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Comment l’addiction grandissante des élus aux interdictions diverses et variées révèle le degré de gadgétisation de la vie politique
©STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Fumer, boire, manger...

Interdiction de fumer dans les parcs publics, interdiction de boire de l'alcool sur les quais de Seine… Ainsi est rythmée la vie politique locale, par des sujets qui sont, dans le fond, de peu d'importance.

Google et Yahoo, internet

Serge Federbusch

Serge Federbusch est président d'Aimer Paris et candidat à l'élection municipale de 2020. Il est l'auteur de La marche des lemmings ou la 2e mort de Charlie, et de Nous-Fossoyeurs : le vrai bilan d'un fatal quinquennat, chez Plon.

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Atlantico : Interdiction de fumer dans les parcs publics, interdiction de boire de l'alcool sur les quais de Seine… Ainsi est rythmée la vie politique locale, par des sujets qui sont, dans le fond, de peu d'importance. N'assiste-t-on pas selon à une gadgétisation de la vie politique locale ?

Serge Federbusch : Autrefois la vie communale avait ceci de particulier et de puissant par rapport à la politique nationale qu’elle était plus concrète, plus proche des préoccupations des habitants. Cela explique le taux de participation élevé aux scrutins locaux. La vie politique locale, évoquait des enjeux de proximité, une forme de vérité dans un monde de mensonges. J’oserai dire que le tout à l’égout au coin de la rue était plus signifiant pour le citoyen que le tout à l’égo des jeux partisans. On voyait du reste souvent triompher des listes dites d’intérêt local.

Mais cette politique de proximité a été peu à peu gangrénée par la vacuité des rivalités d’appareil. La porte d’entrée de cette maladie a été le triomphe généralisé de la communication. Les maires, comme les ministres ou les présidents, se sont cru obligés de mener des politiques de prestige puis de répercuter des débats nationaux souvent oiseux. La mairie de Paris, avec Delanoë et Hidalgo, a poussé cette dérive jusqu’au caricatural. L’effigie géante d’Ingrid Bettencourt a orné des années durant la façade de l’Hôtel-de-Ville et l’ancienne Place de grève, qui fait face au bâtiment municipal, est devenu le théâtre permanent d’une sorte d’agit-prop bien pensante.

Aujourd’hui, il n’est pas une prise de position moralisante et oiseuse qu’Hidalgo épargne à ses administrés. Dès qu’il s’agit d’être « vivre-ensembliste » la mairesse répond présente. Elle va jusqu’à peinturlurer la chaussée dans le Marais pour complaire à sa vision fantasmée de ce qu’attendent les homosexuels.

Et même si ces postures passent par des atteintes aux libertés ou par des interdictions en tout genre, elle n’hésite jamais à s’en emparer. On peut craindre de la voir un jour interdire la cigarette ou l’automobile dans tout l’espace public dès lors qu’elle aura le sentiment que l’esprit du temps y adhère.

Bien que ce phénomène de diversion médiatique ne soit pas nouveau, quelles sont les particularités de ce à quoi l'on assiste aujourd'hui ? (est-ce plus systématique, plus grossier..?)

Il y a une forme d’intolérance profonde qui s’en dégage. Bardée de certitudes et tentant de consolider une position politique en péril, Hidalgo ne craint jamais d’aller trop loin. Elle méprise les peines concrètes des victimes de ses embouteillages artificiellement provoqués. Derrière le bouclier du politiquement correct, elle se croit en mesure de martyriser ceux qui ne vivent pas selon les canons de ses militants.

C’est une haine sociale, comme un parfum de revanche pour une obscure petite bureaucrate exultant de se voir tenir le parapluie par un huissier quand la reine d’Angleterre, à ses côtés, affronte seule les intempéries. On peut effectivement parler de grossièreté, de cette forme de grossièreté qu’ont les Béotiens triomphants dans un univers dont la beauté et le raffinement leur échappent.

L’écart entre ce luxe auquel ils n’avaient pas accès et leur statut obtenu par de misérables manoeuvres une vie durant, ils le comblent par du ressentiment et le font payer aux autres.

Quelles sont les risques d'une telle stratégie visant à occulter les véritables problèmes que peuvent rencontrer les Français ?

La réalité travaille sourdement. Elle a pour noms dettes, délinquance, immigration clandestine, islam rigoriste, communautarisme, désorganisation des services publics, persécution des mal-pensants et des mal agissants, de tous ceux qui osent encore vouloir se déplacer comme ils l’entendent avec le véhicule qui leur convient, de tous ceux qui veulent pouvoir fumer une cigarette sur un banc public. Ces dérivatifs ne font qu’accumuler les frustrations d’une population dont les libertés s’amenuisent d’année en année.

La société française est travaillée comme jamais par des tensions et des frustrations qui ne demandent qu’à éclater.

Heureusement qu’il reste le football comme élément fédérateur ! Mais ce dérivatif n’a qu’un temps et il est bref.

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