Karl Rove : inspirateur surprise de la campagne socialiste ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Depuis 2007, le PS est demeuré sans inspiration et s’est contenté de suivre en maugréant l’agenda politique édicté depuis l’Elysée.
Depuis 2007, le PS est demeuré sans inspiration et s’est contenté de suivre en maugréant l’agenda politique édicté depuis l’Elysée.
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campagne présidentielle

Georges W. Bush a-t-il prêté son « cerveau » à François Hollande ? Les socialistes ont beau taper depuis cinq ans sur "Sarko l’Américain", au point d’entendre Pierre Moscovici dénoncer récemment sa "campagne à la Karl Rove", l’analyse de la stratégie politique du PS révèle des similitudes insoupçonnées avec le Faucon de l’Administration Bush.

Bertrand Janicaud

Bertrand Janicaud

"Bertrand Janicaud" est chef d'entreprise.

Il écrit sous pseudonyme.

 

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Karl Rove, l’éminence grise qui a façonné l’élection (puis la ré-élection) de Georges W. Bush, est un stratège brillant et l’un des plus fins connaisseurs de la vie politique américaine. Un génie qui laisse pourtant de marbre les militants socialistes tant « Bush’s brain » représente en France l’incarnation du cynisme et du machiavélisme politique. A y regarder de plus près, l’art de la guerre politique selon Karl Rove semble pourtant avoir inspiré l’anti-sarkozysme de gauche.

2007-2012 : un quinquennat de matraquage sur l’homme

Force est de constater que l’opposition socialiste au président Sarkozy ne se sera pas distinguée par sa force de proposition. A gauche, depuis Lionel Jospin, rien de nouveau. Ou si peu. Des idées neuves ? Des paradigmes innovants pour affronter un monde globalisé ? Circulez, y a rien à voir ! Depuis 2007, le PS est demeuré sans inspiration et s’est contenté de suivre en maugréant l’agenda politique édicté depuis l’Elysée.

Une fois ânonnées les inusables litanies sur la politique « ultra-libérale » d’un gouvernement « pour les riches », les socialistes se sont trouvés à court d’arguments purement politiques à proposer aux Français. Restait alors à décrédibiliser l’adversaire avec une idée simple et forte, matraquée à toutes les sauces : Nicolas Sarkozy est un président anormal qui nuit à nos institutions !

Fouquet’s, Rolex, goûts de nouveau riche, tics nerveux, complexes physiques : tout y sera passé dans cet exercice consciencieux de démolition visant uniquement à atteindre la personnalité du président (qui « abime la République » selon la terminologie en vogue)… et s’étant progressivement substitué aux véritables débats politiques.

Jouer l’homme et laisser infuser des messages simples (pour ne pas dire simplistes) afin d’affaiblir le camp adverse et détourner l’opinion. La voie suivie par le PS depuis 2007 rejoint celle tracée au début des années 2000 par Karl Rove et les néo-conservateurs américains pour récupérer le pouvoir.

Balayés idéologiquement par l’effondrement de l’URSS, la fin de la bipolarisation et le nouvel ordre « clintonien », les Faucons républicains (Karl Rove en tête) avaient cherché à dégouter les Américains de l’Homme Clinton (affaire Lewinsky), avant de remettre le couvert lors d’une campagne ultra-violente contre Al Gore.

Un adversaire affaibli pour une campagne de dénigrement

Viser les appétits sexuels de Bill Clinton, la suffisance présumée d’Al Gore ou le bling-bling de Nicolas Sarkozy est une stratégie qui permet certes d’affaiblir l’adversaire, mais qui a aussi et surtout l’insigne avantage de détourner le débat politique des sujets sur lesquels on se sent moins à l’aise… tout en rendant inaudibles les bilans et propositions adverses.

Après huit ans de croissance et le quasi plein-emploi aux Etats-Unis, Al Gore avait tout pour être élu dans un fauteuil, si ce n’était le travail de sape patiemment mis en place par Karl Rove et les stratèges républicains. Le train de réformes structurelles mises en œuvre par Nicolas Sarkozy et sa gestion des crises de 2008 puis des dettes européennes auraient également dû offrir des perspectives dégagées au président-candidat… a fortiori eu égard de la pauvreté du programme socialiste.

Mais difficile de défendre un bilan et proposer un projet en trois mois de campagne… quand il faut dans le même temps se dépêtrer de cinq années de travail de sape qui empêchent d’avancer sur le terrain politique. Ce concept de « smear campaign » (campagne de dénigrement) brillamment conçu par Karl Rove et ses troupes n’est certes pas assumé par les équipes socialistes… mais se trouve qu’ils le veuillent ou non au cœur de la campagne de François Hollande.

Et si le candidat socialiste singe les accents lyriques d’un François Mitterrand rassemblant le « peuple de gauche », personne n’est dupe : il a construit son projet de « candidature normale » (qui n’est finalement qu’un choix par défaut pour le parti socialiste) en miroir à celle de Nicolas Sarkozy et en s’érigeant en « moins mauvais candidat » face à une représentation diabolisée de son rival UMP.

Les Français voteront-ils pour François Hollande parce que Nicolas Sarkozy aime à porter une Rolex et à déjeuner sur les Champs ? Tel est évidemment le pari (risqué) du PS…

Libération et Médiapart : les Fox News de la gauche française

Last but not least. A l’image des néo-conservateurs américains, la gauche française possède une force de frappe médiatique redoutable. Une arme de déstabilisation massive qui permet aux socialistes de sortir en toute discrétion des « boules puantes » contre Nicolas Sarkozy et le « système UMP ».

Bien loin de la Pravda sarkozyenne assumée qu’est devenue Le Figaro, Libération ou Mediapart (entre autres) feingnent l’indépendance pour mieux impacter le débat public. Une stratégie qui a fait ses preuves aux Etats-Unis où Fox News est toujours parvenue à conserver une distance hygiénique avec le parti républicain… sans jamais manquer à l’appel quand le besoin s’en est fait ressentir.

Du coup, faut-il réellement voir dans la succession « d’affaires » impliquant indirectement Nicolas Sarkozy depuis plusieurs mois une simple coïncidence ? Des dossiers qui tombent opportunément les uns après les autres à quelques semaines d’une présidentielle… et des scoops dénichés comme par hasard par deux organes de presse proches de la gauche (Edwy Plenel n’a-t-il pas écrit un livre avec François Hollande ?).

L’affaire Karachi, dans laquelle Nicolas Sarkozy est tout au plus un personnage très secondaire, date tout de même de 1995… mais ressort au compte-goutte depuis la fin d’année 2011 avec un art consommé du story-telling. Hasard encore ?

Drapée dans sa posture morale et rejetant perpétuellement à la seule droite l’art du coup bas politique, la gauche française n’en use pas moins de ses connexions médiatiques pour faire des journalistes autant de snipers de l’anti-sarkozysme. Un point commun supplémentaire avec Karl « Turd blossom », comme le surnommait Georges W. Bush en référence à une fleur texane qui fleurit… sur le purin.

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