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Attente vis-à-vis de l’UE : l’enquête exclusive qui montre que les Français sont plus proches des pays du Nord que des pays du Sud
©FRANCK FIFE / AFP

Info Atlantico

Un sondage Ifop en exclusivité pour Atlantico en partenariat avec cinq autres instituts en Europe montre qu'en matière d'intégration européenne, les Français partagent plus l'opinion des pays du Nord que celle de ses voisins directs. Deuxième partie de cette enquête à quatre volets (2/4).

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet est directeur du Département opinion publique à l’Ifop.

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L'enquête entière à retrouver sur ce lien

Atlantico : D'une plus forte intégration à la fin de l'Union européenne, comment appréhender les souhaits des Français concernant l'avenir de l'UE qui semblent plutôt s'orienter vers une voie intermédiaire ? Comment le comparer aux autres pays européens ?

Jérôme Fourquet : On constate effectivement, on le savait, qu’il n’y a pas de position unanime et homogène de la société française concernant l’avenir de la construction européenne. Quand on essaye de synthétiser les positions sur  une échelle en quatre items allant d’une plus forte intégration avec un gouvernement unique, c’est à dire l’option la plus fédéraliste, à une Union européenne qui s’apparente à une pleine et entière confédération avec monnaies nationales, on voit que les réponses sont très dispersées. 

Quand on regarde en termes de rapports de force, on a quand même aujourd'hui plutôt une majorité qui se dessine vers davantage d’intégration, les deux premiers items cumulés étant à 50%, mais avec quand même, au sein de ce courant plutôt majoritaire un bémol de taille dans la mesure ou les réponses les plus nombreuses (35%) choisissent l’item d’une forte intégration concernant les orientations nationales  mais conservant des gouvernements dans chaque État avec une politique fiscale et une monnaie commune. Ce qui montre que l’on garde quand même le cadre existant. Nous sommes dans le souhait ici, cela signifie que la population veut bien aller un peu plus loin, mais pas trop loin non plus par rapport à ce que nous avons déjà. Cela montre quand même un grand flou sur les attentes des Français vis à vis de la construction européenne. Il n’est pas facile aujourd’hui de fédérer, aucune vision consensuelle n’apparaît s’imposer dans un camp comme dans un autre. 

On voit aussi que 35% de la population évoque une monnaie nationale, ce qui est un niveau plus élevé que ce que nous mesurons habituellement, ce qui peut s’expliquer par la façon de poser la question. La sortie de l’euro se mesurant plutôt autour des 25-30% en France. Ce qui marque la division de l’opinion française.

Le segment le plus fédéraliste correspond en poids numérique au segment le plus confédéré, et on a ensuite une majorité relative sur une situation actuelle optimisée, dans le sens d’une intégration un peu renforcée. Cela est un pas de plus sans être un grand saut, sans pour autant être un retour en arrière. La proportion élevée de ceux qui ne se prononcent pas montre que ces sujets sont éminemment techniques et complexes, et qu’une lecture un peu simpliste ou basique ne s’impose pas sur ces sujets là.   

Si la France apparaît comme le pays intégré à l’euro montrant le plus défiance à son égard, on constate des niveaux qui ne sont pas très différents en Europe. Si on prend le groupe France-Allemagne-Autriche, on constate que les opinions sont assez proches, à quelques points près. On voit ensuite un bloc des pays du sud, Espagne-Italie, qui sont proches entre-eux. Les pays du sud sont très majoritairement en faveur de davantage d’intégration, avec une forte minorité fédéraliste, 30% en Espagne et 28% en Italie,  puis 37 et 33% sur l’option intermédiaire. L’Europe du sud est donc plus intégrationniste et fédéraliste alors que le bloc France-Allemagne-Autriche - proches entre eux- sont favorables à une intégration mais sur un rythme beaucoup moins soutenu. Enfin des Polonais, qui ne sont pas dans l’euro, qui sont bien plus pour une solution confédérale. 

L’intérêt de ces sondages internationaux est de pouvoir comparer. Et ce que l’on constate, c’est que si la France est divisée, nous retrouvons ces divisions dans d’autres pays, et que le schéma global donne à voir des groupes de pays montrant une certaine cohérence, mais avec des positions divergentes entre ces groupes. Tout cela laisse augurer des difficultés pour aller dans un sens ou dans un autre. La configuration de l’opinion au plan européen ne permet pas qu’il en soit autrement.     

Comment s'articule cette approche des Français avec l'orientation prise par Emmanuel Macron ? 

Emmanuel Macron a pris un risque en adoptant un positionnement favorable à plus d’intégration mais il s’agit d’un risque calculé. Si cette option n’est pas majoritaire dans le pays, il existe une forte minorité qui la partage. Le pari qui était le sien était de dire qu’il voulait se constituer en unique champion de ce camp là. Donc même si Emmanuel Macron est minoritaire et le sondage montre quand même qu’à des degrés divers, 50% des Français sont pour davantage de coopération, il dispose d’un couloir assez vaste. En se disant que les euro critiques et les eurosceptiques sont puissants mais divisés. Il veut être le seul  à s’adresser efficacement à ce camp du Oui. 


Quels sont les souhaits des Français, comparativement aux autres pays européens, concernant les actions à mener par l'Union européenne sur la question de l'immigration ?


Ce que l’on constate au plan purement national c’est que les Français sont très nettement favorable aux contrôles aux frontières et à la fermeture pour tous les migrants illégaux. Nous sommes donc sur une position ferme et dure qui est très nettement majoritaire ,54%, alors que l’autre item proposé n’est qu’à 26%. Il existe donc un rapport de un à deux sur cette question. On voit au regard de ce sondage que les choses sont assez claires. Autant cela est plus partagé sur les orientations européennes autant la question de l’immigration est majoritairement dirigée vers une position de durcissement. Cette ligne de fermeté n’est pas propre à la France puisque nous sommes pratiquement au même niveau que les Autrichiens et peu éloignés des Allemands, tandis que les Polonais sont un ou deux crans au dessus de la France. Les Espagnols et les Italiens, qui sont des pays d’arrivée, sont majoritairement sur une volonté de répartir les migrants dans les autres pays européens. Il peut également se manifester une certaine accoutumance aux arrivées qui pourrait faire dire aux populations qu’il est illusoire de penser pouvoir fermer les frontières, notamment avec des frontières maritimes. Les choses ne sont pas si simples derrière les grands discours.

Autre élément intéressant, on voit l’émergence d’une extrême droite en Espagne qui très récente, notamment en Andalousie, qui est en première ligne concernant les arrivées, mais on voit que l’Espagne est encore très majoritairement sur une position d'accueil. Contrairement à l’Italie avec un débat qui est installé depuis longtemps sur cette question et avec une extrême droite qui est bien plus puissante qu’elle ne l’est en Espagne. 

La suite de l'enquête demain sur Atlantico

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