Baisse du chômage : ce quinquennat qu’il faudrait à François Hollande pour effacer la catastrophe du premier (à supposer qu’il ne commette plus d’erreurs)<!-- --> | Atlantico.fr
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Les chiffres du chômage sont loin d'être enviables puisque les résultats 2016 ne permettent que de corriger qu’une partie de la véritable saignée que le pays connaît depuis 2007.
Les chiffres du chômage sont loin d'être enviables puisque les résultats 2016 ne permettent que de corriger qu’une partie de la véritable saignée que le pays connaît depuis 2007.
©Reuters

Y'a pas le feu !

Malgré une légère baisse de 0.3%, les chiffres du chômage présentés pour le mois d'octobre 2016 demeurent décevants. Si jamais l'actuel locataire de l'Elysée voyait son mandat se prolonger à l'issue de l'élection présidentielle de 2017, il n'est pas sûr qu'un nouveau quinquennat suffise à rattraper le précédent.

Pierre-François Gouiffès

Pierre-François Gouiffès

Pierre-François Gouiffès est maître de conférences à Sciences Po (gestion publique & économie politique). Il a notamment publié Réformes: mission impossible ? (Documentation française, 2010), L’âge d’or des déficits, 40 ans de politique budgétaire française (Documentation française, 2013). et récemment Le Logement en France (Economica, 2017). Il tient un blog sur pfgouiffes.net.
 

Vous pouvez également suivre Pierre-François Gouiffès sur Twitter

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Atlantico : Les chiffres publiés pour ce mois d'octobre révèlent une baisse du nombre de chômeurs. Dans le détail, quelles sont les particularités de cette publication ? Quelles sont les bonnes et les mauvaises nouvelles ? 

Pierre-François Gouiffès : Ce qui manquait le plus pour confirmer la bonne tendance sur le marché de l’emploi, c’était la répétition sur plusieurs mois de chiffres positifs sur le champ de l’emploi. Avec octobre nous avons un second mois successif de baisse du chômage, et ce n’est que la troisième fois que cela arrive depuis l’arrivée de François Hollande au pouvoir.

Mais le plus important est l’installation d’un renversement indiscutable de tendance. Sauf accident plutôt improbable, 2016 sera la première annéede baisse du nombre de demandeurs d’emploi depuis 2007, tant les A sans aucune activité que les ABC avec activité réduite. La France semble donc sortir d’une décennie de hausse ininterrompue du chômage.

Sur le plan sectoriel, la bonne nouvelle concerne le chômage des jeunes qui baisse de façon non négligeable depuis un an et demi.

La situation est toutefois loin d’être enviable puisque les résultats 2016 ne permettent que de corriger qu’une partie de la véritable saignée que le pays connaît depuis 2007. Une autre mauvaise nouvelle concerne les évolutions divergentes entre les DEFM A et les BC : le chômage incluant les activités réduites n’a fait que se stabiliser mas ne baisse pas encore. Un autre point de préoccupation concerne le chômage des plus de cinquante ans qui continue d’augmenter, alors qu’il a quasiment triplé depuis 2008 et augmenté de plus de moitié depuis 2012.

On peut constater une hausse du nombre de reprises d'activité, soit 105 700 pour ce mois d'octobre. Au delà des différents biais statistiques, faut il voir dans ce chiffre une réelle amélioration de la situation sur le front de l'emploi ?

La politisation extrême des chiffres du chômage pousse souvent à une analyse fine de données mensuelles.Parmi les données poussant à conclure à une amélioration structurante du taux de chômage, il est clair que le niveau de sortie du chômage pour reprise d’activité est à son niveau le plus haut depuis juillet 2010 avec 105 700 sorties pour ce motif.

En face, il y a le sujet des entrées en stage de formation professionnelle (plan « 500 000 formations ») et des entrées en contrats aidés, symbole d’un pilotage politico-budgétaire des chiffres du chômage. Le nombre des sorties pour entrée en stage (79 500) demeure élevé et en forte progression sur un an (doublement par rapport à octobre 2015 avec 41 300 sortie pour ce motif).

Après un pic atteint en octobre 2015, le nombre de chômeurs en catégorie A a bien suivi une pente descendante depuis lors. Pourtant, à ce rythme, la hausse du chômage subi sous le mandat de François Hollande ne sera absorbée qu'en février 2022. Comment expliquer cette lenteur ?

Votre approche a ses vertus pour bien caler les idées mais également des limites car le chômage subit les impacts des ruptures macroéconomiques mais également d’éventuelles réformes structurelles.

En effet et si on se limite aux seules statistiques, ce qui manque à la France pour améliorerfortement sa situation de chômage, c’est une séquence durable de baisse d’ampleur comparable aux séquences avril 1999-avril 2001 (25 mois de baisse consécutive) ou juin 2005-février 2008 (33 mois de baisse), chaque fois avec une baisse totale de plus de 700 000 DEFM A… à comparer avec environ une baisse de 100 000 DEFM A et d’un peu plus de 20 000 DEFM ABC depuis le début de l’année 2016. Le retournement de tendance est réel mais récent seulement.

Sur le plan de la vigueur économique, on demeure dans un contexte de croissance molle comme l’atteste la récente révision à la baisse de la prévision de croissance de l’INSEE.

Sur le plan des réformes structurelles, on peut constater que les deux finalistes de la primaire de la droite et du centre François Fillon et Alain Juppé justifient les réformes du marché du travail qu’ils proposent par la cible d’un retour au plein emploi, soit peu ou prou une division par près de deux du taux de chômage actuel de la France (10% selon l’INSEE), avec la ligne d’horizon du taux de chômage de nos voisins britannique (5,3 %) et allemand (4,6 %).

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