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Immigration : l'exemple britannique 
de Claude Guéant
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Vue du Royaume-Uni

Dans une interview au Figaro ce jeudi, Claude Guéant annonce vouloir réduire l’immigration légale et cite en exemple le Royaume-Uni de David Cameron. Mais au fait, à quoi ressemble la politique d'immigration britannique ?

Bruno Bernard

Bruno Bernard

Anciennement Arthur Young.
Ancien conseiller politique à l'Ambassade de Grande-Bretagne à Paris, Bruno Bernard est aujourd'hui directeur-adjoint de cabinet à la mairie du IXème arrondissement de Paris.

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Après avoir voué Eric Zemmour aux gémonies, après s’être esbaudi devant l’inquiétante mue républicaine de Marine Le Pen, voici que le microcosme politico-journalistique s’est trouvé une nouvelle tête de turc en la personne de Claude Guéant.

La France dans les pas du Royaume-Uni

Il est vrai que le nouveau ministre de l’Intérieur a imposé d’emblée un style très ferme et que l’hystérie environnante actuelle n’en demandait pas tant pour repartir de plus belle. Le PS, la gauche à sa suite, retombe ainsi dans le piège classique tendu par la droite, présentant son visage le plus angélique aux Français et alignant les sorties outragées qui fleurent bon les années 1980 et la rhétorique triomphante de SOS Racisme.

Claude Guéant souhaite donc réduire l’immigration légale [1] et cite en exemple l’Allemagne et le Royaume-Uni. C’est effectivement déjà le cas outre-Manche et pourtant personne ne crie au fascisme

Le Gouvernement de David Cameron a été élu avec une politique très claire en matière d’immigration : limitation annuelle des entrées à 100 000, réduction du nombre d’immigrants non issus de l’UE [2], diminution de 25% du nombre de visas étudiants, rétablissement des contrôles à la sortie du territoire [3].

Une citoyenneté britannique très diverse

Conséquence de son empire, le Royaume est une terre d’immigration depuis toujours. Jugez en plutôt : il existe à coté de la citoyenneté britannique une foultitude d’autres formes de nationalité liées aux différents territoires (toujours dénommés colonies) qui furent contrôlés par la couronne : britannique d’outre-mer (ex : Kenya), britannique des territoires d’outre-mer (ex :  Gibraltar, Bermudes), ressortissant britannique (ex : Hong-Kong), sujet britannique (ex : Indien et Irlandais) et personne protégée britannique [4] (ex : Bruneï). Tous ces statuts ouvrent les portes de la fonction publique du pays conférant une grande richesse d’opinions et de cultures aux ministères londoniens.

Si le Royaume-Uni est généreux en accueillant chez lui ceux qu’il a colonisés, il a connu une vague d’immigration sans précédent de la fin des années 1990 jusqu'à aujourd'hui, en provenance notamment des pays de l’est de l’Europe. Le ministère de l’Intérieur a ainsi estimé à plus de 430 000 le nombre de Polonais qui sont venus travailler sur le sol britannique entre 2004 et 2007 et ce nombre ne prend en compte que ceux qui ont été enregistrés. A noter que la crise financière et ses conséquences (réduction drastique des budgets publics) font que nombre de ces immigrés économiques préfèrent désormais retourner chez eux [5].

Une tendance de fond européenne

Le 5 février dernier, Cameron, précédant Sarkozy, avait déclaré à Munich que le multiculturalisme d’Etat avait échoué. Il avait également affirmé que le Royaume-Uni avait besoin d’une identité nationale plus forte, cela ne vous rappelle rien ?

La démarche du ministre de l'Intérieur français s’inscrit donc dans une tendance de fond que connaissent actuellement les pays européens. Alors, cher Claude Guéant, permettez moi pour finir de vous dire que si jamais cela se passe mal en France en 2012, la Grande-Bretagne est toute prête à vous offrir l’asile.

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[1]Le Figaro, le 7 avril 2011

[2] A partir du 5 avril, les employeurs britanniques ne pourront faire venir, sous conditions, que 20 700 ressortissants non UE

[4] Pour ceux que les subtiles différences de ces statuts intéressent, cliquez ici

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