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De la BCE ou la Fed, 
quelle banque centrale 
soutient le mieux son économie ?
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Carton rouge !

Le constat est sans appel. La BCE fait pâle figure face à la réserve fédérale américaine, aussi bien en matière de croissance que d'emploi. Et les plans européens évoqués ces dernières semaines ne pourront changer la donne, en particulier s'ils ne stimulent pas la demande.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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De la BCE ou la Fed (réserve fédérale américaine), qui protège le mieux son économie ? La réponse à cette question ne fait aucun doute, la Banque centrale américaine affiche un bilan bien plus positif que la BCE, aussi bien en termes de croissance que de niveau d’emploi.

Cette réussite comparative s’explique aussi bien par le mandat qui lui est octroyé, par sa méthode de communication, que par sa capacité d’innover.

Le mandat...

Bien que les deux institutions aient le même but, permettre la croissance économique tout en préservant la stabilité des prix, elles ne suivent pas la même méthode. Les Traités européens donnent mandat à la Banque centrale européenne pour veiller à la stabilité des prix, l’inflation devant être maitrisée sous le seuil de 2% sur le moyen terme. Cette stabilité doit être le moteur de la confiance, permettant un développement économique stable.

De son côté, la Fed poursuit le même objectif, mais en prenant en considération aussi bien la stabilité des prix que le niveau de chômage, lui permettant un arbitrage entre les deux variables, et la possibilité d’agir dans une configuration telle que nous la connaissons aujourd’hui. Sur la base de ce mandat, la Fed a pu agir à plusieurs reprises via les épisodes d’assouplissement quantitatifs en 2009 et 2011. La probabilité d’un troisième plan du même type devient aujourd’hui plus importante au regard de la dégradation récente des chiffres macroéconomiques outre-atlantique.

L’échec du mandat européen est flagrant, attesté par un niveau de chômage de 10.9% dans la zone euro.Les plans de croissance évoqués ces dernières semaines ne sont qu’un leurre puisque la demande, source principale de la croissance, est précisément de la responsabilité de la Banque centrale. Les réformes évoquées par une politique de l’offre sont tout à fait insignifiantes en comparaison de la capacité d’une banque centrale de remettre l’économie européenne en ordre de marche.

Au contraire, la Fed a pu prendre en compte un niveau de chômage trop élevé afin de justifier un soutien à l’économie, et ainsi de faire passer au second plan la nécessité de stabiliser les prix. Bien que ces mesures n’aient été que de faible ampleur, puisque largement contestées, elles ont permis une inversion des courbes et la baisse du niveau de chômage. Il est à noter que la stabilité des prix n’a pas été affectée par ces plans, malgré les hurlements poussés par ses opposants.

La communication...

La Banque centrale européenne a pris l’habitude de répéter à chaque conférence de presse « we never pre-commit ». Il s’agit du refus de donner des indications sur les futures décisions de l’autorité monétaire. A l’inverse, la Fed a pris la mesure de l’importance de sa communication à l’automne dernier. La décision de laisser les taux inchangés jusqu’en 2014 offre aux acteurs économiques une visibilité nécessaire dans un monde en crise.

Le 10 mai, la Bundesbank a fait savoir qu’elle tolérerait un niveau d’inflation supérieur en Allemagne, tant que le niveau d’inflation global de la zone euro ne serait pas supérieur à 2%. Cette première initiative dans la communication laisse augurer un changement de ton et offre enfin une ouverture en ce sens.

L’innovation...

La Banque centrale américaine a su prendre en considération les développements académiques et la recherche sur les questions monétaires. C’est ainsi qu’à l’automne dernier elle a pu prendre en compte les apports du professeur Scott Sumner sur le l’objectif de PIB nominal. Cet apport a été écarté à ce moment, mais qualifié de « très intéressant », ce qui permet de nourrir un espoir sur cette mesure.

Cette proposition consiste à prendre en considération la croissance et l’inflation en une seule et même mesure, le PIB nominal, et d’en faire l’objectif de la politique monétaire. Ainsi un chiffre de 5% (correspondant aux années de croissance « saines ») peut être considéré, et devient l’objectif de la Banque centrale. Celle-ci se devra de soutenir l’économie jusqu’à ce qu’elle atteigne 5% (3% de croissance et 2% d’inflation, par exemple).

La BCE est quant à elle totalement liée à son mandat, coupée du monde extérieur, et ne s’est résolue à agir par la voie des LTRO (politiques de refinancement à long terme) que lorsque le secteur bancaire européen était totalement au bord du gouffre.

A travers le prisme de la crise, la BCE peut être qualifiée d’autorité de réaction, comparativement à une Fed, force d’action et de proposition. Le mandat de stabilité des prix octroyé par les traités européens en est la principale raison, et la principale cause de la crise en Europe.

La crise européenne ne pourra être « traitée » efficacement qu’en modifiant ce mandat, et remplacer l’objectif de stabilité des prix par un traitement simultanée de l’inflation et du niveau de croissance. Ce mandat pouvant prendre la forme de l’objectif de PIB nominal, aujourd’hui validé par un nombre croissants de personnalités influentes (Scott Sumner professeur Université de Bentley, Charles Evans, président de la réserve fédérale de Chicago, Paul Krugman, prix Nobel d’économie, Christina Romer, ancienne première conseillère économique de l’administration Obama, Jan Hatzius, chef économiste de Goldman Sachs).

L’ironie veut que la mise en place d’une telle mesure permettrait une inversion immédiate de la tendance économique (austérité, croissance nulle et chômage), en se basant sur sa principale composante : la confiance.

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