Berlusconi s'essouffle, l'Italie s'asphyxie<!-- --> | Atlantico.fr
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Berlusconi, fossoyeur de son propre pays ?
Berlusconi, fossoyeur de son propre pays ?
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Aggiornamento

La défaite électorale du président du Conseil italien de ce week-end est un nouveau signe de l'affaissement du berlusconisme en Italie. Un pays qu'il n'a pas su réformer pour renforcer une économie qui aujourd'hui vacille.

L'image de Silvio Berlusconi-homme d'affaires le plus riche de son pays aux succès commerciaux faramineux, ne transcende plus les Italiens. Le Cavaliere n'est plus un modèle de réussite : deux revers électoraux successifs viennent de le prouver. Après avoir perdu le contrôle des mairies de Milan (son fief) Naples ou encore Cagliari, le parti du président du Conseil italien a essuyé une nouvelle défaite ce week-end. Les Italiens se sont en effet massivement opposés à plusieurs lois de M. Berlusconi soumises à quatre referendums. 90 % des électeurs se sont ainsi prononcés contre le retour à l'énergie nucléaire, contre la privatisation des réseaux de distribution d'eau et contre une forme d'immunité dont aurait pu bénéficier le président du Conseil.

M. Berlusconi a tout à craindre de ces résultats (qui seront validés ; le quorum de 50 % plus une voix ayant été atteint pour la première fois depuis 16 ans). Il est en effet actuellement poursuivi dans plusieurs procès, dont le scandale sexuel du Rubygate. Pire, ces quatre referendums signent, selon certains observateurs, la rupture définitive entre l'opinion publique et le président du Conseil.

Le 27 mai dernier, c'était la patronne des patrons, Emma Marcegaglia, qui avait publiquement critiqué la politique économique de Silvio Berlusconi. Elle réclamait des "changements structurels profonds" pour relancer une croissance aujourd'hui poussive. Le gouvernement prévoit une hausse du PIB de 1,1 % en 2011, nettement en deçà de la moyenne européenne plus proche de 2 %. Madame Marcegaglia avertissait : "A la longue, sans développement économique et sans croissance, le populisme lève la tête et les fondamentaux de la démocratie sont remis en cause". Son constat s'illustre dans cet éloquent graphique publié par Business Insider. On y constate que le PIB par habitant est aujourd'hui redescendu au niveau de celui de 1999.

Vladimir Pillonca, pour la Société Générale, explique que la demande intérieure italienne est tirée par les investissements publics alors que la consommation de biens durables reste faible - ce qui traduit une certaine méfiance des Italiens en l'avenir. Plus inquiétant encore : les dépenses publiques vont inévitablement baisser étant donné le poids de la dette dans les comptes publics (120 % du PIB). Les analystes tablent d'ailleurs davantage pour une croissance à hauteur de 0,8 %.

Pour The Economist, l'Italie ne souffre pas d'une crise brutale, mais bien davantage d'une maladie chronique que n'a pas su (voulu ?) soigner Silvio Berlusconi, ni même n'en a t-il pu établir le diagnostic en 10 années de pouvoir. L'économie italienne souffre de ce manque de vitalité qui fait qu'elle plonge davantage que les autres en Europe quand la conjoncture est à la baisse, et progresse dans une moindre mesure que ses voisins quand le contexte est plus favorable.

L'hebdomadaire britannique constate que Rome peut se targuer d'un taux de chômage relativement faible (8 % de la population active, contre 20 % en Espagne) et d'une dette publique "raisonnable" (4 % du PIB, contre 6 % en France), mais ces chiffres masquent des données plus inquiétantes. Un quart des jeunes sont au chômage, par exemple, et moins de la moité des femmes sont actives. Le tableau est encore assombri par une productivité parmi les plus faibles d'Europe (ci-dessous) adossée à des salaires plutôt élevé, ce qui érode la compétitivité du pays. En ce domaine d'ailleurs, l'Italie se classe 48ème du classement du Forum économique mondial, derrière l'Indonésie et la Barbade.


Le futur président de la Banque Centrale Européenne aujourd'hui directeur de la Banque centrale italienne reconnaît également que son pays n'a pu su mener les réformes structurelles à même d'améliorer le paysage économique italien. Les universités, le secteur public ou encore les infrastructures connaissent une lente décadence qui semble inexorable sans volonté politique forte. Les jeunes ambitieux quittent d'ailleurs souvent le pays, l'abandonnant ainsi aux mains d'une élite usée et déconnectée du terrain.

Silvio Berlusconi avait, au début des ses trois mandats, la popularité nécessaire pour entreprendre les réformes qui auraient fait aujourd'hui de l'Italie un pays à la prospérité solide. Il ne l'a pas fait, trop occupé par "la défense de ses propres intérêts", assène The Economist. Son successeur devrait agir vigoureusement s'il ne veut pas voir l'Italie sombrer parmi les mauvais élèves de l'Europe, englués dans une croissance atone elle-même plombée par une dette publique chaque mois plus importante. Pour l'instant, le "I" de "PIGS" ne concerne vraiment que l'Irlande (les autres lettres désignent le Portugal, la Grèce et l'Espagne). Pour l'instant...

C. Mal

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