Combien il vous faut épargner aujourd'hui pour disposer à votre retraite d'un patrimoine d'un million d'euros<!-- --> | Atlantico.fr
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Le patrimoine global moyen des Français aujourd'hui tourne autour de 300 000 euros.
Le patrimoine global moyen des Français aujourd'hui tourne autour de 300 000 euros.
©Reuters

100 patates !

Le patrimoine global moyen des Français s'avère plus proche des 300 000 euros que du million d'euros aujourd'hui.

Philippe Crevel

Philippe Crevel

Philippe Crevel est économiste, directeur du Cercle de l’Épargne et directeur associé de Lorello Ecodata, société d'études et de conseils en stratégies économiques.

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Atlantico : Disposer d'un million de capital une fois arrivé à l'âge de la retraite, c'est le rêve de tout un chacun. Pour autant, est-il accessible à tout le monde ? Certaines classes sociales doivent-elles faire une croix dessus ?

Philippe Crevel : Le patrimoine global moyen des Français aujourd'hui tourne plutôt autour de 300 000 euros. On est loin du million, et on prend également en compte le patrimoine immobilier. S'il ne s'agissait que de compter le patrimoine financier moyen des Français, celui-ci avoisinerait davantage les 100 000 euros. Evidemment, c'est une moyenne. On trouve, à partir des cadres supérieurs, des patrimoines qui s'élèvent à 600 000 euros alors que sur les ouvriers ou les employés, on sera largement en dessous. L'objectif qu'est le million une fois parti à la retraite ne concerne qu'un pan très marginal de la population française.

En premier lieu, il faut distinguer le patrimoine immobilier et le patrimoine financier. Actuellement, en France, le patrimoine est à plus des deux-tiers un patrimoine immobilier. Sur les 11 000 milliards que représente le patrimoine des ménages français, 7000 milliards représentent du patrimoine immobilier, quand 4000 milliards forment le patrimoine financier. Etre propriétaire de sa maison au moment de la retraite est considéré comme intéressant : ça permet une certaine sécurité. Mais parler d'un patrimoine financier d'un million d'euros à la retraite, c'est parler d'une partie extrêmement restreinte de la population Française : les 1% des plus riches des Français. Ce qui représente tout de même 750 000 personnes néanmoins.

Concrètement, comment faut-il s'y prendre pour terminer sa carrière avec un million de patrimoine ? Distingue-t-on un parcours obligé ?

Evidemment, il faut commencer tôt puisque plus on commence tôt, plus on capitalise tôt. En faisant un effort d'épargne dès 30 ou 35 ans et étaler cet effort sur 35 ou 40 ans permet bien entendu de se constituer une épargne plus importante qu'en commençant à 50 ans. D'autant plus qu'il y a à la fois l'aspect capital qu'on est prêt à mettre, mais également la capitalisation des revenus, d'intérêts et de dividendes qui viennent gonfler le patrimoine financier que nous évoquions plus tôt. De facto, si l'objectif c'est être indépendant financièrement des régimes par répartition, une fois à la retraite, il convient de commencer à capitaliser tôt. Où de jouer au loto.

Il y a effectivement plusieurs parcours possible. Le moins probable restant celui du jeu : une chance sur 116 millions de gagner à l'euro-million, par exemple. Mais il reste aussi possible de monter sa propre entreprise, son affaire, son business, et parvenir à le vendre plus d'un million d'euros (pour garder en tête le chiffre dont vous parlez). Le dernier chemin praticable étant celui de l'épargne, qui est cependant soumis aux aléas du risque, des marchés financiers, des rendements obligataires faibles… Aujourd'hui le processus est un plus long qu'il n'a pu l'être par le passé, quand les taux d'intérêts s'élevaient à 7 ou 8%. Même si le cours des actions progresse bien actuellement : elles ont pris 20% l'an passé. Sur le long terme, il vaut mieux jouer les actions que le placement obligataire, sachant qu'avec à la fois la valorisation du capital et les dividendes, logiquement les actions s'en sortent mieux que les produits de taux.

Le conseil simple mais efficace d'économiser le plus tôt possible est souvent donné (voir ici). Même si les systèmes de retraite ne sont pas les mêmes, cela marche-t-il également en France ? A quelles conditions ?

Aux Etats-Unis, on ouvre un plan retraite dès lors qu'on commence à travailler. Les régimes par répartitions américains sont faibles et donc quelqu'un qui veut avoir un bon niveau de retraite aux Etats-Unis est de toute façon forcé d'ouvrir un produit de retraite. Le plus tôt reste le mieux. La France faisait jusque récemment face à une autre logique. Jusqu'à maintenant, nous avions une bonne couverture via le régime par répartition, qui assurait un taux de remplacement de 58% (contre 20% aux Etats-Unis). De facto, il n'y avait pas besoin, ni le sentiment de nécessité, d'avoir un complément de retraite par capitalisation. Aujourd'hui ce sentiment évolue au fur et à mesure que le taux de remplacement baisse : ce complément d'épargne et ces ressources supplémentaires deviennent de plus en plus indispensables pour maintenir un niveau de vie décent une fois à la retraite.

En France, il y a plusieurs aspects : soit on a la chance d'être dans une entreprise qui a mis en place des logiques de retraites par capitalisation, et les salariés en bénéficient. C'est plutôt réservé aux grandes entreprises. Et dans les autres cas, il faut se le faire soi-même : il y a évidemment des contraintes notamment financières. Les revenus en France sont faibles, et par conséquent les possibilités d'épargnes ne sont pas infinies. Les ménages les plus modestes ont des difficultés à se constituer une épargne pour leur retraite.

Qu'en est-il de ceux qui n'ont pas pu prendre le temps d'économiser, plus jeunes ? Est-il possible de quitter le monde du travail avec un million en poche quand on commence à économiser aux alentours de 40 ans ?

Tout dépend des placements qu'on choisit de faire et sur quoi on mise. Si on choisit de jouer avec de l'obligation d'Etat rémunérée à 2%, ça sera bien évidemment difficile. Par définition, il faut prendre un peu de risque, ce qui veut dire jouer sur le plan des actions et accepter la possibilité d'avoir des mouvements d'accordéons, de yoyo et de passer parfois sous l'objectif voulu. Pour atténuer ces aspects, il faut savoir se diversifier. Je ne conseillerais à personne de tout miser sur une seule catégorie de support : il faut diversifier ses placements, ainsi que les zones géographiques pour bénéficier des croissances économiques associées. Aujourd'hui l'Asie va mal, les Etats-Unis vont mieux, c'est fluctuant.

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