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Brexit : les jours de Theresa May sont comptés...
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Atlantico Business

Theresa May ne sait plus où elle habite. Le parti conservateur est fracturé et prépare une motion de défiance qui la contraindrait à démissionner.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Theresa May était venue à Davos pour conquérir la confiance des milieux d’affaires et des dirigeants politiques en leur expliquant son projet de Brexit modéré. Elle en est repartie assez désemparée, obligée de rappeler la nécessité d’adopter des positions plus dures pour calmer ses amis politiques qui ne comprennent plus la direction qu’elle suit.

Bref, tout se passe comme si elle ne savait plus de quel côté pencher pour poursuivre la négociation.

Tout a commencé par une intervention de Phillip Hammond, le chancelier de l'Echiquier qui, à Davos, a affirmé qu’il espérait un accord sur le Brexit qui permettrait de ne pas s’éloigner de la nature des traités commerciaux anciennement signés entre la Grande Bretagne et l’Union européenne. En bref, il a expliqué que le rapport entre la Grande Bretagne et l’Union européenne ne changerait pas de nature, mais de nom. Il pensait sans doute séduire les milieux d’affaires, il a surtout provoqué la surprise et les a laissés très sceptiques.

A Londres, ce discours a provoqué un tollé chez les conservateurs partisans du hard Brexit. « Pas la peine de négocier ce Brexit si c’est pour accoucher d’une situation équivalente ». Ce qui a obligé Theresa May à corriger un peu les propos de son ministre.

Cela dit, pour la plupart des observateurs, ce faux pas est peut-être le faux pas de trop. D’autant que le chancelier de l’Echiquier s’est aussi un peu moqué des acrobaties de Theresa May entre les partisans du Brexit et ceux qui ne le sont pas, rappelant que ce type de comportement lui avait valu un échec cuisant aux élections de juin.

Theresa May à Davos a essayé de faire bonne figure sauf que les chefs d’Etat et de gouvernement européens lui ont plutôt battu froid, la réception organisée comme chaque année n’a guère eu de succès. Les milieux d’affaires ne lui ont pas fait un accueil délirant dans la grande salle et on ne peut pas dire qu‘elle ait été applaudie avec beaucoup de chaleur.

Quant au rendez vous qu‘elle a eu avec Donald Trump, il n’a pas provoqué l’effet qu‘elle en espérait. La poignée de main manquait de conviction.

Elle croyait que le président américain lui aurait apporté un soutien sans faille dans son projet d’autonomie. La réalité, c’est que Donald trump a donné l’image d’un président américain qui ne voulait pas se mettre la communauté internationale à dos. Il donc défendu son pays « America is back », mais il a donné des gages de détermination à protéger le commerce international.

On craignait un président apôtre du protectionnisme, il a plaidé pour le multilatéralisme, regrettant les risques de guerre monétaire et affirmant que le dollar avait pour vocation d'être grand et fort. Pour Londres, ce type de propos n’était pas un bon signe. Le dollar est remonté d’un cran après le discours, faisant baisser l'euro et taire les critiques. Ce qui a évidemment plu à tout le monde.

Davos a ovationné Emmanuel Macron comme une rock star, et surprise,  Davos a aussi reçu Donald Trump dans le cercle étroit des maitres du monde dont il était exclu. Ni le président français, ni le président américain n’ont regretté leur voyage.

Theresa May en revanche s’est retrouvée bien seule. Obligée de corriger les propos de son ministre pour calmer la fronde des conservateurs. Ceci dit, la presse britannique ne se gène pas pour expliquer que la Première ministre n’est plus soutenue, ni par les européens de son parti qui l’ont humiliée en décembre en exigeant que l’accord final sur le Brexit soit soumis à l’approbation de Westminster.

Ni par les plus conservateurs des eurosceptiques qui sont plus de 60 au sein de l’ERG, l’European Research Group, et qui critiquent quotidiennement Theresa May sur la façon dont les négociations sont menées.

Ce qu’on reproche à Theresa May est très simple. D’abord, on ne perçoit plus si elle est vraiment pour ou contre le Brexit, sauf qu’elle a un mandat. Ensuite, on lui reproche son attitude qui consiste à adoucir les effets d’un Brexit, de préparer une formule tellement consensuelle que ça ne changerait rien par rapport à la situation antérieure. Enfin, les conservateurs lui avaient surtout demandé de définir une stratégie qui permette de dégager des opportunités de rebond par rapport à des solutions européennes.

D’où la préparation d’une motion de défiance et la presse quasi-unanime pour penser que la Première ministre ne pourra pas terminer son mandat.

La seule chance de Theresa May réside dans une situation économique qui ne s’est pas effondrée comme le pensaient les anti-Brexit, sauf que les perspectives 2018 ne sont pas bonnes, faute d’un accord qui permettrait de traverser la période transitoire. 

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