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Apo(llen)calypse : pourquoi le dérèglement climatique est une très mauvaise nouvelle pour les allergiques
©Reuters

Allergies

L'élévation des températures moyennes augmente-t-elle la quantité de pollen dans l'air ? Y a-t-il un lien direct entre le changement climatique et le nombre d'allergies au pollen diagnostiquées dans le monde ?

Pierre Souvet

Pierre Souvet

Le Dr Pierre Souvet, cardiologue, est le président de l'Association santé environnement France (ASEF). Il travaille en collaboration avec l'observatoire atmosphérique du Ballon de Paris.

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Dr Sophie Silcret-Grieu

Dr Sophie Silcret-Grieu

Le Dr Sophie Silcret-Grieu est allergologue à l'Hôpital Trousseau - Centre de l'asthme et des allergies, à Paris. 

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Atlantico.fr : Pour quelles raisons l'élévation des températures moyennes augmente-t-elle la quantité de pollen dans l'air ? 

Dr Sophie Silcret-Grieu : L’élévation des températures provoque une modification sensible des saisons polliniques, par exemple, la période de pollinisation de certains arbres est plus précoce, la durée de la pollinisation peut être allongée, et l’augmentation de la température accroit la quantité de pollens libérés dans l’air ambiant. L’inhalation d’une plus grande quantité de pollen par des personnes sensibilisées provoque plus de symptômes pendant le printemps (parfois dès la fin de l’hiver et tout l’été) A ces phénomènes s’ajoutent une modification de la nature des pollens, en raison de la température et des polluants, qui ont un effet amplificateur sur le pouvoir allergisant des pollens. 

Dr Pierre Souvet : La question n’est pas tant l’augmentation des températures que celui du CO² qui augmente la quantité de pollen rejeté et la durée de la pollinisation. La hausse des températures étant liée à celle du CO², c’est pourquoi réchauffement et pollinisation sont liés. L’exemple de l’ambroisie est frappant. La quantité de pollen sécrété par l’ambroisie a littéralement explosé depuis que la quantité de CO² dans l’atmosphère augmente.

Y a-t-il un lien direct entre le changement climatique et le nombre d'allergies au pollen diagnostiquées dans le monde ?

Dr Sophie Silcret-Grieu : Le lien ne fait pas de doute, mais il est sans doute complexe. L’augmentation des allergies aux pollens est aussi le fait d’une modification du comportement immunitaire des populations dans les pays industrialisés, avec une augmentation de la prédisposition à développer des allergies, pas seulement au pollen mais pour l’ensemble des allergènes respiratoires et alimentaires. Le changement climatique agit en particulier sur les allergies polliniques en augmentant la quantité de pollen et en modifiant leur structure. Le développement (volontaire ou non) de nouvelles espèces végétales dans des régions où elles étaient absentes ou peu représentées est aussi un facteur aggravant, par exemple la plantation massive de bouleau dans le Nord de l’Europe, ou de cyprès dans le Sud a provoqué une explosion des allergies à ces espèces. 

Dr Pierre Souvet : Oui clairement. Tout d’abord le fait qu’il y ait plus de pollen dans l’atmosphère et plus longtemps est un facteur majeur.

Ensuite, le pollen est véhiculé par les particules. Puisqu’il y a plus de pollution atmosphérique, les particules fines transportent davantage le pollen. Les particules fines ont la particularité de transporter tout type de choses : les pesticides, les métaux, les hydrocarbures et le pollen.

Ainsi d’une part le pollen reste davantage en suspension dans l’air, d’autre part la pollution de l’air va provoquer une inflammation du système ORL et du système pulmonaire. Cette inflammation va permettre au pollen de trouver un champ beaucoup plus propice à la production d’un effet négatif. L’allergie va donc s’exprimer bien plus violemment.

Quelles sont les autres causes de l'augmentation des allergies au pollen ?

Dr Sophie Silcret-Grieu : La pollution est un facteur aggravant, outre son lien avec le changement climatique, la pollution provoque un état irritatif des muqueuses respiratoires qui les rend plus vulnérable à l’action allergisante des pollens. Les polluants ont aussi un effet sur les grains de pollens, en érodant leur paroi, les polluants augmentent le contact avec les protéines allergisantes contenues dans les grains de pollens. Ainsi, un pollen pollué est plus allergisant. 
L’augmentation globale de la population allergique, passée en quelques décennies de 10 à presque 30% de la population explique que le nombre d’allergiques au pollen ait considérablement augmenté.

Comme les autres allergies, les allergies aux pollens sont devenues plus nombreuses, plus sévères, et sont souvent associées à des allergies alimentaires (les allergies croisées) très handicapantes. Sur le plan respiratoire, ces allergies peuvent provoquer des asthmes parfois sévères. Cela nécessite un bilan allergologique pour permettre une prise en charge et un traitement spécifique.

Dr Pierre Souvet : Le réchauffement climatique est le phénomène de cette hausse. Le CO² joue dans l’augmentation de la quantité de pollen, et dans la hausse des températures, qui accentue elle-même la durée de la pollinisation.

Il est cependant possible d’atténuer certains de ces effets. Par exemple, nous sommes confrontés à une politique d’augmentation d’espaces verts dans les villes dans un souci de bien-être social et de lutte contre le réchauffement climatique. Mais il ne faut pas le faire n’importe comment ! Il faut varier les espèces et utiliser surtout celles qui ont un faible potentiel allergique.

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