Angela Merkel, plus populaire qu’au début de son mandat : comment François Hollande pourrait s’inspirer de la méthode de la chancelière allemande<!-- --> | Atlantico.fr
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La chancelière est appréciée comme personnalité par beaucoup d'Allemands, y compris les partisans du SPD. C'est lié à son comportement modeste, le rejet du superflu et du bling-bling.
La chancelière est appréciée comme personnalité par beaucoup d'Allemands, y compris les partisans du SPD. C'est lié à son comportement modeste, le rejet du superflu et du bling-bling.
©Reuters

Super star

Après huit ans passés au pouvoir et à un mois et demi du scrutin fédéral, la chancelière allemande bénéficie de deux tiers d'opinions favorables.

Dominik  Grillmayer

Dominik Grillmayer

Dominik Grillmayer est un politologue allemand, il travaille à la DFI (un institut franco-allemand).

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Atlantico : Après huit ans au pouvoir, Angela Merkel est au sommet de sa popularité et peut se targuer de plus de deux tiers d'opinions favorables. La chancelière termine même son deuxième mandat à la tête de la République fédérale plus appréciée que lors de son entrée en fonction en 2005. Quels sont les secrets de sa popularité ? Est-ce lié à sa politique ou à sa personnalité ?

Dominik Grillmayer : Ce sont les deux. Premièrement, sa politique est largement appréciée par les Allemands, ce qui est dû avant tout à la bonne situation économique du pays, avec une croissance stable et un faible taux de chômage. Dans ces circonstances, on cherche en vain la fameuse "Wechselstimmung" qu'on pouvait observer pendant la campagne présidentielle de 2012 en France. En Allemagne, le changement, ce n'est pas maintenant. Le SPD et son candidat Peer Steinbrück n'arrivent pas à identifier des thèmes sur lesquels ils pourraient axer leur campagne. Cela s'explique aussi par le pragmatisme de la chancelière qui n'hésite pas à reprendre des thèmes de l'opposition, si elle le juge approprié. Le meilleur exemple est le salaire minimum revendiqué par les sociaux-démocrates : bien que la CDU d'Angela Merkel propose des seuils par branche ("Lohnuntergrenze"), négociés par les partenaires sociaux au lieu d'un salaire minimum, les sociaux-démocrates ne peuvent plus marquer le point sur ce thème et n'arrivent pas à mobiliser leur électorat. C'est pourquoi cette stratégie a été nommée "démobilisation asymétrique" par quelques experts.

Deuxièmement, la chancelière est appréciée comme personnalité par beaucoup d'Allemands, y compris les partisans du SPD. C'est aussi lié à son comportement modeste, le rejet du superflu et du bling-bling. En plus, son adversaire Peer Steinbrück est loin de faire l'unanimité, même au sein de son propre parti. Homme politique respecté pour ses compétences économiques, il semble qu'il n’arrive pas à convaincre en tant que personnalité.

Angela Merkel semble promise à un troisième mandat. Comment expliquez-vous sa longévité en période de crise alors que les autres exécutifs européens sont majoritairement rejetés ?

L'Allemagne va bien, et c'est largement attribué à la chancelière - même si ce n'est pas seulement le mérite de son gouvernement actuel. Sa gestion de la crise, fortement contestée dans quelques pays européens, est appréciée par beaucoup d'Allemands, et on peut s'attendre à ce que la situation reste plutôt calme jusqu'aux élections allemandes. Par contre, le début de son troisième mandat pourrait s'avérer très difficile, car la crise est loin d'être finie.

Le président français, François Hollande traverse une importante crise de popularité un an seulement après son élection. Peut-il s'inspirer de la méthode Merkel ? Comment ?

Quant à leur personnalité, les deux leaders semblent plutôt comparables. Par contre, François Hollande se trouve dans une situation totalement différente de celle d'Angela Merkel. Il se voit confronté à des défis qui font plutôt penser à l'Allemagne au début de la dernière décennie. A l'époque, le gouvernement du chancelier Schröder devait faire face à une faible croissance, à un taux élevé de chômage et à un taux d'endettement qui n'était plus compatible avec les critères de Maastricht. Avec le dos au mur, Schröder a engagé des réformes qui ont fait chuter sa popularité et largement contribué à son échec lors des élections en 2005. Sans vouloir reprendre l'argument exagérément utilisé, selon lequel François Hollande devrait s'inspirer des réformes Schröder – il n'y a pas de "modèle allemand" qu'on puisse copier – il semble impératif de ne pas regarder les sondages, mais de maintenir le cap. Si le président français fait preuve de sa volonté de s'attaquer aux problèmes, sa cote de popularité pourrait grimper de nouveau.

Propos recueillis par Alexandre Devecchio

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