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Chômage : et si François Hollande s'apprêtait finalement à gagner son pari grâce à Manuel Valls et Emmanuel Macron ?
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Atlantico Business

La publication des derniers chiffres de l’emploi apporte des signes d'une amélioration indiscutable, mais génère à gauche une cacophonie de commentaires un peu inquiétante.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Ce qui est incroyable, c’est le ridicule des commentaires politiques autour du chômage. Enfin les commentaires faits par la gauche. En 48 heures, on a entendu tout et n’importe quoi. La droite, elle, se tait et elle a bien raison.

La semaine a commencé par une grande messe célébrant les réformes de gauche du Président qui est devenu inaudible. Les derniers grognards de la garde, les fidèles des fidèles rameutés par Stéphane Le Foll étaient là pour dérouler les évangiles. Très bien, la grande messe avait pour but de montrer que François Hollande n’avait pas trahi ses promesses de campagne et qu'il avait tout fait pour les pauvres et les malheureux. Personne n’a relevé qu’il en avait surtout augmenté le nombre.

Le lendemain, une rumeur habilement distillée dans l'après-midi laisse entendre que les chiffres du chômage pour le mois de mars seront nettement améliorés, et d’envoyer de l’Elysée des éléments de langages à tous ceux qui seraient invités sur les plateaux de télévision avec une phrase-clé : la courbe du chômage s'est retournée. Donc tout va mieux. Beaucoup mieux grâce à la politique de François Hollande.

Le lundi, tout va bien parce qu’on a fait une politique de gauche. Le mardi soir, tout ira mieux parce qu'on a fait le pacte de compétitivité. Le lundi, on nous explique qu'il ne faut pas compter sur les entreprises pour qu'elles tiennent leurs engagements. Le mardi, on nous rappelle que la baisse des charges a quand même débloqué l'emploi.Le lundi, les patrons sont encore un peu voyous, mais le mardi certains ont fait amende honorable.

Si l'opinion publique comprend quelque chose à cette situation, le Gouvernement aura beaucoup de chance. En fait, la dichotomie des commentaires correspond à la schizophrénie du Gouvernement. Un coup à gauche pour faire plaisir aux grincheux et aux frondeurs, ceux qui pensent que c’était mieux avant. Un coup à droite pour reconnaître que les moteurs de l'activité sont plus nombreux dans les entreprises que dans les partis politiques.

La vérité dans tout cela, c’est que le Gouvernement ne sait plus où il habite. Il a deux maisons et "qui a deux maisons, dit le proverbe, perd la raison".

L'explication de cette cacophonie tient en trois actes, comme au théâtre.

1) Le constat. Les chiffres dénotent une nette amélioration de l’emploi en avril, et même sur les populations à risques : les seniors et les jeunes. Cette amélioration est imputable au secteur privé (pour une fois) parce que l'activité économique s’est améliorée depuis six mois. On le voit, on le sent sur la croissance, les rentrées fiscales, les importations, la consommation et même l'investissement.

2) L’explication. Très simple, l’environnement international ne pouvait pas être meilleur depuis un an. Les taux d'intérêts sont proches de zéro, l'euro a baissé, le pétrole a perdu la moitié de son prix, la BCE a inondé l'Europe de liquidités… Que demander de plus ? Surtout que les premières mesures du Gouvernement ont commencé à provoquer quelques effets dans les entreprises. Le CICE, le contrat d'impôt et d’emploi conjugué au pacte de compétitivité ont quand même contribué à alléger les trésoreries des entreprises. Les entreprises ont les moyens d’investir et de se rééquiper, l'immobilier repart doucement…

3) Coupables et responsables. Les ingrédients du redressement sont en place depuis plus de deux ans. Louis Gallois est intervenu très très vite. La question est : pourquoi les ressorts n'ont pas fonctionné plus tôt ? La réponse est : parce que les chefs d’entreprise n'avaient pas confiance. Or, il se trouve que depuis un an, et plus précisément depuis six mois, les partisans d'une politique pro-business au sein du Gouvernement ont donné de la voie. Le débat entre Manuel Valls et Emmanuel Macron a trait sur des questions de personne et pas de politique. La vigueur de ce débat a montré aux chefs d’entreprise que la politique française avait vraiment changé. La majorité du Parti socialiste a certes volé en éclat puisque les frondeurs ont fait cessation. Arnaud Montebourg est passé aux oubliettes, il est resté un discours de fond sur l’entreprise et sur la nécessité de moderniser le système capitaliste et l'organisation du travail.

Ce discours-là était très homogène, partagé par les trois principaux acteurs de la gouvernance qui attiraient tous les médias : Macron, Valls et Hollande. Personne ne sait si ce triumvirat tiendra jusqu’en 2017 ou s’il explosera sous le poids des ambitions personnelles, mais ce qui est sûr c’est que la musique composée par Manuel Valls, écrite et chantée par Emmanuel Macron avec un chef d'orchestre qui avait du mal à suivre, a quand même imprégné fortement le monde des affaires.

Depuis six mois, le monde des chefs d'entreprise a acquis la conviction que la gouvernance française s’était convertie aux contraintes de la réalité de l'économie de marché. D'où la meilleure visibilité, d’où les décisions d'embauche. Et cette conversion, il est évident que le système la doit à Manuel Valls et à Emmanuel Macron.

Par conséquent, si François Hollande réussit à inverser durablement la courbe du chômage et à obtenir un climat moins anxiogène sur le front de l’emploi, il le devra à l’environnement international mais il n’y est pour rien, à la mise en place de quelques réformes de compétitivité installées par Manuel Valls, mais il le devra surtout à Emmanuel Macron qui a diffusé une pédagogie libérale et qui a montré aux chefs d’entreprise que ce pays pouvait évoluer.

Première moralité : Emmanuel Macron va avoir intérêt à continuer de distiller un discours assez radical dans les mois qui viennent ; et François Hollande, aussi curieux que cela puisse paraître, va avoir intérêt à le garder dans son équipe.

Deuxième moralité : les coupables désignés par la gauche de la gauche d’avoir politiquement planté le quinquennat de François Hollande sont aujourd’hui responsables des quelques chances de redressement économique.

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