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Ces raisons grâce auxquelles la France a le taux de mortalité le plus bas d’Europe
©Flickr/Vermin Inc

Good job

D'après des statistiques publiées par Eurostat, la France serait le pays ayant le taux de mortalité le plus faible de l'UE. Dans les faits, l'hexagone combine deux facteurs favorables.

Atlantico : Selon les statistiques publiées par Eurostat, la France serait le pays ayant le taux de mortalité le plus faible de l'Union européenne, avec 859 décès pour 100 000 habitants. Quelles sont les causes de cette bonne position française, quels sont les atouts du pays qui viennent expliquer ce chiffre ?

Laurent Chalard : Les statistiques publiées par Eurostat concernant le taux de mortalité sont particulièrement intéressantes car ce taux a été recalculé à structure par âge identique, ce qui permet d’éviter le biais traditionnel dans l’analyse comparative des taux de mortalité entre pays lié à des différences de structure par âge (un pays très vieilli a mécaniquement un taux de mortalité plus important qu’un pays jeune).

A l’arrivée, deux principaux facteurs expliquent les différences de taux de mortalité ajustés en fonction de la structure par âge entre pays européens : le niveau de richesse (plus une population est argentée, mieux elle est soignée) et les spécificités des modes de vie (régime alimentaire, régime de sécurité sociale, pénibilité du travail…).

Concernant la France, elle combine deux facteurs favorables. Elle fait partie des pays européens aux niveaux de richesse les plus élevés, même si elle n’est pas en tête, et elle a un mode de vie plus favorable que les autres pays européens plus riches d’Europe septentrionale. En effet, comme ses deux voisins méditerranéens, que sont l’Espagne et l’Italie, le régime alimentaire français est de bien meilleure qualité que dans le reste de l’Europe, avec une consommation de fruits et légumes plus importante et de viande moindre, ainsi qu’une consommation d’alcool de type vin et non d’alcools forts. Le système de sécurité sociale universel assure la quasi-totalité de la population d’un accès correct au soin, ce qui n’est pas forcément le cas au Royaume-Uni par exemple. En outre, le rythme de travail (35 heures par exemple) est moindre qu’en Allemagne ou au Royaume-Uni, et la tertiarisation plus importante en France qu’en Allemagne conduit à une moindre pénibilité du travail.

De l'autre côté du spectre, des pays comme la Bulgarie, la Roumanie ou la Hongrie affichent des niveaux dépassant, parfois largement, les 1500 décès pour 100 000 habitants. Ici encore, comment expliquer la situation ? 

Assez logiquement, les pays d’Europe orientale affichent des taux de mortalité ajustés en fonction de la structure par âge plus élevés qu’en Europe de l’ouest pour les deux mêmes raisons déjà mentionnées précédemment. Ce sont des pays moins riches, en particulier la Bulgarie et la Roumanie, les plus pauvres de l’Union Européenne, facteur défavorable à une mortalité basse. Ce sont aussi d’anciens pays communistes qui héritent de comportements à risque, comme la surconsommation d’alcools forts, conduisant à plus de morts prématurés, et qui ont des conditions de travail dans l’industrie beaucoup plus difficile.

Peut-on imaginer une forme de convergence de ces taux au niveau de l'Union européenne à l'avenir ou est-ce que des facteurs structurels pourraient expliquer durablement une divergence de ces taux ? 

A moyen-terme, on constate une certaine convergence de taux de mortalité ajustés en fonction de la structure par âge, puisque l’espérance de vie a fortement augmenté dans les pays d’Europe orientale depuis la chute des régimes communistes. D’ailleurs, les pays d’Europe orientale les plus proches de l’Europe occidentale et les plus développés ont, en règle générale, des taux de mortalité moindres. C’est le cas de la Slovénie, au taux de mortalité inférieur à la moyenne européenne et à l’Allemagne ! Son mode de vie méditerranéen fait plus que compenser l’écart de richesse avec la première puissance économique du continent. C’est aussi à un degré moindre le cas de l’Estonie. En conséquence, sauf si la situation économique des pays d’Europe de l’Est venait à se dégrader de manière sensible par rapport à l’ouest, le phénomène de rattrapage des niveaux d’espérance de vie devrait se poursuivre et donc les taux de mortalité continuer de converger.

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