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Auschwitz une œuvre d'art ? C'est en tout cas ce que pense le Musée des arts décoratifs de Paris !
©Reuters

Arbeit macht frei…

Tous les goûts sont dans la nature. Mais il y en a certains qui pulvérisent les records du mauvais goût.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Le Bauhaus rayonna pendant longtemps sur tous les continents. Fondée en 1919 et morte en 1933 avec l'arrivée d'Hitler au pouvoir, cette école artistique produisit des objets, des toiles, du mobilier et fut surtout connue pour son architecture novatrice. Pour les Nazis, elle était l'incarnation même de ce qu'ils appelaient "l'art dégénéré". Leur victoire signa l'arrêt de mort du Bauhaus. Nombre de ses architectes partirent pour Tel Aviv ou l'on peut admirer les immeubles par eux dessinés. 

Tous les créateurs du Bauhaus n'étaient pas juifs, loin s'en faut. Certains même l'étaient moins que d'autres. Tel fut le cas de Frantz Ertl, élève du Bauhaus dans les années 1930. Sa vocation, qui n'était pas qu'architecturale, le poussa à devenir SS. Un homme de confiance qu'on chargea de construire les baraquements d'Auschwitz dont chacun peut aujourd'hui encore contempler l'harmonie et le style. Le Musée des arts décoratifs de la ville de Paris, scrupuleux et méthodique, n'a pas oublié Frantz Ertl. Et lui a accordé une place respectable dans son exposition consacrée au Bauhaus. 

Ainsi, sur un planisphère intitulé "l'héritage du Bauhaus" et indiquant les lieux majeurs des réalisations de cette école figure le nom d'Auschwitz. Fallait y penser… Fallait oser mettre dans cet héritage des baraquements sinistres ou des centaines de milliers d'hommes et de femmes sont morts. Pour commenter cela, on hésite entre les mots dégoût et mépris. Mais peut-être que les commissaires de l'exposition ont pensé qu'Auschwitz était un camp de villégiature où, selon les préceptes de l'oncle Adolph, l'on forgeait des esprits sains dans des corps sains ? 

Le journal Marianne, qui relate l'affaire, a interrogé les commissaires concernés. Les malheureux se sont dit "choqués par cette polémique". Et ont argué pour leur défense que le nom d'Auschwitz "était écrit en italique" afin de le distinguer des autres. Ah, Auschwitz en italique ! Que de grâce dans ces caractères fins, habituellement réservés aux citations de livres et de poèmes ! Ah, mourir en italique c'est tellement chic et élégant !

On notera toutefois que le SS Frantz Ertl n'a pas conçu les chambres à gaz. Ce qui est certainement une circonstance atténuante dans l'esprit des organisateurs de l'exposition. D'ailleurs, ils ne sont peut-être pas vraiment coupables. Quand des robots (même artistiquement cultivés) prennent la place d'êtres humains, toute infamie acquiert droit de cité. Récemment, le Musée des arts décoratifs a accueilli une exposition joliment baptisée "Tenue correcte exigée". On a pu y voir – le ridicule ne tuant plus depuis longtemps – la célèbre robe à fleurs de Cécile Duflot. On ne sait pas s'il y avait à côté un uniforme SS…

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