Alerte nouveau virus : mais d’où vient cette étrange grippe qui submerge les hôpitaux italiens ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Une équipe de soignant pendant la période Covid, photo d'illustration AFP
Une équipe de soignant pendant la période Covid, photo d'illustration AFP
©STR / AFP

Covid, le retour ?

Covid-19, grippe... La période des fêtes compte son lot de maladies désormais devenues habituelles. Pourtant, d'après certains épidémiologistes, la situation actuelle en Italie a de quoi interpeller et peut-être même inquiéter. Explications.

Antoine Flahault

Antoine Flahault

 Antoine Flahault, est médecin, épidémiologiste, professeur de santé publique, directeur de l’Institut de Santé Globale, à la Faculté de Médecine de l’Université de Genève. Il a fondé et dirigé l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique (Rennes, France), a été co-directeur du Centre Virchow-Villermé à la Faculté de Médecine de l’Université de Paris, à l’Hôtel-Dieu. Il est membre correspondant de l’Académie Nationale de Médecine. 

 

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Atlantico : Les hôpitaux italiens sous tension face à une nouvelle vague de covid 19, accompagnée d'une explosion des cas d'une drôle de grippe. Les scientifiques italiens semblent déconcertés. Selon l'épidémiologiste Eric Feigl-Ding qui s'est exprimé sur X, "quelque chose de très étrange se produit en Italie". Quelle est la situation exacte en Italie ?

Antoine Flahault : Il règne une certaine tension hospitalière dans le sud de l’Europe, en Italie et dans certaines villes d’Espagne qui est liée à la conjonction d’une épidémie de grippe saisonnière et la survenue d’une vague de Covid due au variant JN.1 d’Omicron qui frappe de nombreux pays dans le monde, le Canada, les USA, l’Australie aussi. Ces épidémies surviennent par ailleurs à une période de l’année où de nombreux personnels manquent soit parce qu’ils sont en congés de Noël, soit parce qu’ils sont eux aussi malades de ces virus, sans parler des gastro-entérites qui se propagent à la même période.

D'où vient cette étrange grippe qui submerge les hôpitaux italiens ? A-t-on une idée ?

On ne devrait probablement pas avoir à s’habituer à ces phénomènes mais ils n’ont rien d'inattendu dans le sens où ils ne sont pas liés à un virus nouveau où émergent. La grippe est due à des souches saisonnières prévues et les vagues de Covid reviennent tous les trois à six mois depuis quatre ans désormais. Les vaccins protègent contre leurs formes graves, lorsqu’ils ont été administrés cependant. Or l’Europe, à part le Royaume-Uni, a boudé ces rappels vaccinaux cet automne.

Cette nouvelle vague de maladie a démarré dans la région épicentre de la crise du Covid 19 dans le pays début 2020. Rapidement, elle s'est propagée dans les hôpitaux de Rome, Turin ou encore Milan. Faut-il s'en inquiéter ?

Chaque année la grippe et le VRS se propagent en hiver. Les personnes âgées, surtout si elles ne sont pas vaccinées, peuvent s’en inquiéter, comme elles peuvent s’inquiéter aussi du Covid en toutes saisons, car ces virus respiratoires fauchent des vies, font décompenser des comorbidités graves chez les personnes à l’état de santé précaire et conduisent à l’hôpital certaines d’entre elles. Dix pourcents des infectés de tous âges font des formes persistantes, appelées Covid longs, parfois très invalidantes et plus fréquentes après plusieurs réinfections.

Malheureusement, les pouvoirs publics ne semblent pas avoir tiré toutes les leçons précieuses que la pandémie de Covid nous a données. On sait en effet aujourd’hui que les virus de la grippe, du Covid ou de la bronchiolite ainsi que les bactéries respiratoires comme le mycoplasme pneumoniae ou le bacille de la tuberculose, se propagent quasiment exclusivement par voie aérosol. Ces agents infectieux lorsqu’ils sont présents dans notre gorge contaminent en effet les aérosols de notre respiration, et flottent pendant plusieurs minutes voire plusieurs heures dans l’air des pièces mal ventilées. C’est là où nous propageons ces maladies. On pense que l’on pourrait considérablement réduire le fardeau dû à ces germes, notamment l’hiver lorsqu’ils s’additionnent les uns les autres à la faveur du relatif confinement que nous vivons en lieux clos lorsque nous sommes nombreux à nous retrouver en forte promiscuité. Pour cela, il faudrait mieux ventiler ces lieux clos où nous vivons et cela inclut nos lieux de travail, de loisir, notre domicile et les transports publics. Il faudrait y mesurer en continu la qualité de l’air intérieur. Il faudrait maintenir une concentration de CO2 toujours inférieure à 800ppm, indicatrice d’une pièce bien ventilée. Il conviendrait de pousser la ventilation lorsque la concentration de CO2 dépasse 800ppm et mettre des masques de type FFP2 tant que cette concentration de CO2 reste trop élevée. Couplée à la vaccination des personnes fragiles et âgées et des femmes enceintes, une ventilation adéquate et le port de masques FFP2 tant que la concentration de CO2 est élevée, pourraient considérablement réduire la pression sur les hôpitaux, mais aussi l’absentéisme scolaire et professionnel qui s’associe aux épidémies de virus et bactéries respiratoires. Les gains attendus en termes sanitaires mais aussi socio-économiques seraient considérables. Dans quelques années nous serons effarés de la désinvolture avec laquelle nous traitions ces maladies respiratoires que l’on appelle banales mais qui engorgent les hôpitaux, tuent prématurément de nombreuses personnes chaque année, obèrent des semaines de scolarité et font tousser l’économie des pays même parmi les plus riches et les plus développés de la planète.

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