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Comment la cacophonie gouvernementale met en péril le pacte de responsabilité
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Editorial

Sur le pacte de responsabilité, François Hollande veut aller vite. Très vite. Il souhaite que le texte soit présenté dans la foulée des élections municipales, fin mars. Mais encore faudrait-il que la majorité accorde ses violons sur le sujet...

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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L’agitation autour du pacte de responsabilité donne le tournis. François Hollande répète à longueur d’interviews qu’il veut aller très vite, pour montrer que sa conversion sociale-démocrate n’est pas un vain mot, mais parallèlement les propos contradictoires se multiplient au sein du gouvernement. Les éléments dissonants donnent la fâcheuse impression que la machine gouvernementale n’est pas prête à suivre le mouvement et prépare sur tous les plans un retour en arrière.

Ainsi, le rapporteur de la commission des Finances voudrait rendre la CSG totalement non déductible, ce qui reviendrait à augmenter la pression fiscale, à un moment où, d’une façon sournoise, de nouvelles taxes pourraient être mises à la charge des entreprises. Michel Sapin menace de sanctions les sociétés qui n’auront pas "rempli leur devoir" sur le dossier très bureaucratique des contrats d’avenir, tandis que Benoit Hamon veut obliger les firmes en difficulté à rechercher pendant trois mois un repreneur avant d’engager une procédure de licenciement. Les ministres exaltent l’entreprise, mais ont toutes les peines du monde à parler des entrepreneurs, comme s’il s’agissait d’une catégorie exécrable, parce qu’elle n’existe pas dans les rangs du parti socialiste.

Pourtant, les sondages démontrent que l’opinion a évolué. Le choc fiscal qu’elle vient de subir, alors qu’elle n’en mesure pas encore toutes les conséquences a modifié le rapport qu’elle avait avec la dépense publique : elle est plus réceptive aux idées que Nicolas Sarkozy avait voulu mette en œuvre telle que le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux, ou la chasse systématique aux économies. Désormais, le pays paraît prêt à accepter une baisse des charges des entreprises, mais à condition que les ménages aient aussi leur part, ce qui implique de toute évidence une réduction du train de vie de l’Etat et des collectivités locales.

Car le temps presse : la France est sous surveillance internationale. Sans la nommer, le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, vient de regretter dans sa conférence de presse mensuelle les "performances moroses" de plusieurs pays européens, alors qu’il faudrait déployer des efforts pour stimuler une conjoncture qui demeure faible et fragile. Le gouverneur de la Banque de France à son tour souligne que le pacte de responsabilité ne peut constituer qu’une étape et qu’il faut engager des réformes structurelles beaucoup plus énergiques notamment  pour casser la rigidité du marché du travail.

Mais pour l’instant, on ne voit rien venir ; la recherche d’économies paraît illusoire, en se limitant à des discours volontaristes sans lendemain. Au lieu de tailler à la hache dans les dépenses improductives, on s’en remet à des comités Théodule aux noms qui rivalisent d’imagination dans la sémantique, mais qui reflètent un grand amateurisme et une totale improvisation. Comme il n’y a aucune réflexion d’ensemble et aucune incitation véritable du pouvoir qui continue de naviguer à vue, et surtout aucune volonté d’affronter les lobbies qui bloquent toute réforme, on va continuer de recourir aux méthodes éculées des coups de rabots, qui n’empêcheront pas la dérive des déficits dès lors que la croissance est aux abonnés absents.

François Hollande s’est trouvé une fois de plus une bonne raison pour retarder l’heure des décisions : les élections municipales de fin mars. Si celles-ci confirment le recul de la gauche, il pourrait trouver l’énergie qui fait défaut actuellement pour accentuer le virage social-démocrate qu’il n’ose pas déployer tant que les urnes n’ont pas parlé. Mais l’étau se resserre autour de lui comme en témoigne la dégringolade de sa popularité dans les sondages, unique par son ampleur sous la Ve République. Plus l’attente se prolonge, plus dure sera la chute.

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