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Sommet de la CEI :
l'URSS est-elle de retour ?
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Back to the USSR

La communauté des États indépendants (la CEI), s'est réunie ce mardi à Moscou à l'occasion du 20e anniversaire de sa création. Les ex-pays de l'URSS sont-ils définitivement sortis de la tutelle russe ?

Thomas Gomart

Thomas Gomart

Thomas Gomart est historien et directeur de l'Institut français des relations internationales (Ifri) depuis 2015. Il est membre des comités de rédaction de Politique étrangère, de la Revue des deux mondes et d'Etudes dont il assure la chronique internationale. Il a récemment publié "L'affolement du monde : 10 enjeux géopolitiques" aux éditions Tallandier. Pour cet ouvrage, il a reçu le Prix du livre géopolitique 2019, le 18 juin, par Jean-Yves Le Drian.  

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Atlantico : Ce mardi se tient à Moscou le sommet informel de la Communauté des États Indépendants (CEI), quel est l’objet de ce sommet ?

Thomas Gomart : Les sommets de la Communauté des Etats Indépendants (CEI), s’effectuent sur une base régulière, cette réunion n’a pas de caractère inhabituel. La vraie question reste l’avenir de la CEI. Le sommet de ce mardi prend un relief particulier car ce sont les 20 ans de l’effondrement de l’URSS.  Quel est avenir pour cette communauté des états indépendants ?

La CEI est une collectivité intergouvernementale de coopération dont l’identité politique et juridique reste incertaine. Ce cadre de la CEI a été créé  en 1991 par Boris Eltsine afin d’envisager un divorce à l’amiable entre la fédération de Russie et les autres républiques anciennement soviétiques.  A savoir les cinq pays de l’Asie centrale, les trois pays du Caucase et les trois pays d’Europe orientale ainsi que les pays Baltes à l’époque.  Aujourd’hui, l’interrogation principale reste l’avenir de l’Union douanière entre la Russie la Biélorussie, et le Kazakhstan.

La deuxième grande question c’est l’avenir de l’Organisation du Traité de sécurité collective, qui réunit un certain nombre des pays de la zone dans le domaine militaire et qui aimerait au fond un pendant de l’OTAN sur la plaque Eurasiatique.

Il est important de noter  la coïncidence historique, ce sommet de la CEI, ces questions sur l’Union Douanière et l’OTSC interviennent au moment où la Russie, après presque 20 ans de négociations, a rejoint l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Nous sommes dans un tournant pour l’espace post-soviétique.

Les membres de la CEI sont pour la plupart membres de l’ex-URSS. La Russie gagne-t-elle en influence dans la région ? Quels sont les rapports de ces pays avec la Russie ?

L'organisation a été créée pour encourager l’indépendance de ces pays.  Boris Eltsine, après la chute de l’URSS lorsqu’il a pris le pouvoir en Russie, a encouragé ce mouvement.  Il a dit à ces pays : "Prenez le plus d’indépendance que vous pouvez ".

Cependant depuis le début des années 2000, on note un retour d’influence de la Russie qui s’exprime de manière très différente selon les pays. Cela passe par :

  • Les dossiers énergétiques dans la mesure où de nombreux pays sont soit producteurs, soit des pays de transit concernant l’approvisionnement ou l’acheminement de gaz vers l’Europe.
  • La coopération militaire à travers notamment les missions de la paix pour la CEI.
  • L’Union douanière : La Russie considère dans un monde multipolaire, qu’elle a une vocation à être un pôle de puissance et que ce dernier peut aimanter, d’une certaine manière, un certain nombre de pays qui composent la CEI.

20 ans après la chute de l’URSS, la  Russie garde une influence incontestable mais qui s’exprime très différemment selon les pays concernés.

Ces pays ont-ils besoin de la Communauté des Etats Indépendants ?

Certains pays se sont éloignés ou ont rompu avec la CEI, notamment la Géorgie, l’Ukraine sous Viktor Iouchtchenko après la Révolution orange.  La Moldavie évoque l’éventuelle dénonciation des accords constitutifs de la CEI, cependant, aucune mesure concrète n’a été entreprise dans ce sens.

Par le biais de la CEI, des liens entre élites politiques perdurent, une sorte de marché persiste, ainsi qu’un espace russophone. Il existe donc une relative unité. Certains pays ont la volonté de renforcer leurs liens avec l'organisation.

Paradoxalement, depuis la création de l’organisation, ces pays essaient d’avoir leurs propres politiques étrangères ; avec Moscou mais plus seulement. Que ce soit avec Pékin pour les pays d’Asie centrale et inversement, certains se sont tournés vers les pays européens. Ces pays ont appris à avoir une politique étrangère avec plus ou moins de succès selon chacun d’entre eux.  Ils recherchent une certaine ouverture.

Vous évoquez un rapprochement avec l’Union européenne, cependant la crise qui touche l’Europe ne rebute-elle pas les ex-membres de l’URSS ?

Il existe un effet effectivement. La CEI se compose d’entités très fortes et très diverses. Ces dernières ont globalement profité de la croissance russe de ces dernières années. Indubitablement certains facteurs encouragent une intégration économique et commerciale au dépens de l’Europe.

Cependant,  pour ces pays, la question de l’Europe au détriment de la Russie se pose assez peu. Il s’agit beaucoup plus d’une approche de politique étrangère cherchant à avoir différentes options et à profiter de la relation avec Moscou dans certains domaines et de la relation avec l’Europe dans d’autres. 

Propose recueillis par Caroline Long

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