Ces médecins qui prescrivent de se plonger dans un environnement bleu <!-- --> | Atlantico.fr
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Les falaises d'Etretat.
Les falaises d'Etretat.
©LOIC VENANCE / AFP

Il en faut peu pour être heureux

Des chercheurs assurent que les environnements bleus naturels (mer, rivières, lacs...) peuvent être un outil puissant et pratique pour la santé mentale.

Pascal Neveu

Pascal Neveu

Pascal Neveu est directeur de l'Institut Français de la Psychanalyse Active (IFPA) et secrétaire général du Conseil Supérieur de la Psychanalyse Active (CSDPA). Il est responsable national de la cellule de soutien psychologique au sein de l’Œuvre des Pupilles Orphelins des Sapeurs-Pompiers de France (ODP).

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Atlantico : Des chercheurs écrivent depuis dix ans sur les bienfaits des « espaces bleus » et assurent que les environnements bleus naturels peuvent être un outil puissant et pratique pour la santé mentale. Comment expliquer que le fait d'être dans ou à proximité d'environnements et d'espaces bleus tels que les rivières, les lacs et la mer pourrait stimuler notre bien-être émotionnel ?

Pascal Neveu : On peut à nouveau remercier les anglo-saxons pour nous sortir des études totalement contestables pour ne pas dire stupides, proches de mouvances sectaires.

Je peux immédiatement y opposer théoriquement le fait qu’un embryon, futur bébé, nourrisson se développe dans une matrice nourricière composée d’un bain marin, composée du meilleur sur le plan organique, parfois du pire sur le plan psychique et intra utérin en fonction du vécu de la maman.

Je peux évoquer Michel Pastoureau qui va décrire et révéler que le bleu est la couleur la plus apaisante pour « l’âme » jusque arriver au bleu Klein.

Bien évidemment l’eau nous attire car d’une part physique et consciente, le corps s’y sent très bien et en protection, sauf pour celles et ceux qui ne voient pas l‘en dessous, requins et autres monstres marins à analyser…

Mais l’eau ce sont les premiers bains du bébé (et je n’évoque pas les nouveaux nés sous eau), les jeux… Dès qu’on voit de l’eau, une piscine… nous n’avons qu’une envie : y plonger et en plus cette question du souffle... donc de la vie et de la mort.

Alors pourquoi bleu ? Car l’eau est limpide et sans couleur sauf dans ses tréfonds… où elle peut devenir sombre, obscure et noire.

Le concept de santé bleue est apparu il y a près de 10 ans lorsque des chercheurs de l'Université du Sussex ont demandé à 20 000 personnes d'enregistrer leurs sentiments à des moments aléatoires. Ils ont recueilli plus d'un million de réponses et ont constaté que les gens étaient  de loin les plus heureux lorsqu'ils se trouvaient dans des espaces bleus. Quels sont les principaux effets sur le plan psychologique et pour l’organisme lorsque l'on se retrouve dans ou à proximité d'environnements bleus ? Quels sont les mécanismes à l’œuvre ?

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On avait fait une étude similaire face aux adeptes de la montagne.

On avait découvert que les personnes les plus dépressives étaient adeptes d’ouvertures fermées donc de montagnes… que les personnalités s’ouvrant sur une mer ou un océan étaient plus dans un monde créatif et onirique.

Cela nous avait surpris car la beauté d’une montagne ou d’un paysage semblait tout autant plaisant qu’une pensée face à la mer, et le nombre de suicidaires à Etretat.

Les études ont montré que de manière cognitive, l’occultation du « loin » et donc du lointain trouble le psychisme, comme si un mur se présente à soi, et bloque la capacité psychique à se projeter dans le futur et sa créativité.

C’est un marché énorme d’escrocs de l’affect et de ceux qui vendent pierres et eaux magiques ! Un Lourdes à ciel ouvert dont combien ont été condamnés.

Se rendre au bord de l’eau, pratiquer des activités marines, se retrouver dans des espaces bleus, conjugués à de la thérapie peuvent-ils permettre de réduire la prise de médicaments pour les personnes nécessitant un traitement parfois trop lourd pour la dépression ou le mal-être psychologique ? Cela peut-il être une forme de thérapie ou un complément idéal pour se sentir mieux sur le plan psychologique, voire même sur le plan de la santé ? 

On le sait, via des articles scientifiques incontestables, la prise chronique de médicaments peut engendrer des neurodégénérences, mais ils restent indispensables face à certaines pathologies.

Pour autant, j’ai toujours défendu d’autres approches thérapeutiques tant qu’elles restent cadrées et ne sombrent pas dans des mouvances sectaires.

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Ensuite il y a être présent face à l’eau et pratiquer une activité acquale.

Certes nos amis américains qui défendent cette théorie nous rapportent des études contestables, évoquant des « bienfaits surprenants » sur des chiffres 6 personnes, et des associations de « bienfaisance »…

Ils sont simplement passés du vert au bleu !

Une nouvelle forme d’écologie qui adjoint la psychanalyse et le divan qui est divinement la matrice au sein de laquelle il faut plonger afin d’obtenir l’abréaction.

Cette abréaction, on peut l’obtenir sans passer dans sa baignoire, dans une piscine, dans une mer…parce que l’abréaction elle avant tout au fond de soi.

L’espace bleu c’est avant tout se dire et se vivre « j’explore » et je « m’explore ».

La thérapie se vie sur le divan avec abréaction… pas dans la mer, pas dans le bleu. Sauf si un événement avec émotions fait dire des choses sur le divan.

On pourra m’attaquer autant que possible… mais la meilleure acqua reste le divan, machine à remonter le temps… où on plonge, on respire et on revit !

Pas ces activité marines non thérapeutiques, qui ne sont que des pis allers.

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