Aurélie Filippetti trouve que Sophia Aram est "une animatrice de grand talent" : à quoi ressemble donc la télé rêvée de la ministre de la Culture ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Les salariés de France 2 demandent le départ de Sophia Aram, dont le programme fait un flop.
Les salariés de France 2 demandent le départ de Sophia Aram, dont le programme fait un flop.
©Freepik

Oui mais non

Depuis la rentrée, l'émission quotidienne "Jusqu'ici, tout va bien" présentée par Sophia Aram peine à dépasser les 400.000 téléspectateurs. Malgré cet échec qui sème le trouble au sein de la chaine, la ministre de la Culture et de la Communication appuie l'ex-humoriste de France Inter.

Francis Balle

Francis Balle

Francis Balle est professeur de Science politique à Pantheon-Assas. Il est l’auteur de Médias et sociétés 18 ème édition, ed Lextenso et de Le choc des inculture , ed L’Archipel.

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Atlantico : Bien que, devant ses médiocres scores et les dangers qu'elle fait courir à la chaine, les salariés de France 2 demandent le départ de Sophia Aram, Aurélie Filippetti a tenu à soutenir l’animatrice à plusieurs reprises, affirmant que le procès tenu à son encontre est disproportionné. Comment expliquer un tel appui ? Par quels facteurs peut-il être motivé ?

Francis Balle : Qui sont les salariés de France 2 pour juger l'émission de Sophia Aram ? N'auraient-ils pour critère d'appréciation que les seuls résultats d'audience ? Il ne faut jamais oublier qu'une émission a besoin de temps. Dans un premier temps, elle ne peut que déconcerter, décontenancer. A qui une nouvelle émission doit-elle plaire ? Qui est autorisé à l'apprécier ? Les critiques professionnels ? Les confrères ou les consœurs de la star de l'émission ? La hiérarchie de la chaîne ? Les autres salariés de la chaîne ? Les téléspectateurs ? Comme téléspectatrice, Aurélie Filippetti a la droit de dénoncer un procès en sorcellerie... pas en sa qualité de ministre de la communication.

Est-ce vraiment le rôle d’un ministre de la Culture de se prononcer sur le casting de la première chaîne publique ?

Les chaînes du secteur public doivent exercer leurs responsabilités en toute autonomie. L'autonomie n'est pas l'indépendance : France 2 doit respecter les obligations générales qui s'imposent à toutes les chaînes de télévision ainsi que certaines obligations particulières inscrites dans son cahier des charges. Le CSA est seul habilité, par la loi, en vertu des pouvoirs qui lui sont conférés, à veiller au respect, par les chaînes, quelles qu'elles soient, de ces obligations. Le ministre en charge de la communication doit s'interdire de se substituer au CSA.

Aurélie Filippetti, qui comparait Nicolas Sarkozy à un patron de chaîne lorsqu’il était chef de l’État, s’entreverrait-elle comme directrice des programmes de France 2 ?

Nicolas Sarkozy a fait inscrire dans une loi votée par le Parlement la suppression de la publicité après 20 heures sur les chaînes publiques ; Aurélie Filippetti a pour fâcheuse habitude de s'exprimer publiquement sur les émissions elles mêmes. Peut-on parler d'intervention au même sens du terme dans les deux cas ?

A quoi pourrait ressembler la programmation matinale de la télévision publique selon la ministre de la Culture ?

Je n'en sais rien. Ce que je sais, c'est que les interventions incessantes de la rue de Valois sur la vie quotidienne des chaînes du secteur public sont contraires tant à la lettre qu'à l'esprit de la loi à laquelle la télévision publique est soumise en France depuis 1982, et plus encore depuis 1986 et 1989 avec la création du CSA.

Le midi, on prend les mêmes et on recommence ?

Prendre les mêmes ? Pourquoi pas ? Les téléspectateurs aiment les rendez-vous qui les rassurent. Après qu'ils ont adopté un « journaliste-tête d'affiche », ils lui vouent une fidélité sans faille...

Et le soir ? On garde le 20 heures et le film ?

Le JT de 20 heures reste un rendez-vous indispensable. Et le film, lui aussi, répond aux attentes que toutes les enquêtes révèlent. Pour l'heure, ces deux programmes sont pour les chaînes généralistes - tous les publics, tous les sujets - comme une marque de fabrique, un signe distinctif. Ce qui justifie leur survie dans un paysage qui s'est considérablement enrichi et diversifié.  

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