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Alertes "aux tueurs de villes" : une étude menée en Antarctique nous apprend le taux réel de météorites qui bombardent la terre
©DR

Nouvelle étude

Une équipe de scientifiques britanniques en Antarctique a fourni une nouvelle estimation de la quantité de roche spatiale tombant sur Terre chaque année. Cette estimation donnerait une bonne idée de la quantité générale de débris rocheux en provenance de l'espace.

Olivier Sanguy

Olivier Sanguy

Olivier Sanguy est spécialiste de l’astronautique et rédacteur en chef du site d’actualités spatiales de la Cité de l’espace à Toulouse.

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Atlantico.fr : À quelle fréquence des météorites s'abattent-elles sur la Terre ? Pourquoi sont-elles mesurées en Antarctique ?

Olivier Sanguy : Pour la fréquence, la réponse la plus exacte est : en permanence ! La Terre est en effet en permanence «bombardée», mais fort heureusement il s’agit en très grande majorité d’objets de petite taille. Cela va de la poussière (par exemple de comète) au «caillou». On estime que tout objet de moins de 7 m de large environ se consume quasi intégralement dans l’atmosphère. L’estimation classique est de 20.000 chutes par an. Ce qui arrive au sol consiste alors en des petits fragments appelés météorites. Scientifiquement, elles sont très importantes, car elles permettent d’étudier les objets dont elles sont issues. Par exemple, on a commencé à se pencher sur les astéroïdes en examinant en laboratoire les météorites qui sont des restes de ceux qui ont brûlé dans notre atmosphère. Or les astéroïdes sont les «laissés pour compte» de la période de formation des planètes au tout début de notre Système solaire il y a 4,5 milliards d’années. L’étude de ces météorites est donc une fenêtre ouverte sur le passé et l’origine de la Terre. Toutefois, ce n’est pas parfait puisque la chaleur de la rentrée altère ces météorites, ce qui explique l’intérêt complémentaire des missions de retour d’échantillons d’astéroïde comme Hayabusa 2 (Japon) et OSIRIS-REx (États-Unis) qui se déroulent en ce moment.

Pour l’Antarctique, le facteur essentiel est la facilité, en dépit des conditions très rudes de cette région. On cherche en effet des «petits cailloux», généralement sombres, et on comprend qu’on les repère mieux visuellement sur de la neige et de la glace ! Le climat garantit aussi une meilleure conversation que pour des météorites trouvées dans des déserts chauds qui peuvent être altérées si on les déniche bien après leur arrivée. Un article du CNRS de 2017 explique que si les zones désertiques sont logiquement favorisées pour la recherche de météorites, l’Antarctique s’avère être la région la plus «productive». Ce texte précise que sur les 57 000 météorites répertoriées par les scientifiques, 34 000 viennent de l’Antarctique ! On applique ensuite une extrapolation pour en déduire ce que notre planète reçoit chaque année.

Les chutes de météorites ont-elles un impact sur notre environnement ?

Il s’agit avant tout d’une question de taille. En 2013, le météore de 15 à 17 m qui s’est désagrégé au-dessus de la ville russe de Tcheliabinsk a rappelé que le danger représenté par les astéroïdes n’était pas seulement celui d’une extinction globale due à un gros impacteur de 1 km ou plus. À Tcheliabinsk, l’onde de choc a provoqué des dégâts au sol, essentiellement la destruction de nombreuses vitres et même l’effondrement d’un toit. Il en a résulté un millier de blessés. Aujourd’hui, les agences spatiales ne s’occupent pas seulement de dresser la liste des gros impacteurs potentiels (pour les 1 km et au-delà on est à plus de 93 % du potentiel détecté et aucun ne nous menace), mais aussi de détecter de plus petits qui restent éventuellement dangereux, notamment ceux qu’on appelle city-killers. Ces objets autour de la taille des 100 m peuvent potentiellement raser une ville. Une chute dans l’océan ne signifie pas forcément qu’on a évité une catastrophe, car il ne faut pas oublier le tsunami qui peut en résulter (et dont l’importance dépend là aussi de la taille de l’objet).

Devons-nous nous en protéger ? À partir de quel diamètre une météorite est-elle dangereuse pour notre planète ?

Pour le diamètre, ou plutôt la taille, car ces objets ne sont pas forcément sphériques, on vient de voir que le danger n’est pas forcément à chercher du côté des gros impacteurs de 1 km et plus comme celui qui a causé l’extinction des dinosaures (en simplifiant, car l’extinction massive qui en a suivi n’est pas uniquement le fait de l’impact en lui-même, mais des conséquences environnementales qui ont suivi). Au-delà de 7 à 10 m, l’objet arrive au sol et même s’il se désagrège en grande partie dans l’atmosphère, l’onde de choc peut avoir des effets notables. C’est l’exemple de Tcheliabinsk. Au-delà, on risque des catastrophes de plus en plus grandes, ce sont les city-killers par exemple (objets de la classe des 100 m). Le problème est que plus un astéroïde est petit et plus il est difficile à repérer à l’avance. Certains qui ont des tailles suffisamment importantes pour raser une ville ont ainsi été détectés après leur passage au plus près de la Terre ! La bonne nouvelle, c’est que le risque, même s’il est très faible dans son occurence (rassurons-nous quand même !), est désormais considéré comme sérieux en raison de son potentiel de destruction. La tendance est donc double. D’un côté, on travaille sur des concepts de missions spatiales afin d’être capable à l’avenir de détourner un astéroïde menaçant. De l’autre, on cherche à augmenter nos capacités à les détecter (y compris les «city-killers») avec des observatoires automatiques plus performants. Ce sont des télescopes qui balayent le ciel et dont les données sont analysées par ordinateur. La logique est simple : ça ne sert à rien de savoir modifier la trajectoire d’un astéroïde qui pourrait nous percuter si on n’a pas été capable de le repérer avant. Plusieurs agences spatiales travaillent dans ce sens, notamment la NASA et l’Agence Spatiale Européenne (ESA).

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