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De Donald Trump à Ségolène Royal, comment gagner ou perdre quand on se présente à une présidentielle sans son parti
©JIM LO SCALZO / POOL / AFP

A contre courant

Donald Trump a remporté l'investiture du parti Républicain et est devenu Président des Etats-Unis par la suite. Il a réussi cela alors qu'il n'avait pas tout les soutiens au sein de son camp. Il a employé des méthodes pour remporter l'adhésion de l'opinion. Il a surtout su convaincre sur sa personnalité.

Gérald Olivier

Gérald Olivier

Gérald Olivier est journaliste et  partage sa vie entre la France et les États-Unis. Titulaire d’un Master of Arts en Histoire américaine de l’Université de Californie, il a été le correspondant du groupe Valmonde sur la côte ouest dans les années 1990, avant de rentrer en France pour occuper le poste de rédacteur en chef au mensuel Le Spectacle du Monde. Il est aujourd'hui consultant en communications et médias et se consacre à son blog « France-Amérique »

Il est aussi chercheur associé à  l'IPSE, Institut Prospective et Sécurité en Europe.

Il est l'auteur de "Mitt Romney ou le renouveau du mythe américain", paru chez Picollec on Octobre 2012 et "Cover Up, l'Amérique, le Clan Biden et l'Etat profond" aux éditions Konfident.

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Atlantico : Donald Trump a dû mener sa campagne présidentielle malgré le manque de soutien de la part d'une grande partie du parti Républicain. Quelles sont les leçons que l'on peut retenir de Donald Trump qui a réussi à tenir et devenir Président des Etats-Unis ? 

Gérald OlivierOn peut retenir deux leçons de l’élection de Donald Trump. La première leçon, c'est que Donald Trump était  le bon candidat au bon moment. L'électorat américain voulait une rupture ;  voulait quelqu’un qui  ne vienne pas du sérail politique. C’était le cas de Donald Trump qui  n'avait jamais été élu pour un seul  mandat, ni même nommé à un quelconque poste à responsabilités publiques. Son offre de renouveau a séduit l'électorat. Sa popularité dans l'opinion a été renforcée par le fait que certains membres du parti Républicain et pratiquement l’ensemble des médias ont essayé de décrédibiliser sa candidature,  lors des primaires, et même au-delà des conventions nationales. Ces attaques n’ont fait que renforcer son image de candidat hors  "système" et ont donc  renforcé sa légitimité auprès de l'opinion. Il faut néanmoins reconnaître que le parti Républicain a respecté le processus démocratique d’un bout à l’autre des primaires.  Reince Priebus, qui était alors le président du RNC, le « Republican National Committee », et donc l’autorité suprême sur le déroulement des primaires n’a jamais cherché à disqualifier, ou désavantager  Trump comme les Démocrates ont pu le faire avec Bernie Sanders. .

La deuxième leçon que l'on peut retenir, c'est que le candidat qui est resté fidèle à lui-même a gagné.  Donald Trump n’a jamais consenti à modérer son langage ou son attitude. Il n’a jamais changé d’attitude ou d’opinion. Il n’a jamais envisagé de changer de telle ou telle phrase de ses discours pour gagner un ou deux points dans les sondages.  Il a su rester fidèle à son tempérament et ses convictions.  Il s'est posé comme quelqu'un qui dit ce qu’il pense, quelles qu’en soient les conséquences, et ne dira jamais ce qu'on veut lui faire dire, sous prétexte qu’il y aurait un bénéfice politique à en tirer. Cette droiture a été appréciée. Elle a convaincu l’électorat républicain que Trump ne se laisserait pas manipuler par la classe politique. 

Quels exemples de compromis a-t-il dû accepter pour donner des gages aux Républicains ? 

Gérald Olivier : Je ne sais pas si l’on peut parler  de « compromis ». Mais Donald Trump n’étant pas un conservateur  dans l’âme, ni même un républicain pure souche, il a dû donner des gages envers les Républicains pour les rassurer sur ses engagements.  Il l’a fait au sujet de ses possibles nominations de juges à la Cour Suprême, dont un siège est actuellement vacant et qui compte trois autres juges  âgés, ou malades,  parmi les neuf juges qui siègent. Donald Trump a adressé une liste de vingt noms susceptibles de satisfaire le Parti Républicain. La liste n’a pas été établie  par Donald Trump lui-même.  Ce sont ses  conseillers qui l’ont élaborée, mais elle lui a permis de gagner des soutiens au sein du parti et le mois dernier, une à la Maison Blanche, Trump a effectivement nommé l’un de ces vingt juges, Neil Gorsuch , pour succéder à Antonin Scalia. Gorsuch doit maintenant être confirmé par le Sénat, la procédure est en cours et pourrait être tumultueuse car de nombreux démocrates s’opposent à ce choix…  

Son absence de parcours politique a-t-elle pu être déterminante pour assurer sa victoire à la présidentielle américaine ? 

Gérald Olivier : Donald Trump était inattaquable, sur le plan politique. N’ayant jamais appartenu au « système »,  au contraire d’Hillary Clinton qui en était à la fois le produit et l’organisatrice,  menant une campagne résolument « anti-establishment », Trump s’est présenté comme l’homme du peuple, capable de rendre le pouvoir au peuple. L’ironie, bien évidemment,  est que Trump est multi milliardaire. Mais son argent ne l’a pas desservi,  car malgré son immense fortune il est resté proche du peuple de par son accent, de par son langage,  de par ses références, de par ses nombreuses imperfections et multiples lacunes historiques et intellectuelles... Les média et les intellectuels américains détestent  Donald TRump, mais l’Américain moyen le comprend et partage beaucoup de ses idées. C’est cette proximité que les électeurs ont appréciée chez lui.

En France, François Fillon fait face à une fuite des soutiens de la part des républicains en vue de la prochaine présidentielle. En 2007 déjà, Ségolène Royale a fait sa campagne présidentielle malgré un manque de soutien de la part du parti socialiste. Elle n'a pas été élue. Quel enseignement peut-on tirer de ce manque de soutien dans son échec à la présidentielle de 2007 ?

Maxime TandonnetLes situations ne sont pas comparables. Certes Mme Ségolène Royal ne bénéficiait pas du soutien qu'elle pouvait espérer de l'ensemble des ténors du parti socialiste à l'époque. Mais ce n'est sûrement pas la cause essentielle de son échec. L'élection présidentielle se gagne sur une image, une impression. En 2007, elle n'a pas su inspirer la confiance aux Français. On se souvient de ses maladresses de communication notamment du voyage en Chine où elle avait choqué l'opinion en parlant de "bravitude".   A l'inverse, Sarkozy, avait réussi à gagner la confiance de l'électorat de droite sur un discours conservateur. Mais dans le cas de François Fillon, la situation est différente. Son image est frappé de plein fouet par le scandale. L'opinion est en plein désarroi. En faisant bloc autour de lui, ses soutiens et alliés politique ont jusqu'à présent relativisé la gravité de la situation.  Il est certain que la défection d'une partie de ses soutiens naturels, en amplifiant le sentiment d'une déliquescence générale, serait désastreuse et sans doute fatale à sa candidature.

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