Comment la gauche pourrait reprendre le sujet de la sécurité<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
Comment la gauche pourrait reprendre le sujet de la sécurité
©

Le nettoyeur

Proposer "de vraies bonnes idées de gauche, intelligentes et ambitieuses" : c'est l'ambition du "nettoyeur"' Pascal Emmanuel Gobry. Quatrième épisode : se saisir d'une des préoccupations-clé des Français, traditionnellement classée à "droite".

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry est journaliste pour Atlantico.

Voir la bio »

La sécurité est une des préoccupations-clé des Français. La droite, et Nicolas Sarkozy notamment, s'en sont emparés. Mais après presque cinq ans comme ministre de l'Interieur puis 5 autres comme président de la République, le bilan de la droite en matière de sécurité est pour le moins mitigé. On peut se disputer sur les chiffres, il reste que les Français ne se sentent pas plus en sécurité aujourd'hui qu'il y a dix ans, lorsque la sécurité est devenue une des actions principales d'un gouvernement de droite.

La gauche a peur de parler de sécurité et d'”ordre”, de répression, mais elle ne devrait pas, car une gauche intelligente et ambitieuse aurait de vraies propositions à faire dans ce domaine.

En effet, le problème de l'insécurité en France est un problème de poches de non-droit, qui subsistent parce que l’œuvre policière est mal organisée. Pour résoudre l'insécurité, il faudrait une police de proximité—mais une vraie.

La police de proximité du Gouvernement Jospin était un gadget, et la droite n'a pas forcément eu tort de la supprimer, même si elle a eu tort de ne la remplacer par rien. Mais l'idée était là.

Ce qui détruit l'insécurité urbaine sur le long terme c'est une police qui soit très présente et légitime. C'est ce qui ressort notamment des travaux du sociologue américain James Q. Wilson, dont les idées ont permis la baisse inexorable de la criminalité aux États-Unis depuis 20 ans, notamment dans des grandes villes comme New York, qui ont été transformées.

On résume souvent les thèses de Wilson à la “tolérance zéro”, qu'il a effectivement prônée. Mais c'est amputer son message. Wilson était l'apôtre du “community policing”, qu'on ne peut traduire que par police de proximité, et qui prônait que les policiers passent leur temps parmi la population, nouent des relations avec les gens, gagnent leur confiance afin d'avoir des informations. Oui, la police doit sanctionner les infractions. Mais résumer l'approche de Wilson à la répression c'est en perdre l'intérêt. La répression est utile parce que par ailleurs les policiers sont légitimes. Et les policiers sont légitimes parce que les délinquants perdent leur sentiment d'insécurité.

C'est pour ça que je parle d'une vraie police de proximité, telle qu'elle existe dans les travaux de Wilson : pas un choix binaire, et bête, entre “le tout répression” d'un côté et “des policiers assistantes sociales” de l'autre.

Pour cela il faut des équipes de police spécialisées dans les quartiers, qui soient spécifiquement formées, spécifiquement managées, et aussi spécifiquement rémunérées (car une police de proximité n'a de sens que si les policiers ne comptent pas leurs heures), à être à la fois la main de fer et le gant de velours. Il y aura un véritable effort herculéen d'organisation à accomplir.

Là-dessus, la droite a épuisé toute sa crédibilité après dix ans de gesticulations. Mais la gauche n'est pas encore audible faute de vraies idées. Avec une vraie réflexion ambitieuse, cela pourrait changer.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !