Lutte contre le chômage : aidons en priorité les très petites entreprises<!-- --> | Atlantico.fr
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Le chômage subit en juin, pour le deuxième mois consécutif, une hausse de 1,3 %...
Le chômage subit en juin, pour le deuxième mois consécutif, une hausse de 1,3 %...
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Chiffres du mois de juin

Le chômage subit en juin, pour le deuxième mois consécutif, une hausse de 1,3 % : c'est ce que viennent d'annoncer le Ministère du travail et Pôle emploi. Alors qu'une sortie de crise était annoncée, le nombre de demandeurs d'emploi est aujourd'hui de 4 103 700. Pour sortir de la crise, la priorité pourrait être de diminuer la pression fiscale sur les très petites entreprises afin de leur permettre d’embaucher davantage.

Hervé Lambel

Hervé Lambel

Hervé Lambel est candidat à la présidence du Medef et co-fondateur du CERF (Créateurs d'emplois et de richesse en France).

D’une lignée d’entrepreneurs, il est diplômé de l’EPSCI (Essec). Il entre en 2000 à la CGPME, puis fonde en 2003 le CERF, dont il devient Président et porte-parole en 2004. Il fait notamment partie des premiers lanceurs d'alerte sur la crise économique et les problèmes de trésorerie des entreprises. Il est également le créateur d’HLDC, société de service et d’investissement.

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Atlantico : Le chômage subit en juin, pour le deuxième mois consécutif, une hausse de 1,3 %. Comment l'analysez-vous  ?

Hervé Lambel : Cette hausse confirme les craintes du CERF (créateur d’emplois et de richesse de France) annoncées depuis le début de l’année. Nous avons hésité pendant plusieurs mois à écrire sur le sujet. Une grandes partie des analystes expliquaient, chiffres à l'appui, que nous étions en train de sortir de la crise économique. Cela ne correspondait pas à nos prévisions. Mais nous n’avons pas voulu jeter de l’huile sur le feu. 

Au début de l’année 2010, nous étions déjà très inquiets pour une raison toute simple : le prix des matières premières avait considérablement augmenté. S’en est suivi au deuxième semestre de cette même année, une nouvelle augmentation des prix des matières premières, notamment sur le prix du pétrole. A partir de là, il est évident que le chômage allait augmenter. En effet, les entreprises - surtout les PME (petites et moyennes entreprises) et TPE (très petites entreprises) - subissent ces augmentations de prix qu’elles ne peuvent pas répercuter dans leurs prix de vente et voient ainsi leurs marges s’effondrer. L’entreprise dégage donc moins de ressources et ses besoins de trésorerie augmentent.

C’est pour cette raison que nous étions inquiets. Cette situation ressemblait à celle que nous avons connu fin 2007. Le CERF avait alerté l’opinion mais le gouvernement n’avait alors pris aucune mesure d’urgence.

Malheureusement, l’histoire nous donne une deuxième fois raison. Les banques font du financement d’investissement. Les entreprises ont besoin de financement de trésoreries. Par conséquent, les entreprises resserrent partout où elles peuvent, ce qui a un impact sur leur chiffre d’affaire, leur trésorerie et leurs risques de défaillance qu'elles finissent par augmenter. Nous avions prévu - grâce à une analyse des prix internationaux, des matières premières, et de l’énergie - qu’une augmentation des défaillances d’entreprise allait déboucher sur une augmentation du chômage avant l’été. 

Ce sont donc les petites entreprises qui sont les plus touchées ?

Toujours. Elles représentent 96% des entreprises en France mais elles sont défaillantes à 93%. Les analyses de la COFACE expliquaient que l’augmentation des défaillances n’avait pas de grandes conséquence sur l’augmentation du chômage. Mais c’est parce que nous ne mesurons pas l’emploi dans les très petites entreprises, ou en tout cas pas ses variations, en dehors des données trimestrielles des entreprises de plus de 49 salariés. Ce qui se passe dans les TPE, n'est ainsi pas assez pris en compte.

Qu’anticipez-vous pour la rentrée ? Le chômage va-t-il continuer d'augmenter ?

Il existe de grosses incertitudes. Si la situation internationale est déstabilisée, cela fera augmenter la pression sur les banques. Or, Bâle III - une nouvelle réglementation pour les banques - est en train d’être mis en place. Cela signifie que le financement des entreprises par les banques va diminuer.

Nous nous trouvons donc dans une situation où les entreprises vont sûrement être financièrement dégradées. Nous ne pouvons pas savoir ce qu'il adviendra du chômage, mais nous ne débordons pas d’optimisme.



Quelles mesures d’urgence faudrait-il prendre pour enrayer la hausse du chômage ?

Tout d’abord, le gouvernement a commencé à mettre en place, suite à une proposition du CERF, des éléments d’observation qui permettraient au ministre de l’Economie, aux PME et aux TPE de suivre l’évolution économique

Ensuite, la première mesure indispensable à prendre pour enrayer la hausse du chômage - et même pour le faire baisser - serait que, pendant un an, toute nouvelle embauche dans une TPE corresponde à une diminution des charges à payer à l’Etat. Autrement dit, lorsqu’une entreprise embaucherait quelqu’un, elle pourrait déduire son salaire de la déclaration trimestrielle de charges qu'elle fait à l’Etat

Aujourd’hui, les petites entreprises peuvent avoir besoin de mains d’œuvre pour répondre à un carnet de commande, mais elles ne recrutent pas car il est hors de question que l’entreprise augmente sa masse salariale, c’est-à-dire sa pression financière. Sa visibilité et sa trésorerie ne le permettent pas. Cette situation ne permettra pas de relancer la croissance des entreprises, puisque nous ne sortirons de la crise que par l’activité. 

Notre mesure est destinée au moins de 26 ans et au plus de 55 ans : en matière de budget, l’Etat ne peut pas assumer un salarié pendant 30 ans sur la base d'une diminution des charges à payer. En effet, au bout de dix ans, le salarié âgé de 55 ans sera à la retraite. Quant au jeune qu'une entreprise embaucherait à l’âge de 15-16 ans, nous préconisons qu’il sorte du dispositif vers 25 ans. 

La première année, les déductions de charge se feraient à taux plein, puis, les années suivantes, elles se réduiraient peu à peu. En contrepartie, il existerait une vraie création de richesse pour les entreprises. Elles pourraient ainsi disposer de compétences qu’elles n’auraient jamais pu se payer autrement : les charges qu’une entreprise payent pour trois salaires lui permettraient, par exemple, de payer un quatrième salarié. Par conséquent, si une entreprise compte 15 salariés, au lieu de payer un taux élevé de charges pour chaque employé, elle pourra créer un emploi très qualifié (un Directeur export ou un Directeur administratif, par exemple). In fine, elle pourrait restructurer ses organisations interne et financière afin d’être plus efficace et s’ouvrir ainsi à de nouveaux marchés.

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