Cigarette électronique : pourquoi tant de haine ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Comment expliquer l’acharnement contre la cigarette électronique ?
Comment expliquer l’acharnement contre la cigarette électronique ?
©Reuters

(Va)peur de quoi ?

Alors que la plupart des études démontrent non seulement l’innocuité, mais également les bénéfices de la cigarette électronique, certains organismes publics, et non des moindres, tels que l’OMS ou encore la Commission européenne, continuent de la critiquer. La question qui se pose alors est : pourquoi tant de haine ?

Jacques Le Houezec

Jacques Le Houezec

Jacques Le Houezec est conseiller en Santé publique et en Dépendance tabagique, charter member de la SRNT (Society for Research on Nicotine and Tobacco) et directeur de www.treatobacco.net, la base de donnée sur les traitements de la dépendance au tabac, développée par la SRNT.

Voici son blog :

http://jlhamzer.over-blog.com/

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Si le doute méthodologique est le propre de toute attitude scientifique responsable, il ne semble pas pour autant nécessaire de faire campagne contre ce réel progrès. D’autant plus que les études favorables au produit s’accumulent. Le scepticisme change alors de camp, et on commence à s’interroger sur les raisons cachées qui font que certains s’en prennent à cette invention qui a déjà contribué depuis sa mise en circulation, il y a dix ans, à faire drastiquement baisser le nombre de fumeurs.

La nicotine en question

Depuis que l’on a reconnu que fumer était nocif pour la santé, on ne prend pas toujours la peine de s’interroger sur la cause réelle de ce danger. Or, comme l’a rappelé Michael Russell, le célèbre psychiatre anglais, "les gens fument pour la nicotine mais meurent des goudrons, du monoxyde de carbone et des gaz dangereux". Il est donc absurde de diaboliser la nicotine quand on sait que dans le tabagisme, ce qui tue, c’est la fumée. Ce point est crucial. Surtout au regard du phénomène de la cigarette électronique, autrement appelé vaporisateur personnel, et qui permet - c’est une première mondiale - à de nombreux fumeurs d’arrêter de fumer dans le plaisir et non la souffrance. Or, quel est le principal bénéfice de la e-cigarette par rapport à la cigarette classique ? C’est bien évidemment la réduction du risque.

Supprimer l’inhalation de la fumée est un facteur essentiel. On connaît un précédant de consommation de tabac non fumé : en Suède, le snus existe depuis plusieurs siècles. Il s’agit de tabac en poudre qui se place entre la joue et la gencive. Ce mode de consommation du tabac très répandu fait que la Suède est le pays dans le monde qui a le plus faible taux de cancer du poumon ainsi que de cancers oropharyngés (tous liés à l'inhalation de la fumée de tabac). Ces bons résultats devraient rassurer les experts quant aux risques hypothétiques de la cigarette électronique, ou de la vape, comme disent les utilisateurs. Pourtant il n’en n’est rien, et le snus est interdit de vente en Europe (sauf en Suède) depuis 1992.

En effet, les autorités européennes ont fait voter une directive dans laquelle ils suspectent que le vaporisateur personnel est susceptible de rendre les jeunes dépendants (ce qu’aucune étude n’a démontré aujourd’hui). Quant à l’Organisation Mondiale de la Santé, rejointe sur ce point par de nombreux pays, elle s’oppose au développement du vaporisateur personnel, en s’appuyant sur le principe de précaution…

De plus, les utilisateurs n'ont jamais été consultés. Pourtant, dans d'autres domaines de la réduction des risques, ils participent aux discussions.

L’unanimité des experts contre la surdité des politiques

En août 2015, le Public Health England, l’établissement de santé publique d’Angleterre, a publié un rapport basé sur 185 publications dans lequel les experts affirment que vaper serait au moins 95% moins nocif que de fumer. Plus récemment, en avril 2016, le Collège royal de médecine (RCP) de Londres, dans un rapport intitulé La nicotine sans la fumée : réduction du risque tabagique, a conclu que les effets négatifs sur le long terme de la cigarette électronique n’excèdent vraisemblablement pas 5% de ceux provoqués par la fumée de tabac. Ces études ont également démontré que les vapoteurs disposent désormais d’un outil pour arrêter de fumer. Ainsi, l’opinion scientifique et médicale mondiale semble quasi unanime sur le sujet de la vape et du tabac non fumé (snus). De même, les experts français dans leurs conclusions du premier Sommet de la vape (9 mai 2016 à Paris) ont conclu "qu'il convient d'encourager les fumeurs à essayer le vaporisateur personnel pour quitter leur dépendance au tabac".

Comment expliquer alors que certaines organisations mondiales et certains Etats mettent tant d’ardeur à combattre ce qui paraît comme un véritable espoir au sein de la lutte mondiale contre le tabagisme ? Pourquoi tant de haine et surtout, pourquoi s’opposer aux évidences ? Quand on sait qu’en France, fin 2014, selon les données de la Commission européenne, un million de fumeurs avaient arrêté de fumer grâce au vaporisateur personnel, et pas moins de 6 millions en Europe !

Comment expliquer l’acharnement d’une organisation réputée telle que l’OMS, dont la directrice n’hésite pas à se déclarer publiquement pour l’interdiction par les gouvernements de la cigarette électronique ? Sur quel argument se fonde l’institution, sachant que dans un rapport qu’elle a publié sur le tabac, paru en 2015, il n’y avait qu’une seule page consacrée à la cigarette électronique ? Il y a là, semble-t-il, une véritable incohérence qui ne repose sur aucune donnée scientifique et qu’il faudra finir par éclaircir. Espérons que les discussions de la Convention cadre pour la lutte anti-tabac de l'OMS (réunion CoP7 de la CCLAT qui aura lieu en Inde en novembre) permettront de faire bouger les lignes, mais le rapport qui sert de base à cette discussion ne semble pas en prendre le chemin.

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