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Comment éduquer un enfant précoce au quotidien
©Reuters

Bonnes feuilles

Béatrice Millêtre reçoit quotidiennement des parents désemparés, venus pour qu’elle aide leurs enfants précoces dans leur scolarité et, plus généralement, dans leur vie d’enfant. Totalement décalés, obligés de fonctionner à contre-courant d’eux-mêmes, souvent isolés des autres, voire en situation d’échec, ces enfants souffrent à l’école, en société, en famille. Extrait de "L'Enfant précoce au quotidien" publié aux Editions Payot (2/2).

Le fonctionnement d’un enfant précoce est finalement assez simple à comprendre. Il ouvre ses antennes pour capter des informations dans le monde qui l’entoure. Il laisse son cerveau les traiter en bruit de fond. Lorsque le puzzle est assemblé, le résultat est disponible et conscient.

Tout cela serait effectivement simple si tout le monde fonctionnait ainsi.

Cela sera simple lorsque votre enfant aura pris conscience de ce fonctionnement particulier : il le sait, le sent, mais voyant les autres faire autrement, il ne le laisse pas s’exprimer.

Il lui faudra du temps, le temps de grandir pour arriver à percevoir et intégrer la globalité du monde qui l’entoure pour finalement s’y sentir bien.

Faites-lui confiance

Votre enfant a besoin de votre confiance.

D’une part, comme tous les enfants, car il la mérite. Mais encore plus lui qui a besoin de s’appuyer sur qui il est pour en tirer parti.

Vous êtes là pour l’accompagner dans cette différence, vous en avez les outils.

Avec votre confiance et sachant que vous le soutenez, quoi qu’il arrive, que votre amour est inconditionnel, il sera dès lors capable de s’écouter et d’aller de l’avant.

J’en ai assez d’être différent !

Il n’est agréable pour personne d’être différent.

Encore moins pour un enfant.

Il sera malheureusement impossible à votre enfant d’être comme les autres.

Un gaucher ne devient pas droitier, sauf à être contrarié, ce qui va à l’encontre de l’épanouissement.

Tous les adultes, les jeunes et les enfants que je reçois me disent la même chose : « J’en ai assez d’être différent ! »

Je le comprends. Et je n’ai pas de solutions. Il faut accepter cette différence, car elle est porteuse de nombreuses qualités, et l’assumer, sans forfanterie et avec simplicité, comme les différences que nous portons tous en nous, la couleur des yeux et des cheveux, la taille, les goûts…

Je n’ai pas de baguette magique sur ce sujet, et je crois qu’il faut laisser le temps faire son oeuvre.

Par contre, vous pouvez essayer de le raccourcir en demandant à votre enfant de faire une liste des « pour » et des « contre » à être ainsi… tout en l’aidant à ce que cela bascule évidemment du bon côté !

Il a raison de ne pas faire

Le principe du raisonnement intuitif est de le laisser faire, à son insu, en bruit de fond.

Pour que le raisonnement aboutisse, deux composantes sont nécessaires : chercher toutes les informations (voire plus) nécessaires ; les laisser s’amalgamer. Alors la solution surviendra, seule, sans autre nécessité que la motivation pour que le cerveau agisse.

Ainsi, si aucune solution ne vient, c’est que quelque chose cloche : il manque des informations ou le raisonnement n’est pas terminé.

Si votre enfant s’oblige alors à faire ce qui lui est demandé, le résultat sera mauvais, médiocre, ou le rai-sonnement poussif et laborieux : il a donc raison d’attendre.

Dites-vous bien cependant que cela est à mettre en balance avec le fait qu’il soit un enfant et n’ait pas forcément envie de faire ce qu’il doit.

Apprenez-lui à s’écouter

L’écoute est le reflet de l’utilisation de l’intuition : ce sera le meilleur ami de votre enfant devenu grand.

Il est difficile de s’écouter lorsqu’on est un enfant de par les nombreuses sources contradictoires, les demandes de l’entourage et des adultes, et les envies qu’il manifeste.

Cela lui demandera donc un certain temps, mais au fond de lui il sait qu’il a raison et que cela fonctionne mieux quand il s’écoute.

Se couper de l’empathie

L’empathie est une qualité remarquable… qui peut tourner au désastre !

Janine me racontait combien dans le métro elle était toujours abordée par des personnes lui demandant des conseils, sans qu’elle n’ait, au préalable, dit le moindre mot.

Clarisse m’expliquait que les foules étaient un enfer, car elle percevait les émotions de chaque personne, se les appropriait et les vivait comme si c’était les siennes.

En grandissant, vous devez apprendre à votre enfant de se couper de son empathie dans certaines situations, celles qui ne nécessitent pas d’être à l’écoute des autres. Pour ce faire, vous pouvez lui expliquer la complémentarité entre rationnel et émotionnel et le faire, dans ces moments, focaliser sur le rationnel. Vous pouvez également lui apprendre à se « fermer » de ses congénères,en ne les « voyant pas » en prenant par exemple un livre, en faisant un jeu sur son téléphone, en écoutant sa musique…

Regarder le résultat

Votre enfant est un enfant « je ne sais pas » : je ne sais pas comment j’apprends, je ne sais pas ce que je sais, je ne sais pas comment je fais !

Pour prendre confiance en lui, il ne doit, encore une fois, pas faire comme les autres, qui regarderont le processus. Lui doit regarder le résultat : « Est-ce que ça marche ? » En d’autres termes, est-ce que votre enfant obtient les résultats attendus ? A-t-il appris sa leçon ? Peut-il réciter sa poésie ? A-t-il acquis ce qu’il est censé acquérir ?

Oubliez comment il travaille, comment il se concentre, ce que sont ses attitudes, ses comportements et ses manières d’être, oubliez son cheminement, et ne focalisez que sur le résultat.

Extrait de "L'Enfant précoce au quotidien", de Béatrice Millêtre, ©Editions Payot & Rivages, 2015. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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