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Après le séisme Charlie Hebdo, ces opportunités que les politiques doivent saisir pour sortir la France de l’immobilisme
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Editorial

Le danger terroriste qui plane sur la France pousse nos dirigeants à sortir de leurs querelles de clocher pour tenter d’éliminer les blocages qui retardent les indispensables réformes de la société française. Reste à espérer qu'ils ne cèdent pas à la facilité.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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L’année 2015 s’engage sur les chapeaux de roues. La tragédie de Charlie Hebdo, les manifestations monstres auxquelles elle a donné lieu préfigurent une sorte de séisme qui bouleverse le climat européen. Certes, la menace des attentats reste à l’ordre du jour et pourrait s’étendre comme on le voit avec les événements de Belgique. Maisle danger et la contrainte peuvent aussi être des facteurs qui poussent les peuples à sortir de leurs querelles de clocher pour tenter d’éliminer les blocages qui retardent les indispensables réformes.

Tel est en particulier le cas de la France qui se trouve dans une fenêtre de tir aussi imprévue qu’inédite. La journée du 11 janvier a été celle de la réconciliation avec le monde : à travers la venue de dizaines de chefs d’Etat et de gouvernement et des millions de message de sympathie, nos compatriotes ont mesuré la fascination que l’hexagone continuait d’exercer, malgré tous les reproches qui ont pu lui être adressés en raison de ses particularismes et de son caractère individualiste.

Aujourd’hui, le peuple s’est ressoudé. Les Français ont pris la mesure de ce qui les unit plus que de ce qui les divise. Consciente de cette force nouvelle, l’opinion publique a adressé au Premier ministre un message qui est aussi selon lui un ultimatum. Il s’agit de recenser les problèmes clés à résoudre rapidement tels que les dysfonctionnements de l’école. Ensuite, il faut agir vite. Nos compatriotes souhaitent implicitement prolonger ce sentiment fragile d’unité nationale qui les étreint depuis les événements récents et ils sont prêts à bousculer la classe politique pour qu’elle s’intéresse enfin à l’intérêt national plutôt qu’à de mesquines querelles partisanes. Depuis le mariage pour tous, les Français ont montré qu’ils étaient de plus en plus disponibles pour descendre dans la rue. C’est un aiguillon indispensable pour le gouvernement, alors que celui-ci dispose d’un certain nombre d’atouts procurés par la conjoncture. La chute du pétrole et de l’euro, les taux d’intérêt au plus bas, les frémissements de l’activité et du moral de l’opinion vont tous dans le même sens. Pour la première fois depuis le début du quinquennat le déficit public est inférieur aux prévisions et sur le plan européen un rapprochement s’esquisse pour privilégier le retour de la croissance.

Tous ces éléments positifs devraient conduire le gouvernement à faire preuve d’audace pour s’attaquer enfin aux vraies réformes et ne pas se contenter de ferrailler pour éviter que le Parlement ne mette en pièces la loi Macron, bien timide dans le contexte actuel. Mais il rencontre aussi deux obstacles sur sa route : la désorganisation des partenaires sociaux, comme en témoigne le conflit entre le Medef et la CGPME, ou les syndicats ouvriers, avec les remous qui agitent la CGT. Mais aussi la classe politique où les résistances au changement sont favorisées par une multitude de lobbies puissants et une accumulation de textes qui stérilisent l’activité alors que le chômage continue d’augmenter. Une classe politique dont on dénonce la paresse, à droite comme à gauche, car elle est incapable d’élaborer un programme à long terme et prend ses décisions au dernier moment en fonction de l’air du temps et sans rougir de se contredire sans cesse.

Devant l’énormité de la tâche, la tentation est grande de céder à la facilité. Le gouvernement vient d’en donner un exemple, en renonçant à diminuer la rémunération du livret A, malgré la recommandation du gouverneur de la Banque de France, en favorisant le penchant de nos compatriotes à épargner alors qu’il ne cesse de militer en faveur de l’investissement. Une contradiction de plus qui montre l’ampleur de la rénovation à entreprendre.

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