Bertrand/ Pécresse/ Wauquiez/ Barnier : le match des lignes politiques affichées<!-- --> | Atlantico.fr
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Valérie Pécresse, Michel Barnier et Laurent Wauquiez le 20 juillet 2021.
Valérie Pécresse, Michel Barnier et Laurent Wauquiez le 20 juillet 2021.
©Ludovic MARIN / AFP

Mais qu’est ce qui les distingue ?

A lire leurs interviews, les lignes et les priorités politiques sont proches. Mais comme le remarquait Laurent Wauquiez dans Le Figaro ce vendredi, certains modifient parfois leur ligne selon le calendrier électoral…

Frédéric Mas

Frédéric Mas

Frédéric Mas est journaliste indépendant, ancien rédacteur en chef de Contrepoints.org. Après des études de droit et de sciences politiques, il a obtenu un doctorat en philosophie politique (Sorbonne-Universités).

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Atlantico : Xavier Bertrand, Valérie Pécresse, Laurent Wauquiez, Michel Barnier... Qu’est-ce qui distingue réellement ces possibles représentants de la droite en 2022 ? Leur ligne sont-elles si différentes ? L'une se détache-t-elle plus que les autres ?

Frédéric Mas : Depuis l’élection d’Emmanuel Macron, toutes les formations du « monde d’avant » traversent une crise d’identité, le centre-droit comme le Parti socialiste. Les Républicains se trouvent tiraillés entre le national-populisme du Rassemblement national et le centrisme autoritaire de La République en Marche, les deux empiétant sur l’héritage du gaullisme soit comme mouvement, soit comme gouvernance technocratique. Pire encore, comme leurs adversaires socialistes, la place qu’ils occupaient dans le débat national s’est réduite considérablement, et cela malgré des scores plus qu’honorables sur le plan local.

Les possibles candidats de la droite d’aujourd’hui sont à l’image de ce nouveau paysage éclaté : sans identité fixe, avec des programmes fluctuants et relativement interchangeables qui reflètent bien souvent des prises de position locales et qui ont du mal à se détacher clairement de leurs concurrents nationaux au centre et à l’extrême-droite.

J’ajoute que tous semblent avoir intégré l’héritage « communicationnel » de l’hyperprésidence de Nicolas Sarkozy qui, plutôt que de miser sur un programme clair et des principes, faisait plutôt de son activisme médiatique et sa propre personnalité son principal argument de vente.

"À l’approche de scrutins, des personnalités [politiques] opèrent des virages surprenants sur le plan des idées", pointe Laurent Wauquiez dans Le Figaro ce vendredi. Cela rajoute-t-il à la confusion ?

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Frédéric Mas : C’est une manière euphémisée de la part de M. Wauquiez de pointer l’opportunisme de certaines personnalités, qui se découvrent à l’approche des élections certaines positions idéologiques de circonstances visant à coller à l’air du temps. Peut-être a-t-il en tête Michel Barnier, centriste européen qui s’est prudemment tenu à l’écart de la politique française depuis de longues années, et qui se découvre des positions très fortes sur l’immigration aujourd’hui ? Ou alors Valérie Pécresse, qui elle aussi multiplie les appels du pied à l’électorat mariniste ?

Ces soudaines prises de conscience ne doivent cependant pas faire oublier les parcours politiques sinueux des uns et des autres au fil des années. Avant de se positionner à la « droite » de LR, Laurent Wauquiez s’était fendu d’une déclaration en faveur de la « droite sociale », Xavier Bertrand se trouve désormais des points de convergence avec Arnaud Montebourg alors qu’en 2015 il voulait fusionner les ministères de l’intérieur et de la justice en un seul très droitier « ministère de l’autorité ».

A ce niveau-là, ce n’est plus de la confusion, mais un constant jeu de chaises musicales auquel nous assistons depuis des décennies entre ces différents professionnels de la politique, qui sont des vieux de la vieille.

Quelle personnalité semble la plus sincère, ou du moins la plus à même de tenir ses promesses de campagne ?

Frédéric Mas : En tant que libéral, j’ai tendance à privilégier les principes sur les hommes, et les programmes sur les postures. C’est aussi un moyen pratique d’évaluer la sincérité des candidats, et de juger leurs résultats plutôt que d’aller voter sur des critères purement émotionnels et contingents. C’est aussi une manière de ne pas donner un blanc-seing au personnel politique pour agir sans être comptable de ses actions.

Or il est difficile ici de voir autre chose que de la communication entre ces différentes écuries de droite qui cherchent aujourd’hui à desserrer l’étau entre populisme (de droite ou de gauche) et centrisme autoritaire. Les hommes et les stratégies médiatico-politique varient, mais tous convergent pour nous servir une sorte de soupe à base de conservatisme et de social-démocratie qui ne les différencient pas fondamentalement du reste du paysage politique français.

Si les promesses ne reposent pas en dernier recours sur des principes et des programmes, alors les promesses ne sont que « words, words, words », comme dirait Shakespeare.

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