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Aménagement des voies sur berge : la mairie de Paris feint d’ignorer la gifle qu’elle vient de recevoir
©Reuters

Aqualand

L'équipe d'Anne Hidalgo va rééxaminer son plan d'aménagement de la Seine. La maire devrait probablement abandonner certains projets du fait d'une grogne généralisée.

Serge  Federbusch

Serge Federbusch

Serge Federbusch est président du Parti des Libertés, élu conseiller du 10 ème arrondissement de Paris en 2008 et fondateur de Delanopolis, premier site indépendant d'informations en ligne sur l'actualité politique parisienne.

Il est l'auteur du livre L'Enfumeur, (Ixelles Editions, 2013) et de Français, prêts pour votre prochaine révolution ?, (Ixelles Editions, 2014).

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Atlantico : L'équipe d'Anne Hidalgo va rééxaminer son plan d'aménagement de la Seine. La maire devrait probablement abandonner certains projets du fait d'une grogne généralisée. Pourquoi faut-il éviter la densification et la marchandisation du fleuve ? Quels seraient les dangers ? 

Serge Federbusch: Il est tout à fait paradoxal qu’Anne Hidalgo ait écrit un roman-fleuve sur la reconquête des berges et leur soi-disant restitution aux Parisiens pour, au même moment, lancer des projets qui empiètent sur le cours d’un fleuve déjà traversé d’un nombre considérable de ponts.

L’explication de ce paradoxe tient à la démagogie : elle fait dans la rhétorique anti-voitures dans le premier cas et dans le festif architecturo-fluvial dans le second. Mais tout cela n’a aucune cohérence. Alors que les voies sur berges ont été créées et pensées pour fluidifier la circulation elle tente d’en faire le symbole d’un urbanisme convivial. C’est une ineptie : on ne les voit pas des quais hauts, il n’y a pas de vrai rapport à la ville, elles sont aisément inondables et guère aménageables et donc soumises aux intempéries très souvent. Cette même ineptie frappe les projets de nouveaux ponts habités, resucées incongrues des ouvrages médiévaux détruits car insalubres et dangereux. Ils ne peuvent, au vu des contraintes de la navigation fluviale qui persistera dessous, que développer peu de surfaces utiles et intéressantes.

Ces projets de construction répondent-ils selon vous à un projet cohérent ou plutôt à un impératif de valorisation foncière, de rentabilisation d'espaces "stériles" ? 

Comme ils coûtent très cher à construire, en particulier pour respecter des normes drastiques de sécurité, il faut en faire de pures concessions au secteur privé qui lui-même ne pourra s’en sortir que par une marchandisation à outrance. A moins d’en installer dans le coeur historique de Paris pour drainer une clientèle de touristes fortunés, tout cela n’a aucune logique rentable.

Avec ces projets, le risque n'est-il pas de voir la Seine devenir la propriété de consommateurs et non plus de simples piétons désireux de jouir d'un espace public unique ? 

La Seine à Paris est le joujou des maires en quête de vision démagogique. Tantôt ils la déclarent propre et baignable à un horizon proche de la Saint Glinglin, tantôt ils en font un parc à thèmes, tantôt le support à des opérations mercantiles. Toutes ces initiatives aqueuses prennent vite l’eau.

Quels projets pourraient être plus cohérent sur cet espace selon vous ? 

Foutez donc la paix à ce pauvre fleuve ! Un peu de respect ! Essayons simplement de prévenir le plus possible la pollution en amont et contentons-nous d’observer les cygnes et autres gracieux volatiles revenir le coloniser. Ce qui importe en réalité est ce qui se passe plus haut. Il faut créer une vraie zone piétonne allant des voies sur berges jusqu’à la rue de Rivoli mais nous ne pourrons le faire qu’à la condition d’avoir au préalable créé un réseau nouveau de tunnels souterrains et de parkings qui permettront de traverser Paris sans avoir à subir des embouteillages ou de quitter son véhicule pour le troquer contre des transports en commun propres et efficaces. Aimer Paris, l’association que j’ai l’honneur de présider, travaille à ces questions en vue des élections municipales de 2020.

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