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Comment éviter la tentation de l’attentisme en faveur des réformes
©JAVIER SORIANO / AFP

Edito

Emmanuel Macron a réaffirmé sa volonté de maintenir le cap des réformes et de transformer la société. L'unité au sein du gouvernement semble pourtant voler en éclats.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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A peine rentré de vacances, Emmanuel Macron a réaffirmé sa volonté de maintenir le cap des réformes et d’engager une nouvelle étape dans la transformation de la société. Pourtant le discours officiel manque un peu de souffle si l’on évoque l’écho qu’il rencontre au sein du gouvernement. La belle unité affichée dans les premiers mois a volé en éclats car les réticences pour ne pas parler de divergences se multiplient au sein de l’équipe ministérielle, où le débat devient la règle sur les changements à apporter. Il est vrai que les derniers sondages d’opinion témoignent d’un scepticisme croissant dans l’opinion face faux engagements présidentiels. Il s’agit moins d’une hostilité à la politique annoncée que d’une incrédulité sur la possibilité de la mettre en œuvre. L’opinion a conscience de l’ampleur des freins qui existent dès qu’il est question de changement, chacun étant inquiet des conséquences qui pourraient en résulter sur sa situation personnelle. La tâche essentielle du chef de l’Etat est de lutter contre ce courant défaitiste et de restaurer un sentiment de confiance qui a largement disparu. La seule évocation des économies dans les aides sociales qui sont au menu du gouvernement est assimilée à une tentative de réduction du pouvoir d’achat, alors qu’il faudrait opérer un tri indispensable pour promouvoir une gestion de qualité et éviter les abus et les gaspillages. Près de deux cents milliards d’euros sont ainsi indexés sur les prix, que ce soit pour les retraites de base, les prestations familiales, etc. En principe, le gouvernement devrait annoncer rapidement des décisions dans ce domaine, mais il aborde pour l’instant les problèmes par la bande pour éviter une levée de boucliers. Ainsi, il a renoncé à remettre en cause les allocations familiales pour les contribuables les plus aisés et il envisage de se cantonner à ne pas revaloriser certaines prestations en fonction d’une inflation estimée officiellement à 1,6% cette année (mais qui atteindra sans doute un niveau plus élevé). Ainsi, au fil des jours, il ne cesse de reculer dans les mesures à prendre, en se contentant pour l’instant de vouloir geler le RSA (revenu de solidarité active), alors que la ministre Agnès Buzyn a fait connaitre son hostilité à ce projet sous prétexte qu’il aboutirait seulement à des économies de bouts de chandelles.  Rien n’est donc décidé pour l’instant. Mais on voit bien que ce n’est pas en tirant parti uniquement de l’inflation qu’on parviendra à réformer le système. On devine que la politique du rabot, pourtant dénoncée par Emmanuel Macron, n’est pas loin et que l’on risque de glisser insensiblement vers les méthodes du monde ancien. Avec le développement d’un mouvement qui prend de plus en plus d’importance, en vertu duquel il est urgent d’attendre dans une période où les incertitudes sont immenses et où la politique de Donald Trump a totalement changé la donne. Ainsi, le monde patronal est en train d’évoluer rapidement : l’enthousiasme en faveur d’Emmanuel Macron est beaucoup plus réfléchi et les projets d’investissements sont en train d’être revu à la baisse en raison de la conjoncture internationale. Les prévisions de l’Insee paraissent de plus en plus irréalistes, car elles prolongent des courbes issues du rebond de la croissance de l’an dernier, alors que celle-ci est retombe vers une forme molle, comme l’atteste la stagnation de la consommation des ménages depuis le début de l’année et le refuge vers les formules d’épargne telles que le livret A. Dans ce contexte, les engagements européens de la France pour réduire les déficits risquent d’être mis à mal sans calmer la grogne qui va monter dans l’opinion.

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