Chômage, la France s’enfonce : ceux qui font mieux en Europe depuis 2 ans et demi, ceux qui font moins bien (et ce ne sont pas forcément ceux que vous croyez) <!-- --> | Atlantico.fr
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La France ne crée pas assez d'emplois pour compenser les destructions.
La France ne crée pas assez d'emplois pour compenser les destructions.
©Reuters

Echec

16 millions d’emplois manquent à l'Europe depuis son entrée en crise. Et alors que la France détruit beaucoup moins d’emplois que l’Italie ou l’Espagne, elle n'est pas parvenue à en créer suffisamment pour compenser, faute de réformes. A la moitié du mandat de François Hollande, les chiffres montrent que la politique menée est un échec.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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3.432 millions de chômeurs en France au mois de septembre 2014. Soit 19 200 personnes de plus en un mois, et 508 000 depuis l’entrée en fonction de François Hollande. Comme a pu le déclarer le ministre de l’emploi, François Rebsamen, la politique menée est un échec. « Soyons honnêtes : nous sommes en échec ». Il n’y a rien de plus à ajouter mais il reste à se pencher sur ce qui se passe ailleurs pour envisager l’ampleur du phénomène.

Si une simple comparaison des taux de chômage au sein de l’Union européenne n’est jamais satisfaisante à elle seule, elle permet d’apporter un point de départ.

Taux de Chômage EU 28. Source Eurostat

Concernant les grands pays de la zone euro, la situation est claire. L’Allemagne est à 4.9%, la France est à 10.5%, l’Italie à 12.3% et l’Espagne à 24.4%. A eux seuls, ces quatre pays constituent 75% de l’ensemble économique et 75% des emplois de la zone euro.

Au-delà du taux de chômage, c’est en comptabilisant le nombre d’emplois créés dans une économie que l’on peut mieux mesurer l’état de la situation.

Croissance des emplois en % depuis le 2e trimestre 2012. Source BCE

La première leçon est que la France détruit beaucoup moins d’emplois que l’Italie ou l’Espagne, mais elle n’est pas parvenue à en créer. Si le nombre de chômeurs augmente en France depuis deux ans et demi, c’est donc bien plus en raison de l’incapacité du marché de l’emploi à absorber la progression de la population active qu’en raison de destructions d’emplois.

De plus, en observant les mêmes données sur longue période, il devient évident que les quatre grands pays de la zone euro ont certes évolué différemment depuis la création de l’euro, mais pour un résultat identique en termes de création d’emplois, soit une progression d’environ 7% pour l’ensemble.

Croissance des emplois en % depuis le 1er trimestre 2000. Source BCE

Au début de l’année 2000, le taux de chômage était de 12.7% en Espagne, de 10.4 % en France, de 8.2% en Allemagne et de 10.6% en Italie. Mais si les créations d’emplois sont identiques entre les 4 grands pays au cours des 15 dernières années, la seule chose qui puisse réellement justifier les écarts actuels de taux de chômage relève de la démographie. En effet :

Croissance de la population en %. Source BCE

Mais la démographie ne fait pas tout. Et si la situation de l’Espagne « s’améliore » par la création de 200 000 emplois au cours de la dernière année, la raison en est simple. Le poids du chômage est si lourd dans le pays, à 27% au pire de la crise, que les salaires sont entrainés à la baisse. Ce qui se vérifie dans le graphique ci-dessous :

Déflateur du coût horaire du Travail. Source BCE

Alors que l’Italie et la France voient leurs coûts continuer d’augmenter, l’Espagne s’effondre et devient mécaniquement plus « compétitive », ce qui vient expliquer la légère amélioration des derniers mois sur le front de l’emploi. Dans une pure logique déflationniste.

Mais malgré ses difficultés, la France reste pourtant le pays le plus productif parmi les 4 grands. En rapportant le PIB de chaque pays au nombre de salariés, le constat est édifiant :

PIB annuel par salarié en milliers d’euros

Ce qui se reflète également en termes de compensation des salariés :

Compensation des salariés. Progression En %. Source BCE

Mais au cours de la dernière année, et malgré ses bas coûts, le pays le plus performant en termes de création d’emplois n’est pas l’Allemagne. Il s’agit du Royaume Uni et de ses 900 000 emplois crées, soit trois fois plus qu’outre Rhin. Depuis l’arrivée de François Hollande à l’Elysée, le Royaume Uni est en effet parvenu à créer 1.5 millions d’emplois, contre 500 000 en Allemagne. En Italie, en Espagne, et en France, c’est la destruction qui l’a emporté.

Car ce qui mine la situation de l’emploi en zone euro est avant tout un phénomène global à la zone euro :

Nombre d’emplois dans la zone euro. En milliers. Et tendance pré-crise (pointillée)

En effet, ce sont près de 16 millions d’emplois qui manquent au continent depuis son entrée en crise. 16 millions d’emplois perdus en raison d’un acharnement monétaire mis en place par la BCE,  acharnement auquel échappe le Royaume Uni. Perdus également en raison de l’absence des réformes de bases qui permettraient d’accompagner efficacement une relance monétaire. Sur le modèle mis en place au Japon par Shinzo Abe, l’Europe, et le France n’ont d’autre choix que de mettre en place un plan de bataille à double face.
Une relance monétaire massive devant être accompagnée de bouleversements de l’offre, contrat de travail unique, baisse de la fiscalité, recul de l’âge de la retraite etc… Un tel bloc est capable, en quelques mois, de profondément modifier le destin économique du pays. Le Royaume Uni va créer 1 million d’emplois en cette année 2014. Il suffit de s’en inspirer.

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