C’est désormais établi, la restauration rapide contribue à l'augmentation de l'indice de masse corporelle et à… la diminution du QI<!-- --> | Atlantico.fr
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Les auteurs constatent que les personnes qui grandissent dans des quartiers où se trouvent des fast-foods sont plus susceptibles d'avoir un IMC plus élevé et des capacités cognitives plus faibles à l'âge de 18-19 ans.
Les auteurs constatent que les personnes qui grandissent dans des quartiers où se trouvent des fast-foods sont plus susceptibles d'avoir un IMC plus élevé et des capacités cognitives plus faibles à l'âge de 18-19 ans.
©AFP / Sameer Al-DOUMY

Fast food

Les données du registre norvégien montrent que l'augmentation de l'offre de restauration rapide pourrait être responsable de 35 % de l'augmentation de l'IMC et de 27 % du déclin des capacités cognitives observés dans les cohortes nées dans les années 1980.

Sara Sofie Abrahamsson

Sara Sofie Abrahamsson

Sara Abrahamsson travaille au centre pour la fertilité et la santé, Institut norvégien de santé publique.

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Atlantico : Vous venez de publier l'étude Swallow This : Childhood and Adolescent Exposure to Fast Food Restaurants, BMI, and Cognitive Ability. Les données du registre norvégien montrent que l'augmentation de l'offre de restauration rapide pourrait être responsable de 35 % de l'augmentation de l'IMC et de 27 % du déclin des capacités cognitives observés dans les cohortes nées dans les années 1980. Comment expliquer ce phénomène, en particulier sa dimension cognitive ?

Sara Abrahamsson : L'effet que nous constatons sur la cognition est dû à l'exposition au début de la vie, qui est la période où le cerveau se développe le plus rapidement. Des recherches antérieures nous ont appris que, par exemple, lorsque les enfants sont mieux nourris à l'école, ils obtiennent de meilleurs résultats. Aujourd'hui, nous pouvons également montrer que l'accès à des aliments moins nutritifs pendant l'enfance entraîne une diminution des capacités cognitives plus tard dans la vie. 

Avec l'accès accru à la restauration rapide, nous constatons également que les taux d'IMC et de surpoids augmentent. Un repas de restauration rapide contient plus de deux fois plus de calories qu'un déjeuner ou un dîner sain. La multiplication des restaurants à proximité du domicile facilite la consommation de ce type de produits, car les coûts monétaires et non monétaires, comme le temps, pour se rendre dans ces restaurants sont moindres. 

Ces données sont-elles influencées par la santé individuelle à la naissance, l'IMC paternel ou le statut socio-économique du ménage ? Cela vaut-il donc la peine de cibler des groupes spécifiques avec les différentes campagnes "anti-fast food" ?

Nous n'observons pas de différence en fonction des groupes socio-économiques ou de l'IMC du père de ces personnes, même si les personnes dont le père est en surpoids sont beaucoup plus susceptibles d'être elles-mêmes en surpoids. Notre étude suggère plutôt qu'une politique universelle ciblant l'ensemble de la population pour une intervention contre les fast-foods est plus importante. Ces résultats peuvent bien sûr varier selon le pays ou le contexte, car, par rapport aux États-Unis par exemple, la Norvège n'a pas de "desserts alimentaires" dans les quartiers pauvres où les fast-foods sont les seules options alimentaires. En Norvège, comme dans la plupart des pays européens, la plupart des quartiers disposent d'épiceries où il est possible d'acheter des aliments plus sains.

Toutefois, il convient également de souligner que des recherches antérieures ont montré une grande hétérogénéité lorsqu'il s'agit de campagnes d'information destinées à des groupes socio-économiques différents. Si ces campagnes s'avèrent plus efficaces pour atteindre les groupes socio-économiques plus élevés, cela pourrait conduire à une augmentation des inégalités.

Le fait de grandir dans un environnement comportant un grand nombre de fast-foods a-t-il un impact sur l'augmentation de l'IMC et le déclin des capacités cognitives ?

Nous constatons que les personnes qui grandissent dans des quartiers où se trouvent des fast-foods sont plus susceptibles d'avoir un IMC plus élevé et des capacités cognitives plus faibles à l'âge de 18-19 ans. Nous constatons qu'une exposition particulièrement précoce, avant l'âge de 12 ans, est préjudiciable aux capacités cognitives. Toutefois, nous ne constatons pas de grandes différences dans le nombre de restaurants par quartier. La plupart des quartiers n'ont qu'un seul restaurant à proximité et ce restaurant a déjà un impact. 

Dans quelle mesure des politiques visant à réduire l'environnement obésogène pourraient-elles constituer un moyen efficace d'inverser les tendances observées au cours des dernières décennies ? Quelles devraient être ces politiques ?

Des recherches antérieures ont montré que l'augmentation des taxes sur les sodas, l'interdiction des aliments malsains dans les restaurants scolaires ou l'introduction de la pose de calories dans les cafés Starbucks, par exemple, entraînent une réduction de la consommation de ces produits ou des produits plus caloriques. En règle générale, l'effet de ce type de politiques dépend également des options extérieures dont disposent les consommateurs. S'il n'y a pas d'options saines et abordables, ces types d'interventions risquent de tomber à plat. 

Notre étude suggère que la proximité du lieu de résidence est importante, même pour les personnes dont les parents ont un bon niveau d'éducation. En d'autres termes, l'imposition de réglementations plus strictes sur l'emplacement des établissements de restauration rapide pourrait être un moyen efficace de ralentir la tendance à l'augmentation de l'IMC et de la surcharge pondérale. Par ailleurs, informer les parents et les adolescents du nombre de calories qu'ils doivent compenser après avoir mangé dans un fast-food pourrait également être une option (probablement moins efficace).

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