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Bataille de chiffres autour des expérimentations sur la limitation de vitesse à 80km/h
©Reuters

Pas clair...

Une bataille de chiffres s’est engagée entre le gouvernement et l’association 40 millions d’automobilistes. La seconde a été la première à dégainer avec la publication de son bilan sur l’expérimentation. Dans la foulée, l’Observatoire National Interministériel de la Sécurité Routière (ONISR) a rendu public son propre bilan.

Adrien Pittore

Adrien Pittore

Adrien Pittore est journaliste, photographe et pigiste. Il a notamment participé au recueil « Les Photos qu’on peut voir qu’au niveau district – Tome 2 » publié le 17 novembre 2017 aux éditions Petit à Petit.

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Le passage des 90 à 80 km/h continue toujours autant de faire jaser. Et ce n’est pas cette opposition de bilans qui risque d’arranger les choses. Ils portent tous les deux sur une expérimentation lancée en 2015. Alors ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve avait voulu limiter trois tronçons de routes départementales à 80 km/h.

Une bataille de chiffres

Du côté de l’association 40 millions d’automobilistes, le bilan n’est pas bon. Pour les trois tronçons (RN7 entre Gervans et Bourg-lès-Valence, RN151 entre Auxerre et Varzy, RN 57 entre Échenoz-le-Sec et Rioz), on constate que le nombre de tués sur les routes reste stable voire diminue pour la période étudiée. Bonne chose.

Pour autant, le nombre d’accidents ne diminue pas, de même que le nombre de blessés qui serait plutôt en augmentation. Pour les trois tronçons, on observe aussi un effet d’accoutumance. Sur les six premiers mois de l’expérimentation, les courbes ont tendance à baisser. Mais sur l’année 2016, elles repartent toutes sans exception à la hausse. 

L’ONISR a alors répliqué en publiant ses chiffres de l’expérimentation. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils sont aussi sujet à interprétation. Il n’y réellement que sur la RN151 où les résultats soient probants car en deux ans, l’ONISR ne dénombre qu’un accident avec un blessé léger. Très loin des neufs que compte l’association. Sauf qu’il ne s’agit que de la portion dans la Nièvre. Pour celle dans l’Yonne, il y a encore sept blessés et un mort. Soit les chiffres de 40 millions d’automobilistes

Pour les autres tronçons limités, les chiffres ne bougent pas, il y a toujours au moins un mort. 

Qui a raison ?

Difficile de le dire avec certitude tant les deux entités se renvoient la balle. En somme, l’ONISR reproche un manque d’objectivité à 40 millions d’automobilistesquand cette association pointe du doigt l’inefficacité de l’expérimentation. 

Sur la forme, les deux entités s’opposent. Mais sur le fond, aux vues des chiffres évoqués par les deux institutions, il est difficile de dire que cette expérimentation soit une réussite. Un point de vue que partage, à demis-mots, la Sécurité Routière.

Le nombre de tués et de blessés hospitalisés sur la période de juillet 2015 à juin 2017 est en diminution par rapport à l’équivalent sur deux ans des résultats enregistrés sur les cinq années 2010–2014 qui ont précédé l’expérimentation. En revanche, le nombre de blessés légers a augmenté.

C’est avec une pirouette plus ou moins habile que la Sécurité Routière nous livre pour expliquer cette défaillance : l’expérimentation a duré trop peu de temps pour être significative. 

On ne sait pas pour l’instant quelle suite sera donnée au dossier et à cette expérimentation. En tous cas, elle va alimenter le débat politique pendant encore quelques temps. On sait d’ailleurs qu’un groupe de travail sénatorial a été mis en place dès mardi pour rendre ses conclusions courant avril. 

Article initialement publié sur le site d'Eric Verhaghe

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