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SOS PME en détresse : la Banque publique d’investissement de Hollande peut-elle vraiment sortir les entreprises de la crise ?
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Banque Hollandaise

La mission de préfiguration confiée à Bruno Parent, inspecteur général des Finances, rend ses conclusions sur la future Banque publique d’investissement ce mardi. Promesse du candidat François Hollande, la BPI devrait être lancée en octobre. Objectif : être au service "de la croissance et des PME".

Bernard Cohen-Hadad

Bernard Cohen-Hadad

Bernard Cohen-Hadad est président de la commission financement des entreprises de la CGPME. Il est également président du think-tank Etienne Marcel et assureur.

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Juillet 2011 avait mis le gouvernement de François Fillon face à deux écueils : la dure réalité de l’augmentation du poids des déficits publics et le risque d’implosion de l’Europe face à la révélation de l’étendue de la crise grecque. Douze mois après, on peut sans choquer dire que la situation économique ne s’est pas vraiment améliorée. Plus que jamais, la réduction de la dette publique est au centre des préoccupations de tous ... et donc des entrepreneurs ! La dette publique est un gouffre dans chaque pays de l’Europe communautaire à l’exception près de l’Allemagne.

Dans ce contexte, les TPE-PME et les PMI peuvent-elles attendre que l’Etat joue le rôle d’un super banquier et mette à leur disposition tous les financements qu’elles recherchent. Il faudra bien entendu mesurer les conditions d’éligibilité. C’est tout l’enjeu de la Banque publique d’investissement (BPI) dont on attend avec impatience la mouture d’un projet qui reprenne le meilleur des dispositifs OSEO, Caisse des dépôts et consignations entreprise (CDC.E) et Fonds stratégique d’investissement (FSI).

Si ce projet fait grincer des dents, c’est parce que chacun sait que la marge de manœuvre est ténue et que les entreprises moyennes, celles qui sont en difficulté, sont en attente de soutiens clairs et rapides en matière de financements. 

En effet, les entreprises moyennes (et aussi les TPE) sont au cœur de l’enjeu économique de notre pays. Elles représentent l’immense majorité (en réalité la quasi-totalité) des entreprises et la moitié de l’emploi. On les entend peu mais elles sont présentes sur tout notre territoire, enracinées dans leurs régions et peuvent compter sur l’engagement de leurs organisations patronales, les efforts de leurs dirigeants et de leurs salariés. Mais lesTPE-PME rencontrent principalement deux sortes de difficultés : la confiance en notre économie et des difficultés récurrentes de financement malgré un renforcement en fonds propres.

Les entreprises et les entrepreneurs ont donc besoin de retrouver la confiance en l’économie pour sortir de la crise. Et cette attente n’est pas nouvelle. En effet, parmi d’autres indicateurs, les différents baromètres CGPME-KPMG montrent que les dirigeants d’entreprises moyennes sont avant tout sensibles à l’évolution de la situation économique nationale. En juin 2012, phénomène exceptionnel, 86% d’entre eux se disent inquiets et 33% des patrons de PME déclarent être dans l’autocensure ou restreignent leurs demandes de financement.

Un an plus tôt (avant la crise grecque) les chiffres étaient respectivement de 66% et de 23 %. On voit donc bien que les dirigeants attendent que l’Etat joue un rôle de bon gestionnaire et trouve prioritairement des solutions internes, c'est-à-dire dans la sphère publique, pour accompagner intelligemment la réduction des déficits. Cela veut dire réduire son train de vie sans chercher à augmenter les charges qui pèsent durablement sur le développement et la compétitivité des entreprises moyennes.

Une autre clef de la confiance est la stabilité juridique et fiscale. Il faut en terminer avec la rétroactivité des lois défavorables aux entreprises. Comment encourager l’entrepreneuriat qui réclame de l’investissement, une prise de risques, un équilibre au plus juste des marges financières sans garantir un engagement de stabilité juridique et fiscal sur le long terme ? Dans cet esprit, il faut ménager l’investissement privé dans les entreprises moyennes que ce soit pour les particuliers ou pour le capital investissement. Et c’est mieux que des promesses de subventions dont l’Etat n’a plus, à lui seul, les moyens.

Le financement des TPE-PME et des PMI est aussi un enjeu de long terme. La Banque Publique d’Investissement (BPI) voulue par le président de la République doit être à la hauteur des promesses, des ambitions et des attentes. Elle doit être aussi être « simple », accessible, responsable vis-à-vis des banques et innovante dans sa gouvernance. Parce que la situation financière des entreprises et des industries moyennes l’exige et parce que le dispositif PME-PMI, en place, requiert un renforcement régional et une plus grande réactivité locale face à la diversité des nouvelles demandes. Car si l’idée de banque publique n’est vraiment pas une nouveauté, la mettre en place, sans décevoir, est une autre affaire !

Déjà en février 2011, on évoquait la nécessité de mieux coordonner le dispositif de financement public pour plus d’efficacité et s’adresser aux entreprises patrimoniales qui rencontrent régulièrement des difficultés de financement faute de soutiens bancaires. En cela, la BPI doit accompagner le secteur bancaire privé qui se trouve limité dans son rôle de fournisseur de crédits par les normes prudentielles. Son rôle n’est donc pas de chercher à le remplacer. On s’étonnerait qu’elle s’intéresse prioritairement aux entreprises en bonne santé. Car l’objet de cette banque, c’est d’abord d’accompagner ou de garantir les entreprises qui ont des difficultés à trouver des fonds en amorçage ou en trésorerie pour se maintenir, se développer ou encore sauvegarder l’emploi.

Et c’est dans l’objectif de croissance, clairement, le rôle que doit jouer l’Etat dans notre économie : garantir la stabilité de toutes les normes publiques et être, en ce sens, à côté des entrepreneurs un partenaire financier de long terme. Jouer un rôle d’information et de lien entre ses dispositifs et assurer à chaque entreprise un traitement équitable. Mais l’Etat ne peut être un entrepreneur comme un autre même en matière financière. Dans le cas contraire, rien ne pourrait être plus lourd de conséquences humaines, demain, qu’un retrait ou qu’un défaut de son engagement.

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