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Boris Johnson renonce mais au fait, qui sont Michael Gove et Theresa May, les deux principaux candidats à la succession de David Cameron ?
©Reuters

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Qui sera le nouveau leader conservateur qui conduira la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne ? Pour succéder au Premier ministre démissionnaire, trois candidats étaient sur les rangs. Boris Johnson s'étant désisté, restent deux candidats principaux : Theresa May et Michael Gove.

Eric Coder

Eric Coder

Eric Coder est journaliste.

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Après le vote en faveur du Brexit et la démission de David Cameron, c'est une lutte fratricide qui s'engage au sein du Parti conservateur pour savoir qui sera le prochain chef du parti et, donc, le prochain premier ministre du Royaume-Uni. Le nouveau Premier ministre britannique doit être connu le 9 septembre 2016, après le vote des 150 000 membres du Parti conservateur, qui doivent eux-mêmes choisir entre deux finalistes dégagés par les députés Tories. Après dépôt des candidatures, il y a aujourd'hui cinq candidats en lice, mais deux favoris : Theresa May et Michael Gove.

La bouffonnerie comme arme et stratégie politique

Le premier à être sorti du bois et à en être rentré aussi vite est l’inénarrable Boris Johnson. L'ancien maire de Londres est souvent comparé à Donald Trump, une même casquette de cheveux blonds coiffés à la diable et un bagout de bateleur de foire, avec des propos à l'emporte-pièce. Celui qui a fait de la bouffonnerie une stratégie politique s'était imposé comme le leader naturel des pro-Brexit et, donc, au lendemain du référendum, le favori de la course pour succéder à David Cameron.

Mais patatras, jeudi 30 juin, le chef de file du camp de la sortie de l'Union européenne a jeté l'éponge. En énumérant les tâches qui attendent le futur chef de gouvernement britannique, Boris Johnson a déclaré en avoir "conclu que cette personne ne peut pas être moi". Il faut dire qu'il cristallisait sur son nom beaucoup de mécontentements. Il a été accusé de légèreté après le référendum, à la suite d'une tribune dans The Telegraph, où il minimisait les conséquences du Brexit, affirmant que le Royaume-Uni resterait dans le marché commun, tout en filtrant l'entrée en Grande-Bretagne des étrangers européens. Mais cinq jours après le référendum, les dirigeants européens lui ont opposé une fin de non-recevoir et l'ont averti qu'il n'y aurait pas de marché unique à la carte.

La nouvelle Margaret Thatcher

Ce qui a également plombé sa candidature est l'entrée en lice de deux poids lourds du gouvernement Cameron, celle de la ministre de l'Intérieur Theresa May et celle, surprise, du ministre de la Justice, Michael Gove. Ces deux vieux routiers de la politique ne lui laissaient que peu de marges de manœuvre. Theresa May, surnommée "la nouvelle Margaret Thatcher", a annoncé sa candidature dans une lettre publiée par The Times en promettant de rassembler les Britanniques et en voulant lancer "un programme radical de réformes sociales". "Après le référendum, notre pays a besoin d'un dirigeant qui soit fort et reconnu pour traverser cette période d'incertitude économique et politique, et pour négocier dans les meilleurs termes la sortie de l'Union européenne", a-t-elle écrit.

A 59 ans, cette dame de fer a été nommée ministre de l'Intérieur par David Cameron en 2010 lorsqu'il fut élu chef du gouvernement, un mandat qu'elle a conservé lors de la réélection du Premier ministre en 2015.

Une ligne très ferme sur les délinquants et les immigrés clandestins

Comme Angela Merkel, Theresa May est une fille d'un pasteur protestant, connu pour son attitude austère et "sa vie privée énigmatique", raconte Time. Née Theresa Braiser, elle a étudié la géographie à l'Université d'Oxford où elle a rencontré son futur mari, Philip May. Pour la petite histoire, c'est Benazir Bhutto, qui deviendra plus tard le Premier ministre du Pakistan, qui a aidé à la rencontre des deux tourtereaux. Au gouvernement, elle a fait preuve de poigne en prônant une ligne très ferme, qu'il s'agisse des délinquants, des immigrés clandestins ou des prêcheurs islamistes radicaux. Eurosceptique dans l'âme, elle avait pourtant choisi en début d'année de rester fidèle au Premier ministre et de défendre le maintien dans l'Union européenne. Une position jouée mezza voce, ne faisant que le service minimum, en allant même jusqu'à défendre une limitation de l'immigration, thème favori des pro Brexit. Cette posture, intelligente et cynique, lui permet de se présenter comme l'une des rares figures capable d'unifier les factions rivales du parti conservateur.

Quand l'assassinat politique est un art

L'autre challenger est donc Michael Gove, allié de Boris Johnson dans la campagne pour le Brexit. A la stupeur générale, alors qu'il le soutenait il y a encore quelques jours pour sa prise de pouvoir au sein du parti conservateur, ce ministre de la Justice a décidé de lui planter un couteau dans le dos en déclarant sa candidature, jeudi 30 juin. Asphyxiant ainsi politiquement son ancien acolyte, tant décrié, et l'amenant à se désister. "A regret, je suis arrivé à la conclusion que Boris ne peut pas assumer le leadership ou construire une équipe pour négocier la sortie du pays de l'Union européenne", a-t-il déclaré dans un communiqué lapidaire. Cette annonce est une surprise à deux égards : non seulement Michael Gove avait appelé l'ancien maire de Londres pour lui affirmer son soutien, mais en plus, il déclarait depuis de nombreuses années ne vouloir être Premier ministre à aucun prix. Le baiser de Judas. Michael Gove n'en est pas à sa première trahison. Proche ami de David Cameron, il avait rompu avec lui pour rejoindre le camp du Leave. Campagne au cours de laquelle il avait fait les choux gras de la presse en déclarant : "La Grande-Bretagne a eu sa dose d'experts". De son propre aveu, la décision de rejoindre les rangs des pro Brexit a été "l'une des plus difficiles" de sa "vie politique", et la rupture avec David Cameron, "une souffrance". A ce degré-là, l'assassinat politique est un art.

Michael Gove est apprécié des milieux intellectuels conservateurs pour son orthodoxie et son intelligence. Si tout le monde n'apprécie pas ses idées droitières, tout le monde s'accorde pour dire qu'il est un homme politique de convictions. En tant que ministre de l'Education, il s'est battu pour augmenter le nombre d'écoles indépendantes de la bureaucratie centrale, et pour renforcer les fondamentaux à l'école.

Un ancien journaliste amoureux de la politique

Ce conservateur de 48 ans n'a que quatre mois quand il est adopté par un mareyeur et une assistante de laboratoire d'Aberdeen, en Ecosse, où il va passer son enfance, relate The Guardian. Après des études à Oxford, passionné par la politique, il tente d'entrer au parti conservateur, mais le jeune homme se fait refouler en se faisant reprocher de ne pas être "suffisamment conservateur"... Il se dirige alors vers le journalisme et est engagé au Press and Journal, à Aberdeen. Il travaillera ensuite pour la BBC et pour le quotidien The Times. Il se marie à Sarah Vine, éditorialiste au tabloïd The Daily Mail, avec qui il a deux enfants. Mais mordu de politique et proche de David Cameron, il réussit à se faire élire député au sud-ouest de Londres. Puis tout va très vite, membre du cabinet fantôme conservateur entre 2005 et 2010, il obtient le ministère de l'Education nationale après la victoire de David Cameron aux législatives de 2010. En 2015, après la réélection de David Cameron, il se voit confier le ministère de la Justice. Ce homme que l'on dit ambitieux, courtois, drôle et charmeur n'hésite pas à dénoncer l'affiche nauséabonde de l'Ukip qui montrait une colonne de réfugiés envahissant le Royaume-Uni, pendant la campagne du référendum. Plus consensuel que Boris Johnson, Michael Gove est un candidat sérieux qui peut, certainement, tailler des croupières à la favorite des sondages, Theresa May.

Un sondage, sans Michael Gove, donne Theresa May à 36 %

En effet, un sondage de l'institut YouGov pour The Times, réalisé auprès de 1000 partisans conservateurs mais qui ne prend pas en compte la candidature de Michael Gove, place Theresa May en tête des intentions de vote, à 36 %, devant Boris Johnson, à 27 %, les autres candidats potentiels étant relégués sous les 7 %. Le retrait de Boris Johnson et l'absence de Michael Gove bouleverse évidement la donne.

L'élection se fait en deux temps. Dans un premier temps, les parlementaires du parti choisissent deux candidats, par plusieurs tours de scrutin où le dernier est éliminé. Ce sont ensuite les adhérents du parti qui départagent les deux finalistes, qui seront, sauf nouveau coup de théâtre toujours possible. Theresa May et Michael Gove.

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