Avis de tempête sur la politique, mais pas de panique sur les marchés boursiers. Seule inquiétude, les taux d’intérêt…<!-- --> | Atlantico.fr
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Le siège de la Banque centrale européenne à Francfort-sur-le-Main, dans l'ouest de l'Allemagne, le 10 mars 2022
Le siège de la Banque centrale européenne à Francfort-sur-le-Main, dans l'ouest de l'Allemagne, le 10 mars 2022
©©DANIEL ROLAND / AFP

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Deux jours après les élections législatives, les marchés boursiers ont retrouvé le chemin de la hausse. Mais le marché de la dette est plus fébrile, ça veut dire que si la France reste ingouvernable, les taux d’intérêt vont augmenter

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Tout se passe comme si les boursiers et les investisseurs s’accommodaient des résultats des élections législatives. Le cours des actions et les indices ont retrouvé une légère hausse, +0,64% lundi, et + 0,7% mardi. Depuis deux semaines, ils s’attendaient au pire. La veille du week-end, ils avaient terminé la semaine au plus bas depuis mars, avec une chute de 5% en 4 jours. 

Le président de la République n’a pas obtenu la majorité absolue, ce qui va créer une situation très compliquée pour gouverner ; mais les boursiers ne s’en inquiètent pas. Les indices boursiers se tiennent et certaines valeurs ont d’ailleurs bien rebondi après des semaines douloureuses. Renault, St Gobain, Valeo, Air France ont repris des couleurs. 

Le marché obligataire, en revanche, est plus fébrile puisque les taux d’intérêt ont bougé dans un climat déjà rendu haussier par l’inflation et les mesures restrictives des banques centrales. Pour les créanciers, c’est-à-dire pour toutes les institutions qui financent nos dettes, l’absence d’une gouvernance stable et solide est un facteur de risque donc de hausse des taux. Hausse légère certes mais en forme d’avertissement. 

Au total, les réactions ne sont pas significatives, d’autant qu’elles sont réservées aux acteurs qui s’expriment sur l’hexagone. Les investisseurs étrangers restent assez peu préoccupés par la situation politique française. 

Ils ont d’autres sujets autrement plus stressants : l’inflation et le ralentissement de l’économie mondiale. 

Pour les investisseurs, l’inflation n’est pas seulement alimentée par les cours du pétrole ou des céréales bloquées par la guerre en Ukraine, elle est surtout imputable au prix que va coûter la lutte pour le climat et l’environnement et cela sur les 30 prochaines années. Les investisseurs qui cherchent du long terme sont évidemment inquiets par les modalités et l’agenda de la mutation écologique. En bref, ils comprennent parfaitement que, pour des raisons éthiques et morales, les opinions publiques occidentales fassent pression pour une transformation forte et rapide, ils comprennent moins bien que les mêmes opinions ne tiennent pas compte du cout induit que cela représente, d’autant que la même pression ne s’exerce pas trop sur les pays émergents qui sont pourtant les plus gros pollueurs de la planète. La décision prise au niveau européen d’interdire les voitures à moteurs thermiques en 2035 leur semble aberrante parce qu’a priori insoutenable en terme de cout global pour le consommateur. C’est ce surcout là que l’inflation anticipe. D’autant que parallèlement, on a amorcé un début de renversement de la mondialisation. Le retour au made in France va lui aussi couter cher. 

Dans cet environnement impacté par l’inflation, il va aussi falloir compter avec le ralentissement de l’économie. Un ralentissement imputable à la guerre, aux sanctions mais aussi au Covid qui continue de bloquer beaucoup de pays émergents, dont la Chine qui reste l’usine du monde. 

Sur le cours et moyen terme, les marchés ne voient pas de risques précis et supplémentaires liés à la situation politique française. 

1er point : Au niveau du diagnostic, le modèle français est porteur de risques spécifiques mais ces risques sont parfaitement identifiés : trop de dépenses publiques de fonctionnement, obésité de l’appareil d’Etat, inefficacité des organisations administratives (dans l’école, la santé, l’ordre, la justice). 

2e point : au niveau des remèdes, il va falloir absolument que le président de la République noue des accords pour disposer d’une majorité afin de faire voter les lois. Pour les acteurs du monde économique, il ne peut pas en être autrement et ce sera l’intérêt de tout le monde que de trouver des compromis. Toutes les grandes démocraties le font, à commencer par l’Allemagne, l’Italie et la plupart des pays du nord. Dire, comme beaucoup d’analystes, « que la France n’a pas la culture du compromis et qu’elle n’est pas l’Allemagne » ne sert strictement à rien et fait perdre du temps. 

« Le prince qui gouverne s’oblige au compromis, disait Machiavel, sinon le peuple l’évince. »  En démocratie, les candidats ont une obligation de moyens avant l’élection, mais ils ont une obligation de résultats une fois élu. 

La bourse, les marchés financiers, monétaires et obligataires n’ont qu’un objectif, satisfaire leur mandant qui leur ont confié leur argent et une seule stratégie ; respecter les faits et les chiffres.

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