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Après la grande distribution et la banque, Amazon et Alibaba sont-ils en train de se préparer à se partager le reste du monde ?
©Mike Segar / Reuters

Atlantico Business

Quand Auchan pactise avec les Chinois, quand Jeff Bezos devient l’homme le plus riche du monde et lorgne sur Carrefour, que le secteur bancaire prépare la révolution…

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Il y a des semaines comme cela presque comme les autres, mais dont le film des évènements lance tellement de signes convergents qu’il faut bien admettre que la révolution digitale avance comme un bulldozer et peut balayer toutes les activités traditionnelles.

La semaine précédente s’est terminée par un Black Friday qui restera dans l’histoire. Cet évènement purement commercial, qui ne correspond à aucune commémoration autre que marketing, a montré l’avancée spectaculaire du e-commerce. Le e-commerce qui cherchait à remplir un creux dans le calendrier du consommateur, entre les fêtes d’Halloween et celles de fin d’année, a pris tout le monde de vitesse et avance la date des soldes. La grande distribution a suivi, bien obligée, les grandes marques ont pris le train en marche mais la réalité est têtue. Le e-commerce avec Amazon en locomotive, avec Cdiscount, Fnac, Darty ont raflé plus de 40 % des 11 milliards de dépenses de consommation.

Comme en Chine où Alibaba avait imposé la fête des célibataires il y a quelques semaines. Partout dans le monde, le commerce digital donne le ton et bat la mesure.

Du coup, d’autres informations sont passées presque inaperçues. Quand Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon, monte à la première place des fortunes mondiales, ça n’émeut personne en dehors de la Silicon valley et du Comex de Wall Mart et de Carrefour. Les équipes qui dirigent les deux premiers distributeurs mondiaux se doutent bien que la forme de commerce dont ils sont les champions sont en risque. Mais au fond, ils ne croient pas qu’ils sont condamnés. Donc leur réponse n’est pas à la hauteur.

La preuve avec Auchan, quand le cœur de l’empire Mulliez engage 3 milliards d’euros dans une alliance avec Alibaba, le géant chinois, on est obligé de se dire qu‘il y a le feu dans la maison.

Jusqu’alors, les commerçants occidentaux ne se préoccupaient que du cousin américain Amazon.  Ils savaient qu‘Alibaba existait, mais Alibaba est chinois et la Chine, c’est loin. Et bien non, tout se passe comme si Amazon d’un côté et Alibaba de l’autre se préparaient à se partager le monde.

Tout va très vite... beaucoup plus vite qu‘on ne pouvait l’imaginer.

Les grands du digital, les Google, Amazon, Apple, Facebook, Microsoft et d’autres, ont acquis en moins de 20 ans, une puissance financière telle qu‘ils pourraient acquérir l’ensemble de l’industrie automobile traditionnelle, le jour où il faudra inonder la planète avec des voitures autonomes. Les Renault, Ford, General Motors  pensent que Tesla ne vend que du rêve. Oui ! Mais quand le marché et la technologie seront plus matures, Google et Apple deviendront les cauchemars de l’industrie. De l’ensemble des industries de la communication, et sans doute l’ensemble de la banque.

Les entreprises de télévision vont se retrouver dépassées par les diffuseurs de contenus qui ont les moyens de les fabriquer. Netflix n’est pas seul. Ses géniteurs ont des moyens gigantesques.

La banque traditionnelle n’arrive pas à croire que la banque digitale, la banque virtuelle qu‘elle se developpe via Facebook ou via les coprêteurs mobiles, va progressivement l’asphyxier si elle ne réagit pas. Certains réagissent, Boursorama, le Crédit agricole, mais comment organiser la mutation sans sacrifier ceux qui sont soumis à la transition ?

Alors que les opérateurs de téléphone seront eux même poussés à la consolidation pour dégager les moyens financiers indispensables à leur projet de conquêtes (Altice en France en connaît déjà le prix, et Orange s’organise)

Mais, ce qu on découvre c’est que la Chine déploie un potentiel au moins équivalent, encore plus vite. Avec un avantage considérable, la Chine travaille sur un marché intérieur de 2 milliards de consommateurs, avec des usines à produire qu'on leur a abandonné. Contrairement à l’Amérique et à l’Europe, la Chine a les clients, mais elle contrôle aussi les fournisseurs. C’est toute la différence.

Face à cette mutation difficile à imaginer qui se moque des frontières et des identités régionales, il va falloir se débrouiller pour préserver des emplois, des pouvoirs de contrôle et de régulation (qui n’existent pas) et des valeurs. 

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