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Cet alignement des astres qui pourrait tout changer pour la recherche spatiale
©BENOIT DOPPAGNE / BELGA / AFP

Budget record

Les 22 pays membres de l'Agence spatiale européenne (ESA) ont voté ce jeudi un budget de 14,4 milliards d'euros pour financer les nouveaux programmes. Cette somme va permettre à l'Europe de rester compétitive dans le secteur spatial.

Olivier Sanguy

Olivier Sanguy

Olivier Sanguy est spécialiste de l’astronautique et rédacteur en chef du site d’actualités spatiales de la Cité de l’espace à Toulouse.

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Atlantico.fr : L'agence spatiale Européenne a augmenté jeudi son budget de 10% afin de coordonner deux missions à un an d'intervalle seulement et prévues courant 2030. La première consisterait à bâtir un télescope à rayons X géant et la seconde à envoyer trois satellites qui pourraient capter les ondes gravitationnelles.

Pouvez-vous nous expliquer ces deux projets à venir ? Pourquoi sont-ils aussi attendus ?

Olivier Sanguy : On parle ici d’Athena et de LISA. Athena, qui signifie aussi Advanced Telescope for High-ENergy Astrophysics, est un projet de télescope spatial dédié à l’observation des rayonnements X, autrement dit c’est l’astronomie des hautes énergies et d’objets comme les trous noirs. LISA, pour Laser Interferometer Space Antenna, consiste en 3 satellites dont chacun «vise» les deux autres avec un rayon laser. Ceci permettra de détecter les ondes gravitationnelles avec beaucoup plus de précision que ce qu’on fait sur Terre. Prévues par la théorie de la relativité d’Einstein, les ondes gravitationnelles sont en quelque sorte une nouvelle fenêtre d’observation sur notre Univers, particulièrement sur certains phénomènes liés aux trous noirs supermassifs tapis au centre des galaxies ou lorsque deux trous noirs fusionnent. Avec Athena et LISA, dont les lancements sont prévus dans la décennie 2030, l’Agence Spatiale Européenne s’engage à long terme afin de se doter des outils qui deviendront indispensables pour aller encore plus loin dans la connaissance du Cosmos et ainsi assurer l’avancement de la science. Et au passage garantit à l’Europe de jouer un rôle prépondérant dans ces domaines.

Ces projets - y compris le projet Copernicus - sont mis en avant par les pays de l'UE. Avons-nous un avantage sur les autres pays ? L'Europe peut-elle se démarquer des autres avec ce type d'innovations ?

Copernicus est en effet un autre bon exemple de ce que permet l’Europe spatiale. Je rappelle que Copernicus est un programme d’observation de notre planète initié par l’Union européenne et mis en œuvre pour son segment spatial par l’Agence Spatiale Européenne. Grâce à lui, l’Europe dispose en toute indépendance de satellites qui scrutent la Terre et récoltent de multiples données (état de la couverture végétale, température et niveau des océans, qualité de l’air, etc.) tout en autorisant un suivi inégalé du changement climatique. Les données de Copernicus sont d’ailleurs fournies gratuitement à la communauté scientifique, mais aussi aux entreprises qui en dérivent alors des services innovants. Outre créer des emplois par de nouvelles activités, Copernicus rend service quotidiennement aux citoyens européens par exemple en améliorant les relevés météo ou en détectant des sources de pollution. Le principe directeur est qu’on ne peut pas bien gérer ce qu’on connaît mal : Copernicus fournit donc les données nécessaires à la bonne gestion des territoires, que ce soit pour l’eau, la qualité des sols, la prévention des risques naturels, etc. En unissant ses capacités, l’Europe se dote ainsi d’outils spatiaux que les pays ne pourraient pas financer s’ils le faisaient chacun de leur côté. L’avantage d’un tel effort, c’est qu’il demande des innovations technologiques qui poussent à aller de l’avant. On peut le voir comme un moteur d’excellence qui aide l’industrie européenne à se démarquer dans un fort contexte de concurrence internationale.

La France est-elle en passe de devenir une figure de proue dans le domaine spatial ?  Sommes-nous en train de vivre un tournant majeur dans l'exploration de l'espace ?

La France est déjà un acteur important du spatial. N’oublions pas qu’en 1965, la France est devenue avec le satellite Astérix (qu’on peut voir en maquette taille réelle à la Cité de l’espace) le troisième pays capable de placer un objet sur orbite après l’Union soviétique et les États-Unis ! La France, avec son agence spatiale CNES, a non seulement ses propres programmes et ses propres compétences, mais elle est aussi un moteur incontestable de l’Europe spatiale et de l’Agence Spatiale Européenne. S’il est délicat de parler de tournant majeur, il semble en revanche évident que les décideurs politiques sont de plus en plus conscients du fait que le spatial n’est pas seulement une activité qui prépare le futur. C’est également un outil qui sert concrètement le présent et dont on ne peut plus se passer.

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