà sur une liste de treize noms sanctionnés par l’Union européenne en tant que leaders des redoutées milices pro-régime dénommées Chabihas, lesquelles milices qui s’apparentent largement à des groupes mafieux participeraient activement au trafic[32].

La Syrie a, de fait, réintégré la liste des « narco-Etats » aux côtés du Mexique, du Nigeria, de l’Albanie, du Pakistan, de l’Afghanistan et d’autres après en être momentanément sortie. En effet, déjà durant la guerre civile libanaise (1975-1990), la Syrie avait été placée sur la black-list américaine des « narco-Etats »[33] dans la mesure où des personnalités de premier plan de l’armée, des services de sécurité et du clan proche de Hafez al-Assad, père de Bachar Al-Assad, avaient tiré d’importants profits du trafic de drogues, notamment en connexion avec le Liban. En 1997, l’Administration Clinton avait retiré la Syrie de la black-list des « narco-Etats » car Washington cherchait à troquer les potentiels investissements américains en Syrie, en particulier dans les hydrocarbures, en contrepartie de l’abandon par la Syrie de ses armes de destruction massives (ADM), notamment les armes chimiques dont le régime ne reconnaîtra la détention officielle que le 23 juillet 2012. Régime qui acceptera finalement de détruire ses stocks après un accord passé entre les Etats-Unis et la Russie le 14 septembre 2013 qui faisait suite à l’utilisation, le 30 août précédent, de l’arme chimique dans la zone de la Ghouta, dans les faubourgs de Damas, contre les insurgés. La Syrie serait en tout cas redevenue un « narco-Etat » dans le contexte de la guerre civile syrienne qui a constitué un « terreau idéal pour le trafic de drogues »[34].

Pour autant, à ce jour, il n’a pas été possible d’établir un lien direct entre ce trafic et la personne même du président syrien, même s’il semble difficile de penser qu’il n’en a pas connaissance. Comme le souligne encore Jean-Gabriele de Cambourg : « La personnalisation du pouvoir à la fois orchestrée et subie par Bachar al-Assad, le conduit à devoir jongler entre les ambitions et pressions des différents clans formant son entourage proche ainsi que celles des différentes factions sur lesquelles il assoit son autorité. S’opposer frontalement au trafic et créer de nouvelles divisions n’est donc pas la priorité du dirigeant syrien qui a toujours besoin de soutiens alors que ses préoccupations sont de sécuriser sa position à la tête de l’Etat, retrouver une légitimité internationale et gérer les conflits claniques entre sa branche maternelle et le clan Akhras de sa femme Asma. Le contexte de la guerre ayant renforcé la place de Maher al-Assad et des autres personnalités citées, celles-ci ont pu profiter d’une certaine liberté d’action. De ce fait, s’il est plus que probable que Bachar al-Assad soit au courant du commerce de drogue, son implication directe est loin d’être évidente »[35].

Pourquoi la Syrie, et non un autre pays, est-elle devenue une plaque tournante du Captagon ?

David Rigoulet-Roze : Comme on l’a dit, ce n’est que relativement récemment que le trafic de cette drogue s’est développé dans la région en général et en Syrie en particulier, dans le prolongement d’une délocalisation assez logique de la production depuis l’Europe orientale vers le Moyen-Orient à proximité des principaux marchés, d’abord au Liban puis en Syrie. Pour Jean-Gabriele de Cambourg, ce pays serait alors devenu « en un temps record le centre névralgique de la production de Captagon dans le monde »[36]. Selon le rapport du COAR susmentionné, la Syrie constituerait aujourd’hui « l’épicentre mondial de la production de Captagon qui est maintenant plus industrialisée, adaptative et techniquement sophistiquée que jamais »[37]. Cela renvoie directement à l’expertise chimique ancienne de la Syrie. La drogue est d’abord une production pharmaceutique, c’est une molécule chimique. Or, en Syrie, il y a des laboratoires de production de médicament, historiquement liés au complexe militaro-industriel. La Syrie dispose à la fois de capacités de production et de l’expertise technique requise ainsi que des ressources humaines adéquates. La production de Captagon semble de fait très dynamique. Comme le souligne encore Jean-Gabriele de Cambourg, : « L’hypothèse la plus probable est qu’elle ait lieu à une échelle limitée dans de petits laboratoires souterrains, et à grande échelle dans des installations industrielles situées dans les districts manufacturiers des centres urbains. Le nombre de petits laboratoires est inconnu, mais les rapports d’enquête indiquent qu’au moins 15 grandes usines produisent du Captagon aux côtés d’autres drogues synthétiques. Ces usines sont principalement situées le long de la route Damas-Homs et dans d’autres zones industrielles. D’importants sites de production existent notamment à al-Bassa au Sud du port de Lattaquié »[38]. Mais si la Syrie est devenue la principale productrice de Captagon, le Liban demeure encore une plaque tournante de la drogue au Moyen-Orient. C’est ce qu’illustre le cas emblématique de Hassan Bekko, homme d’affaires libanais bien introduit dans les cercles affairistes syriens et jordaniens, et surnommé « le roi du Captagon » selon le quotidien panarabe Al-Quds Al-Arabi (« La Jérusalem arabe ») ou « l’empereur du trafic de drogue au Liban » selon le quotidien libanais An Nahar (« Le Jour »)[39]. S’il a finalement été arrêté le 9 avril 2021 à Beyrouth à la suite d’une enquête concernant la saisie de 16 tonnes de Captagon (d’une valeur de 1,7 milliard de dollars), à Port Kelang en Malaisie et qui était à destination de l’Arabie saoudite, il était effectivement parvenu à se constituer un véritable empire en raison de sa position privilégiée entre le Liban, la Jordanie et la Syrie. Les trafiquants syriens sont donc venus s’intégrer à ce système de contrebande et travaillent étroitement avec les trafiquants libanais à qui ils déléguaient en partie l’exportation via le port de Beyrouth, avant l’explosion catastrophique du 4 août 2020 qui a sans doute conduit à donner une importance accrue à celui de Lattaquié en Syrie pour l’exportation, nonobstant les sanctions affectant le pays.

Cette situation peut-elle perdurer ?

David Rigoulet-Roze : Il est peu probable que la situation s’améliore à brève échéance. De fait, comme le souligne à dessein Jean-Gabriele de Cambourg dans sa note à propos de la drogue en Syrie, « des élites économiques anciennes ou récentes liées au pouvoir jouissent maintenant de positions privilégiées qui laissent à penser que la situation peut aller en s’aggravant et en s’éternisant »[40]. De ce point de vue la guerre civile syrienne a constitué un terreau fertile pour le trafic de drogue dont tous les protagonistes, parfois ennemis déclarés, ont su et savent encore profiter d’une manière ou d’une autre. Par un faux paradoxe, il existe même parfois une forme de connivence tacite entre trafiquants bénéficiant de soutiens dans le giron du pouvoir à Damas et certains groupes islamistes qui résistent aux forces du régime comme le Hayat Tahrir al-Sham (« Organisation de Libération du Levant »), anciennement Jabhat al-Nosra (« Front pour la victoire des Gens du Cham ») dans l’enclave d’Idlib. « Ainsi les trafiquants exportent de la résine provenant de l’Ouest de Homs vers Idleb en empruntant les routes contrôlées par les milices étrangères proches de l’Iran. Arrivée dans les villes de Nabul et Zahraa dans le Nord d’Alep, la marchandise est ensuite prise en relais par Hayat Tahrir al Sham et les lambeaux de l’Armée syrienne libre qui organisent la revente dans la région, en réprimant tout trafic ne leur étant pas affilié »[41]. Cela ne se limite pas au Nord-Ouest de la Syrie. En effet, « Damas commerce également avec les Forces démocratiques syriennes (FDS) contrôlant le Nord-Est du pays. Cette région se distingue du Nord-Ouest par son ‘autosuffisance’ en matière de haschich, dont les plus importants lieux de production se trouveraient près de Kobané, Amuda et Ya’robiyah. Les FDS peuvent donc se permettre d’exporter une partie de cette marchandise en Irak. Toutefois, du Captagon est revendu depuis la poche tenue par les groupes radicaux et la Turquie via Manbij. De même, la vaste frontière entre les régions contrôlées par le parti Baas et celles contrôlées par les FDS laisse la possibilité aux trafiquants de transiter entre les deux zones. Cette fois-ci encore, le trafic de drogues illustre comment ennemis et rivaux militaires peuvent ainsi être simultanément partenaires quand il s’agit d’un commerce duquel chaque camp sort financièrement vainqueur, cassant ainsi les schémas parfois trop fixes qui nous sont présentés »[42]. Les affaires transcendent parfois les inimités politiques. Quand nécessité fait loi.

Il demeure que les sanctions économiques frappant depuis mai 2011 le régime de Damas, récemment renforcées par la loi Caesar ou Caesar Syria Civilian Protection Act qio a été adoptée par le Congrès américain en décembre 2019, en frappant les entreprises tierces commerçant avec la Syrie - ce qui expose par effet collatéral les banques libanaises utilisées par nombre de Syriens pour placer leurs avoirs -, une loi extra-territoriale entrée en application le 17 juin 2020, ont nolens volens des effets pervers, notamment en poussant les acteurs économiques et/ou politiques syriens à chercher des sources interlopes de liquidités pour pallier un manque accru par la guerre. Le PIB syrien serait selon les sources passé de 7,364 milliards de dollars en 2012 à 17,131 milliards de dollars en 2017[43] ou de 67 milliards de dollars en 2011 à 21 milliards de dollars en 2018[44] - avec une livre syrienne qui s’est littéralement effondrée avec une nouvelle dévaluation officielle à 2 512 livres pour 1 dollar en date du 15 avril 2021 contre 447 livres pour 1 dollar avant la guerre - et selon un rapport récent de la Banque mondiale aurait même baissé de 65 % entre 2010 et 2018. Dans cette configuration, il semble difficile d’imaginer une diminution du trafic des stupéfiants avant la fin véritable du conflit syrien et de réelles perspectives de reconstruction dont le coût a récemment pu être estimé à quelque 400 milliards de dollars par l’ONU. Or, cette reconstruction est conditionnée par les bailleurs de fond à l’offre d’une perspective politique inclusive de la part du régime de Damas, qui s’y refuse. C’est en quelque sorte la quadrature du cercle puisque la perpétuation du trafic entrave « le rétablissement d’une fonctionnalité économique générale » selon les termes du rapport du Center for Operational  Analysis and Research (COAR) consacré à ce problème et qu’il ne pourra être réduit « tant que le conflit lui-même ne prendra pas fin et que les conditions politiques permettront aux initiatives internationales d’application de la loi d’être directement coordonnées avec le gouvernement syrien »[45].



[1] Cf. The Syrian Economy of War: Captagon, Hashish, and the Syrian Narco-State, 27 avril 2021 (https://coar-global.org/2021/04/27/the-syrian-economy-at-war-captagon-hashish-and-the-syrian-narco-state/).

[2] Cf. Ibidem.

[3] Cf. Michael Peel ; Abigail Felding-Smith, « Assad’s family picked up by west’s radar », on Financial Times, 27 avril 2011 (https://www.ft.com/content/05e5ffcc-70fa-11e0-962a-00144feabdc0?ftcamp=rss

[4] Cf. The Syrian Economy of War: Captagon, Hashish, and the Syrian Narco-State, 27 avril 2021 (https://coar-global.org/2021/04/27/the-syrian-economy-at-war-captagon-hashish-and-the-syrian-narco-state/).

[5] Cf. Captagon : déconstruction d’un mythe », Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT), 27 juillet 2017 (https://www.ofdt.fr/publications/collections/rapports/rapports-d-etudes/rapports-detudes-ofdt-parus-en-2017/rapport-captagon/).

[6] Cf. Claude-Henry Dinand, « Le trafic de Captagon au Moyen-Orient : de l’usage guerrier à l’économie de guerre », on Les clés du Moyen-Orient, 22 avril 2016 (https://www.lesclesdumoyenorient.com/Le-trafic-de-Captagon-au-Moyen-Orient-de-l-usage-guerrier-a-l-economie-de.html).

[7] Cf. Claude-Henry Dinand, « Le trafic de Captagon au Moyen-Orient : de l’usage guerrier à l’économie de guerre », on Les clés du Moyen-Orient, 22 avril 2016 (https://www.lesclesdumoyenorient.com/Le-trafic-de-Captagon-au-Moyen-Orient-de-l-usage-guerrier-a-l-economie-de.html).

[8] Cf. ONUDC, 2011 Gobal ATS Assessment, 2011, pp. 63-65. Cf. Max Kravitz ;  Will Nichols, « A Bitter Pill to Swallow : Connections Betwxeen Captagon, Syria, and the Gulf », in Columbi SIPA Journal of International Affairs, 18 mai 2016 (https://jia.sipa.columbia.edu/bitter-pill-swallow-connections-captagon-syria-gulf).

[9] Cf. World Drug Report 2013, UNODC, 2013 (https://www.unodc.org/unodc/secured/wdr/wdr2013/World_Drug_Report_2013.pdf). Cité par Fanny Arlandis, « Un prince saoudien  arrêté avec deux tonnes de Captagon à Beyrouth », on Slate.fr, 26 octorbe 2015 (http://www.slate.fr/story/108933/prince-saoudien-beyrouth-captagon).

[10] Cf. The Syrian Economy of War : Captagon, Hashish, and the Syrian Narco-State, 27 avril 2021 (https://coar-global.org/2021/04/27/the-syrian-economy-at-war-captagon-hashish-and-the-syrian-narco-state/).

[11] Cf. Ibidem.

[12] Cf. Jean-Gabriele de Cambourg, Drogue : l’autre fléau qui mine la Syrie  on Geopragma, 12 juillet 2021 (https://geopragma.fr/drogue-lautre-fleau-qui-mine-la-syrie/).

[13] Cf. « La cargaison de grenades au captagon viendrait de Syrie, selon des sources proches de l’enquête », in L’Orient Le Jour, 26 avril 2021 (https://www.lorientlejour.com/article/1259877/la-cargaison-de-grenades-au-captagon-viendrait-de-syrie-selon-des-sources-proches-de-lenquete.html).

[14] Cette molécule synthétisée par l’entreprise allemande Degussa et développée dans les années 1960 était prescrite pour le traitement du trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH), et plus rarement de la narcolepsie et de la dépression. Elle a été interdite dès 1981 aux Etats-Unis et inscrite en 1986 comme substance dangereuse par l’ONUDC (Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime) et n'aurait plus été produite légalement depuis lors. Son retrait de la vente en France date de 1993, du fait des lésions cardiaques engendrées par son usage. Elle est par ailleurs considérée désormais comme substance stupéfiante dans un grand nombre de pays également depuis 1986. Utilisée comme drogue « récréative » dans le milieu artistique et médiatique français durant les années 1970, comme dopant dans le milieu sportif jusqu’aux années 1990, le « Captagon », a longtemps été fabriqué en Europe de l’Est, notamment en Bulgarie, et est devenu l’objet de trafics importants au Moyen-Orient seulement à partir des années 2000. Elle est également suspectée d'être un outil de financement des belligérants de la guerre civile syrienne. Pour étude détaillée de la pharmacologie du Captagon, cf. UNODC, World Drug Report. 3. Drug Supply, 2020, p. 58 (https://wdr.unodc.org/wdr2020/index2020.html).

[15] La fénétylline, parfois écrite fénéthylline par anglicisme, est un composé organique, également appelée amphétaminothéophylline parce que née de la combinaison d'une amphétamine et d’une théophylline.

[16] Cf. Captagon : déconstruction d’un mythe », Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT), 27 juillet 2017 (https://www.ofdt.fr/publications/collections/rapports/rapports-d-etudes/rapports-detudes-ofdt-parus-en-2017/rapport-captagon/).

[17] Cf. Ibidem.

[18] Cf. Ibidem.

[19] Cf. The Syrian Economy of War : Captagon, Hashish, and the Syrian Narco-State, 27 avril 2021 (https://coar-global.org/2021/04/27/the-syrian-economy-at-war-captagon-hashish-and-the-syrian-narco-state/).

[20] Cf. Précurseurs et produits chimiques fréquemment utilisés dans al fabrication illicite de stupéfiants et de substances psychotropes. 2016, Organe International de Contrôle des Stupéfiants (https://www.incb.org/documents/PRECURSORS/TECHNICAL_REPORTS/2016/PRE-AR_F_ebook_r.pdf).

[21] Cf. ONUDC, Rapport Global ATS Assessment, 2011, p.43-47. Cité par Jean-Gabriele de Cambourg, Drogue : l’autre fléau qui mine la Syrie , on Geopragma, 12 juillet 2021 (https://geopragma.fr/drogue-lautre-fleau-qui-mine-la-syrie/).

[22] Cf. Soren Selow, « Captagon : un rapport démonte le mythe de la drogue des djihadistes », in Le Monde, 27 juillet 2017 (https://www.lemonde.fr/societe/article/2017/07/27/captagon-un-rapport-demonte-le-mythe-de-la-drogue-des-djihadistes_5165582_3224.html).

[23] Cf. Jean-Gabriele de Cambourg, Drogue : l’autre fléau qui mine la Syrie, on Geopragma, 12 juillet 2021 (https://geopragma.fr/drogue-lautre-fleau-qui-mine-la-syrie/).

[24] Cf. Will Near, « Assad Regime Implicated in Massive Captagon Bust, Organized Crime and Corruption Reporting Project », OCCRP (Organized Crime and Corruption Reporting Project), 13 juillet 2020 (https://www.occrp.org/en/daily/12736-assad-regime-implicated-in-massive-captagon-bust).

[25] Cf. Ashtar Mahmoud, « Syrie : plus de 100 millions  de pilules en moins d’un an. La valeur du marché pourrait atteindre 16 milliard de dollars », in Kassioun, 4 mai 2020 (https://kassioun.org/economic/item/64671-100-16). Cf. The Syrian Economy of War : Captagon, Hashish, and the Syrian Narco-State, 27 avril 2021 (https://coar-global.org/2021/04/27/the-syrian-economy-at-war-captagon-hashish-and-the-syrian-narco-state/).

[26] Cf. The Syrian Economy of War: Captagon, Hashish, and the Syrian Narco-State, 27 avril 2021 (https://coar-global.org/2021/04/27/the-syrian-economy-at-war-captagon-hashish-and-the-syrian-narco-state/).

[27] Cf. Syria Report, « Drug Exports Represent Main Foreign Currency Revenue Source for Syrian Economy », 8 juillet 2020 (https://www.syria-report.com/news/economy/drug-exports-represent-main-foreign-monnaie-revenu-source-syrian-economy).

[28] Cf. IMF, « Islamic State of Afghanistan: Rebuilding a Macroeconomic Framework for Reconstruction and Growth », 45, 2003 (https://www.imf.org/en/Publications/CR/Issues/2016/12/30/Islamic-State-of-Afghanistan-Rebuilding-a-Macroeconomic-Framework-for-Reconstruction-and-16881).

[29] Cf. Jean-Gabriele de Cambourg, Drogue : l’autre fléau qui mine la Syrie, on Geopragma, 12 juillet 2021 (https://geopragma.fr/drogue-lautre-fleau-qui-mine-la-syrie/).

[30] Cf. Sarah Vernhes, « Mercenaires et drogue en Libye : la syrian connection », Jeune Afrique, 21 avril 2021 (https://www.jeuneafrique.com/1157062/politique/mercenaires-et-drogue-en-libye-la-syrian-connection/).

[31] Cf. Will Near, « Assad Regime Implicated in Massive Captagon Bust, Organized Crime and Corruption Reporting Project », OCCRP (Organized Crime and Corruption Reporting Project), 13 juillet 2020 (https://www.occrp.org/en/daily/12736-assad-regime-implicated-in-massive-captagon-bust).

[32] Cf. « Thirteen named on Syrian sanctions list », Al Jazeera.com, 10 mai 2011, (https://www.aljazeera.com/news/2011/05/10/thirteen-named-on-syrian-sanctions-list/).

[33] Le State Department américain a défini les « narco-Etats » comme des Etats cultivant au moins 1.000 hectares d’opiacés et/ou 5 000 hectares de cannabis. Cf. State Department, « Major Illicit Drug Producing, Drug-Transit, Significant Source, Precursor Chemical, and Money Laundering Countries », 2015 (https://2009-2017.state .gouv/j/inl/rsl/nrcpt/2015/vol1/238913.htm).

[34] Cf. Jean-Gabriele de Cambourg, Drogue : l’autre fléau qui mine la Syrie , on Geopragma, 12 juillet 2021 (https://geopragma.fr/drogue-lautre-fleau-qui-mine-la-syrie/). Cf. The Syrian Economy of War: Captagon, Hashish, and the Syrian Narco-State, 27 avril 2021 (https://coar-global.org/2021/04/27/the-syrian-economy-at-war-captagon-hashish-and-the-syrian-narco-state/).

[35] Cf. Ibidem.

[36] Cf. Ibidem.

[37] Cf. The Syrian Economy of War: Captagon, Hashish, and the Syrian Narco-State, 27 avril 2021 (https://coar-global.org/2021/04/27/the-syrian-economy-at-war-captagon-hashish-and-the-syrian-narco-state/).

[38] Cf. Jean-Gabriele de Cambourg, Drogue : l’autre fléau qui mine la Syrie , on Geopragma, 12 juillet 2021 (https://geopragma.fr/drogue-lautre-fleau-qui-mine-la-syrie/)..

[39] Cf. Ibidem.

[40] Cf. Captagon : déconstruction d’un mythe », Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT), 27 juillet 2017 (https://www.ofdt.fr/publications/collections/rapports/rapports-d-etudes/rapports-detudes-ofdt-parus-en-2017/rapport-captagon/).

[41] Cf. Jean-Gabriele de Cambourg, Drogue : l’autre fléau qui mine la Syrie , on Geopragma, 12 juillet 2021 (https://geopragma.fr/drogue-lautre-fleau-qui-mine-la-syrie/). Cf. The Syrian Economy of War: Captagon, Hashish, and the Syrian Narco-State, 27 avril 2021 (https://coar-global.org/2021/04/27/the-syrian-economy-at-war-captagon-hashish-and-the-syrian-narco-state/).

[42] Cf. Ibidem.

[43] Cf. PopulationData.net, Atlas des populations et pays du monde, Syrie, 2020 (https://www.populationdata.net/pays/syrie/). Cité Jean-Gabriele de Cambourg, Drogue : l’autre fléau qui mine la Syrie , on Geopragma, 12 juillet 2021 (https://geopragma.fr/drogue-lautre-fleau-qui-mine-la-syrie/).

[44] Cf. The Syria Report, « Syria’s GDP 2010-2018 », 2020 (https://www.syria-report.com/library/economic-data/syrias-gdp-2010-2018). Cité dans The Syrian Economy of War: Captagon, Hashish, and the Syrian Narco-State, 27 avril 2021 (https://coar-global.org/2021/04/27/the-syrian-economy-at-war-captagon-hashish-and-the-syrian-narco-state/).

[45] Cf. The Syrian Economy of War : Captagon, Hashish, and the Syrian Narco-State, 27 avril 2021 (https://coar-global.org/2021/04/27/the-syrian-economy-at-war-captagon-hashish-and-the-syrian-narco-state/).

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