Ces deux points noirs de la relation profs-élèves en France <!-- --> | Atlantico.fr
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Une enseignante et ses élèves lors d'un cours de mathématiques.
Une enseignante et ses élèves lors d'un cours de mathématiques.
©Yann COATSALIOU / AFP

Enseignement

Selon une note de l’Observatoire du Bien-être sur les relations enseignants-élèves, malgré une opinion très positive de leur expérience dans leur établissement, les élèves français interrogés à 15 ans par l’enquête PISA ont un sentiment d’appartenance à l’école plus faible que la moyenne de l’OCDE.

Mathieu Perona

Mathieu Perona

Mathieu Perona est Directeur exécutif de l’Observatoire du Bien-être du CEPREMAP (Centre pour la recherche économique et ses applications).

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Atlantico : Le sentiment d'appartenance des élèves français à leur école est plus faible que la moyenne de lOCDE. Pourtant vous expliquez quils nont pas une opinion négative de leur institution. Comment expliquer ce paradoxe ?

Mathieu Perona : Le sentiment d’appartenance est un indice composite, c’est la moyenne de plusieurs questions. Sur cette dimension, il y a des questions sur lesquelles les élèves français de quinze ans sont très contents et 90 % des sondés disent qu’ils se sentent bien dans leur collège et leur lycée. Il faut noter que sur deux questions nous sommes très loin de la moyenne des pays de l’OCDE. Il s’agit du sujet du « je me sens laissé-pour-compte à l’école », une interrogation qui pointe les décrocheurs scolaires vis-à-vis de l’institution et celle du « je me sens chez moi à l’école ». Pour cette dernière, il s’agit d’une dimension culturelle car contrairement à d'autres pays où il y a une forte porosité d’attitude et de norme entre l’école et l’extérieur en France, l’espace scolaire est sacralisé. Il est pensé comme un espace isolé du reste de la société.

Les élèves disent ne pas se sentir chez eux à l’école et on peut penser que c’est normal car la société ne pense pas à l’école comme un établissement où l’on doit se sentir comme chez soi.

Votre étude pointe une relation professeurs-élèves moins bonne en France que dans les autres pays. De quoi se plaignent exactement les élèves  ? Et en quoi cela diffère-t-il des résultats dans les autres pays ?

À nouveau c’est un indicateur composite. Si on distingue les deux principaux motifs d’insatisfaction des élèves cela correspond à l’idée selon laquelle les professeurs ne s’intéressent pas au bien-être des élèves. Les élèves pensent qu’ils se préoccupent exclusivement de l’acquisition des savoirs et non de leur bien-être en temps que personne. Ils ont le sentiment qu’ils ne sont pas traités de manière équitable par les professeurs. Ils ont un sentiment d’injustice.

Si on prend deux comparants extrêmes, au Danemark les élèves se sentent mieux dans les deux dimensions qui posent problème à la France car la société se soucie du bien-être. Si l’on se compare ensuite à l’Allemagne, on n’a pas de différence avec la France sur la question du bien-être des élèves, en revanche le sentiment d’injustice est plus présent en France. Lorsque l’on creuse cet indicateur, l’écart avec les autres pays tient beaucoup à deux dimensions. Les élèves ont l’impression que les professeurs les trouvent moins intelligents qu'ils ne le sont réellement. Les enseignants leurs renvoient une sous-estimation de leur capacité intellectuelle et qu’ils sont interrogés moins souvent que les autres élèves. Soit les professeurs interrogent toujours les mêmes élèves ou il y a une attitude d’interrogation équitables et un biais de perception de la part des élèves.

La responsabilité est-elle du ressort des professeurs ou des élèves ? Existe-t-il des pistes de réflexions pour améliorer cette relation ?

L’étude ne permet pas de le dire, mais ouvre des questions dans les pratiques de classe et dans les représentations qu’ont les élèves à leur égard. Avec ce que l’on sait sur le système français et la part d’élèves qui décrochent et sur son efficacité à sélectionner des bons élèves on se dit qu’il y a une part de responsabilité des professeurs ou tout du moins de l’organisation de l’enseignement tel qu’il est fait. Il sollicite les bons élèves et les valorisent.

Les pistes de réflexions sont sur la table depuis un certain nombre d’années comme aller vers une tradition nordique. L’école ne se concentrerait pas pour dispenser des savoirs mais pourrait s’engager pour la formation complète du savoir être. Les pays qui perforent mieux dans PISA sur le bien-être et les performances scolaires mettent l’accent sur le travail collaboratif. Il faut que l’évaluation serve aussi essentiellement à tracer un chemin de ce que l’élève doit encore apprendre et non jauger le niveau. Cela ne peut plus être un concours.

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