Charia, statut des minorités, Droits de l'homme... À quoi ressemblera l’Égypte des Frères musulmans ? <!-- --> | Atlantico.fr
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Mohamed Morsi a été élu avec 51,73 %.
Mohamed Morsi a été élu avec 51,73 %.
©Reuters

Islamisme

Le candidat des Frères musulmans, Mohamed Morsi a été donné vainqueur de l’élection présidentielle en Égypte. Avec 51,73 % des voix, Morsi devient le premier président élu au suffrage universel. Les frères musulmans ont pour mission d'instaurer un État islamique moderne, à quel prix ?

Denis Bauchard

Denis Bauchard

Ancien diplomate et spécialiste du Moyen-Orient, Denis Bauchard est consultant à l'IFRI.

Il est également l'auteur de  Le nouveau monde arabe : enjeux et instabilités paru en 2012 aux éditions André Versaille.

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Atlantico : Mohamed Morsi a été élu avec 51,73 % des voix. Faut-il vraiment s’inquiéter de l’arrivée des Frères musulmans en Égypte ?

Denis Bauchard : Avant toute chose, je pense qu’il est nécessaire de constater la victoire de Mohamed Morsi. C’est la première fois qu’un souverain en Égypte est élu au suffrage universel. Le candidat des Frères musulmans a gagné avec une nette majorité. Je reste quand même persuadé que son élection résulte d’un vote par défaut. Mohamed Morsi a néanmoins une forte légitimité. Il a reçu des félicitations non seulement de plusieurs pays du monde arabe et du monde occidental mais également du Maréchal Tantaoui, Chef du Conseil Suprême des Forces Armées (CSFA).

Est-ce qu’il faut s’en inquiéter ? Je pense qu’il faut attendre. Mohamed Morsi sera jugé sur ses actes. Tout reste à préciser sur la manière dont il va gouverner. Par le passé, Mohammed Morsi a fait des déclarations ambiguës, on peut craindre effectivement qu’il souhaite promouvoir la charia (loi islamique). Il sera sans doute amené à évaluer de manière pragmatique les problèmes et les défis qu’il va devoir gérer. Je pense que des discussions sont en cours entre les Frères musulmans et le CSFA pour organiser une transition paisible. Le CFSA s’était engagé à remettre aux civils ses pouvoirs au 1er juillet. Nous verrons bientôt s’il le fera ou s’il y aura de nouvelles déclarations constitutionnelles qui vont modifier ou valider les déclarations précédentes.

Quel visage va prendre l’Egypte maintenant ?

C’est très difficile d’anticiper la politique qui va être menée. Déjà, nous devons savoir qui gouverne vraiment ? Est-ce que ce sera le président ? Quel gouvernement va-t-il choisir ? Le gouvernement sera-t-il homogène ou sera-t-il de coalition ? Je pense que le gouvernement devra préciser plusieurs ambiguïtés, notamment sur l’application de la Charia, sur le statut des minorités et des droits de l’homme.Enfin, ce gouvernement va devoir faire face à plusieurs défis comme l’économie. L'Égypte connait une crise économique grave du fait par exemple d’un manque de touristes, de troubles sociaux et d'un manque d’investissement. Enfin, l’autre grand défi de Mohamed Morsi sera la politique internationale. Quelle politique va mener l’Egypte à l’égard d’Israël, du monde arabe et de l’Iran ?

Mohamed Morsi a voulu rassurer au-delà de son électorat « je suis le président de tous les Égyptiens ». Quels peuvent être ses principaux opposants ?

Il y a plusieurs sensibilités politiques et minorités religieuses qui s’inquiètent de voir un président appartenant aux Frères musulmans. Ce parti politique prône pour un islamisme politique dont l’objectif est de promouvoir la charia. Les chrétiens (coptes)  par exemple préféraient Ahmad Chafik. Il y a également, les jeunes qui ont fait la révolution place Tahir. Ces jeunes étaient tournés vers l’étranger, ils aspiraient à plus de liberté. Aujourd’hui, ils s’inquiètent de l'élection d’un président qui pourrait mettre en place un ordre islamique. Enfin, il y a un troisième courant à savoir les éléments salafistes les plus durs. Ce mouvement représenté par le parti Al-Nour a gagné environ 20% des sièges pendant les élections législatives, il risque d’être un opposant farouche si le gouvernement ne promeut pas assez "le bon islam" de manière convaincante.

Propos recueillis par Charles Rassaert

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