Bisphénol A : pourquoi il est quasiment impossible d'y échapper<!-- --> | Atlantico.fr
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Une pétition demande l'arrêt de l'utilisation des perturbateurs endocriniens dans la fabrication des jouets.
Une pétition demande l'arrêt de l'utilisation des perturbateurs endocriniens dans la fabrication des jouets.
©REUTERS/Radovan Stoklasa

Alerte santé

L'association Women in Europe for a Common Futur (WECF), un réseau international d'organisation féminines environnementales, vient de remettre au ministère de la Santé et de l'Ecologie une pétition rassemblant plus de 30 000 signatures pour demander l'arrêt de l'utilisation des perturbateurs endocriniens dans la fabrication des jouets.

Atlantico : Un rapport diffusé mardi 9 avril par l'ANSES confirme les dangers du bisphénol A pour la santé. Dans quels catégories de produits trouve-t-on les taux de bipshénol A les plus importants ? Quels sont les principaux biais de contamination ? 

Gérard Lasfargues : La voix alimentaire est la principale voix d’exposition au bisphénol A : elle représente plus de 80 % par rapport aux autres voix de contamination comme l’air ou les poussières qui sont beaucoup moins contaminantes. C’est dans les contenants alimentaires que l’on va trouver la plus grande concentration de bisphénol A, notamment dans les plastiques durs de type polycarbonate, utilisés pour les bonbonnes d’eau. On en trouve aussi dans les résines intérieures des boîtes de conserve, qui représentent plus de 50 % de la contamination alimentaire totale. On trouve également du bisphénol A dans beaucoup d’aliments : viande, crustacés et mollusques ne sont pas épargnés. Outre la voix alimentaire, on peut trouver du bisphénol A dans l’air, mais aussi dans les produits de la vie courante, par exemple les tickets imprimés, les reçus de carte bancaire. La contamination via la peau n’est pas négligeable. 

En l'absence d'étiquetage obligatoire, comment s'assurer que les produits que nous achetons n'en contiennent pas ? 

Pour l’instant, il y a une interdiction en vigueur depuis le 1er janvier 2013 pour les contenants alimentaires des produits pour les enfants et les bébés de moins de 3 ans. Une autre mesure prendra effet pour l’ensemble de la population en janvier 2015. D’ici l’interdiction totale du bisphénol A, nous pouvons recommander aux femmes enceintes d’éviter la consommation d'aliments en boîte de conserve ainsi que de l’eau des bonbonnes. 
Il faut également faire attention aux étiquetages : on peut reconnaitre la présence de bisphénol A dans un contenant alimentaire si son emballage présente un triangle avec le chiffre 7. 

Quels sont les risques du bisphénol A pour la santé ? Y a-t-il des cibles particulièrement vulnérables ? 

Les principaux dangers suspectés chez l’homme sont les troubles de reproduction féminine, les anomalies du développement cérébral et les troubles du comportement chez l’enfant, l’obésité et les troubles métaboliques comme le diabète. Les risques que l’on a pu déterminer en croisant dangers et expositions sont des risques potentiels pour les enfants liés aux expositions de la mère pendant la grossesse. Le bisphénol A peut entraîner une modification de la glande mammaire de l’enfant à naître favorisant le risque de tumeurs ultérieurement.  Il y a également un risque possible pour les caissières qui manipulent des tickets imprimés.

Quelles sont les alternatives au bisphénol A ?  Peut-on vraiment chasser le bisphénol de tous les objets de notre quotidien ? Y a t-il un équivalent non nocif ? 

On a répertorié 73 alternatives mais il n’y a pas de substitut universel. Il faut étudier chaque cas usage par usage, ce qui rend la tâche compliquée.
Nous ne disposons pas d’information toxicologique sur les substituts : même si par exemple le bisphénol A sur les tickets de caisse a pu être remplacé par d'autres substances, notamment par le bisphénol S, le manque d’informations dont nous disposons sur le plan toxicologique des autres bisphénols et leur parenté de structure chimique font que l'on peut craindre des effets perturbateurs endocriniens similaires.

C’est de la responsabilité des industriels de mettre sur le marché des substituts dont ils se sont assurés de l'innocuité. Des solutions ont déjà été trouvés pour certains contenants alimentaires, par exemple avec l’utilisation d’autres matériaux comme le verre ou des briques en carton qui peuvent convenir pour certains types d’aliments. Tout l'enjeu est de trouver des substituts à la fois efficaces sur le plan industriel pour la conservation de l’aliment mais aussi dénués de danger.  Il y a actuellement des solutions à l’étude, même si nous avons du mal à recueillir les informations disponibles par le industriels.

lien vers la pétition

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